Les déchets en plastique constituent l’une des plaies modernes dans les communautés burkinabè. Ils s’accumulent dans les décharges, le long des trottoirs et des rues. Conscient de ce fait, le superviseur de l’entreprise Keïta Ahmed (EKA), située à Yagma, un quartier de Ouagadougou, Moussa Ouédraogo nous a confié, ce mercredi 26 août 2020, que l’entreprise se donne pour mission d’améliorer le cadre de vie des habitants, valoriser les déchets en plastiques et créer des emplois durables par la collecte et traitement des déchets plastiques.
Nous sommes allés à leur rencontre avec une première interrogation : comment se fait le traitement ou la valorisation des déchets plastiques dans l’entreprise Keïta Ahmed (EKA) ?
En réponse à cette question, le superviseur de l’entreprise Keïta Ahmed (EKA), Moussa Ouédraogo, explique que le traitement des déchets plastiques passe par plusieurs étapes. En effet, dans le site se trouve un dépotoir où sont stockés les déchets plastiques provenant des quatre coins du Burkina Faso.
- Les travailleurs en train de découper les déchets plastiques
A leur arrivée dans le centre de tri, les déchets plastiques sont séparés selon leur composition. Ensuite, ils sont compactés et découpés selon l’épaisseur du plastique, puis broyés dans une machine pour obtenir des granulés plastiques. Ces granulés plastiques vont subir une opération de tamisage pour faire partir la poudre. Apres le tamisage, vient le lavage et le séchage des granulés plastiques. Enfin, ils sont conditionnés dans des sacs de 100 kilogrammes pour être transportés dans les industries de transformations nationales (FASOPLAST) et internationales (Ghana, Côte d’Ivoire, la France, etc.).
- Cette machine sert à broyer les déchets
« Grâce à elle, nous parvenons à nourrir nos familles… »
L’entreprise EKA est spécialisée dans le traitement des déchets plastiques. Elle possède trois sites au total dans les quartiers Tampouy, Yagma et Yimdi. L’objectif de la création de cette entreprise est de lutter contre la pollution de l’environnent en assainissant les cadres de vie de la population, de lutter ensuite contre le chômage en créant des emplois durables à certaines couches vulnérables des populations et de redonner vie aux objets plastiques usés, nous explique Moussa Ouédraogo.
Selon le superviseur d’EKA, plus de 300 personnes gagnent leur pain quotidien dans cette entreprise. « Parmi ces personnes figurent des élèves et étudiants, qui pendant les vacances viennent travailler pour pouvoir payer leur scolarité », a laissé entendre Moussa Ouédraogo.
- Photo du superviseur d’EKA, Moussa Ouédraogo
En plus de ces écoliers, même les autres travailleurs arrivent à tirer leur épingle du jeu. Pour la représente des travailleurs d’EKA, Sanata Zon, la création de cette entreprise les aide énormément. « Grâce à elle, nous parvenons à nourrir nos familles, à payer leur scolarité et à les soigner quand ils sont malades », confie-t-elle. Elle souhaite, par ailleurs, que l’entreprise prospère davantage afin que ceux qui y travaillent aussi gagnent davantage.
- Après avoir lavé les déchets plastiques,
« Ces mêmes produits nous reviennent très chers »
A EKA, tout ne roule pas sur des roulettes. En effet, les promoteurs disent connaître des difficultés financières. « Nous sommes confrontés à un problème de financement de la part de nos autorités et partenaires. Nous travaillons sur fonds propre, ce qui fait que nous ne sommes toujours pas arrivés à la phase de recyclage de nos déchets plastiques », nous informe Moussa Ouédraogo.
De son avis, en plus de l’accompagnement technique des agents de l’environnement, le gouvernement et toutes les personnes de bonne volonté peuvent les soutenir financièrement pour que le site de recyclage de Yimdi puisse répondre aux attentes, c’est-à-dire traiter les déchets plastiques au Burkina et les recyclés sur place. Cela permettra aux citoyens d’avoir les produits finaux à des prix abordables.
- ils sont séchés
« Nous effectuons le gros travail que nous transportons à l’étranger à un prix dérisoire et après fabrication, ces mêmes produits nous reviennent très chers », souligne-t-il.
En rappel, l’entreprise Keita Ahmed (EKA) porte le nom du promoteur. Elle a été créée en 2002 et emploi plus de 300 personnes (femmes et hommes). Elle produit environ 21 tonnes de granulés plastiques par semaine. Elle a un chiffre d’affaire annuel de près de 100 millions francs CFA, selon les responsables.
Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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