Les frontières burkinabè avaient été fermées à cause de la pandémie du coronavirus. La situation ayant commencé à s’améliorer, les pays de la CEDEAO, dont le Burkina, ont décidé de rouvrir leurs frontières aériennes. Les compagnies de transport, les activités touristiques, d’hôtellerie et connexes ont l’espoir de reprendre de plus belle. Mais c’est sans compter sur le mode de fonctionnement que la pandémie va continuer à imposer au monde, ralentissant plusieurs activités dont celles des compagnies aériennes. Nous avons effectué un tour chez certaines compagnies pour constater leur quotidien après la reprise des vols. La situation est loin d’être reluisante.
A Ethiopian Airlines, qui fait plusieurs destinations à travers le monde, il n’y a pas d’affluence. Manish Kumar Jangid, le chef d’agence, confie qu’il y a entre 10 et 15 passagers par vol. Même si les gains sont négligeables, il n’y a pas de pertes en tant que telles, selon lui. Il explique que ce qui pose problème, ce sont les conditions que chaque pays pose dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19.
Certains exigent la présentation des résultats du test de Covid-19 datant d’au plus 72 heures, et le confinement d’au moins deux semaines avant de vous laisser accéder à leurs villes. « C’est ce qui pose un petit frein au mouvement des populations vers l’extérieur, qui s’opère que par nécessité », estime-t-il. Pour lui, il n’y a pas d’autres impacts de la maladie à coronavirus sur leur compagnie de transport. Parce que, explique-t-il, même si la situation n’est pas encore reluisante, elle est préférable à la période de fermeture complète, qui imposait aux compagnies des charges de diverses natures.
Chez d’autres compagnies, ce n’est pas non plus la période des vaches grasses. C’est le cas chez Bruxelles Airlines qui a décidé de fermer définitivement ses portes au Burkina Faso. Cette décision, qu’elle a portée à la connaissance de la presse, sans en donner les raisons, est peut-être liée aux effets du Covid-19 sur les activités de cette compagnie. Tout compte fait, il ne sera plus question de Bruxelles Airlines au Burkina Faso. Même si nous n’avons eu personne pour nous entretenir sur cette compagnie, des questions taraudent l’esprit. Que deviennent les employés de Bruxelles Airlines au Burkina, et comment combler le vide que la compagnie laisse ? Quelles sont les raisons exactes de cette fermeture ? Autant d’interrogations qui n’écartent pas le postulat des effets du Covid-19 sur le secteur du transport aérien.
Dans une publication, le 25 août 2020, Financial Afrik écrivait : « Frappée de plein fouet par le coronavirus, la compagnie aérienne Kenya Airways a engagé une réduction drastique de ses effectifs… Ainsi, le Tribunal du travail s’est accordé, mardi 25 août, un nouveau délai pour statuer sur le sort des 414 pilotes de la compagnie aérienne… ». Cette publication fait suite à la décision de la troisième compagnie aérienne d’Afrique subsaharienne, de limoger des pilotes, suite à une crise financière difficile exacerbée par le Covid-19. Cela démontre avec précision, les difficultés que peuvent traverser les compagnies aériennes de transport qui, pour la plupart, espèrent des mesures d’accompagnement.
A Air Sénégal, apprend-on, il n’y a eu aucun appui pour favoriser la résilience face aux effets du Covid-19. Pourtant, les conséquences de la pandémie sont légion dans cette sphère, selon les agents de permanence de cette compagnie. Ici, aucune date précise de reprise des vols n’a encore été communiquée. « Nous n’avons pas encore repris, donc nous ne pouvons pas encore parler de quotidien à Air Sénégal Ouaga, sinon que préciser que c’est la même routine que sous le Covid-19 », déclare Séraphin Soulama, un conseiller à la compagnie. Il dit ignorer jusqu’à présent la date butoir pour la reprise des vols de la compagnie. Air Sénégal effectuait des vols Ouagadougou-Bamako et Bamako-Ouagadougou tous les mercredis, vendredis et dimanches, à raison de deux vols par jour de départ.
- La permanence à Air Sénégal
D’autres exemples témoignent du redémarrage difficile dans le secteur du transport aérien. A Air France, nous apprend-on, « le directeur et le directeur général adjoint sont en congés pour reprendre à partir de septembre ». Quant à Air Algérie, ses portes sont hermétiquement fermées. Sur un tableau d’affichage, on pouvait lire ceci : « La délégation Air Algérie informe sa clientèle que suite à la pandémie de Covid-19, tous les vols Ouagadougou-Alger sont annulés du 1er au 25 août 2020. Par ailleurs, la délégation Air Algérie informe son aimable clientèle (selon les consignes de la direction générale) de la fermeture de ladite délégation et agence du 1er au 31 août 2020, afin de lutter efficacement contre la propagation de la maladie ». A ASKY, ainsi qu’à Ethiopian Airlines, les agents travaillent une demi-journée, du fait du manque d’affluence.
- L’agence de Air Algérie, fermée jusqu’au 1er septembre 2020
Mais que peuvent faire des Etats qui ont manqué de moyens pour confiner leurs populations sous le Covid-19, face aux besoins importants comme ceux des compagnies aériennes ? Les systèmes monétaire et financier peuvent-ils venir en aide à ces compagnies par des appuis spécifiques au secteur ? La question mérite réflexion, pour bon nombre de personnes que nous avons pu rencontrer.
Etienne Lankoandé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents