Scandale des 300 ambulances, Adama Kanazoé et les 30 millions de FCFA, fraudes à l’enrôlement des électeurs, échec du programme « 40 000 logements sociaux » et diffusion de fausses informations sur les leaders de l’Opposition sont, là, les sujets scrutés ce mardi 30 juin 2020 par le Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF) à l’occasion de sa conférence de presse hebdomadaire.
Pour cette semaine, la tache est revenue au président de l’Union pour la renaissance démocratique/Mouvement sankariste (URD/MS), Alphonse Ouédraogo, et à celui du Parti des militants pour le peuple (PMP), Abdoulaye Arba, de porter la voix de l’institution.
Sur le premier sujet, à savoir les ambulances remises par le président Roch Kaboré dans l’exécution de son programme quinquennal, le CFOP-BF, s’appuyant sur la dernière parution du journal Courrier confidentiel qui révèle l’implication de ministres dans l’attribution du marché, invite l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) à engager des procédures contre tous ceux impliqués dans ce « scandale flagrant ».
« L’Opposition politique dénonce, là, une escroquerie politique orchestrée par le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir) et ses alliés à travers le Gouvernement. N’ayant aucun bilan à présenter, le régime du MPP ne peut que louer des ambulances pour battre campagne. La gouvernance de ce pays est vraiment malade et a besoin de soins d’urgence. Plus grave, le journal « Le Courrier confidentiel » dans sa dernière parution, a révélé que les 300 ambulances ont été commandées dans un marché PPP, en crédit-bail auprès de Fidelis Finances, Raynal Assurance et Diacfa, exactement les mêmes acteurs impliqués dans le scandale d’acquisition de 77 véhicules par la Mairie de Ouagadougou. En termes simples, le pouvoir du MPP n’a fait que louer des ambulances à un coût très élevé, et les honnêtes citoyens vont saigner pour rembourser plus de 14 milliards de francs, avant que les ambulances ne soient la propriété de l’Etat. Pour l’instant, les ambulances appartiennent à Fidelis Finances. Au total, lit-on, une surfacturation de plus de 5 milliards de Francs a été faite. Par ailleurs, les ministres Oumarou Idani (encore lui) et Alpha BARRY, sans oublier le Maire Armand-Pierre Beouindé, sont actionnaires dans les sociétés attributaires du marché », étaye Alphonse Ouédraogo, président de l’URD/MS, livrant la déclaration liminaire.
Pour le CFOP-BF, les cadres du MPP « viennent une fois de plus de perpétrer un acte de terrorisme économique, dans un contexte où les maigres ressources » devraient être utilisées pour mieux équiper les forces de défense et de sécurité sur le champ de bataille, et pour les autres actions de développement.
Au sujet de ce qu’ils ont appelé « Adama Kanazoé et les 30 millions de FCFA », les conférenciers ont indiqué que dans un enregistrement audio rendu public la veille (lundi, 29 juin), l’on entend une personne présentée comme Adama Kanazoé, Conseiller spécial du Président du Faso, s’entretenir avec un homme d’affaires du nom de Sayouba, sur le partage de millions suite à un marché.
« Il faut que tu me donnes 30 millions, c’est un minimum », citent les conférenciers dans la déclaration.
« A écouter la conversation, il s’agit d’un marché de pistes rurales dans la région du Centre-nord, obtenu grâce à des manœuvres illégales du nommé Kanazoé.
Dans le même audio, le conseiller spécial qui se réclame jeune et prône un changement générationnel, souhaite que l’homme d’affaires le soutienne pour qu’il puisse à l’avenir lui octroyer un marché de 20 milliards. Quelle vision de la politique, de la part d’un jeune !
Au regard de ce nouveau scandale qui vient une fois de plus montrer le pillage à grande échelle des maigres ressources du Burkina, l’Opposition demande à la justice burkinabè de s’autosaisir comme dans l’affaire du magistrat Narcisse Sawadogo, en procédant à l’arrestation et au jugement de M. Adama Kanazoé et de son complice Sayouba pour corruption, concussion et enrichissement illicite », ont-ils situé.
Le CFOP-BF demande une vraie enquête pour remonter à la source de la corruption qui trône au ministère des infrastructures, et qui travaille au détournement de plusieurs milliards de francs par an depuis l’accession au pouvoir du MPP, expriment-ils.
Sur tout autre sujet, les mandataires du CFOP-BF ont dénoncé des actes frauduleux dans le cadre de la révision du fichier électoral en cours.
« Des cadres de la Majorité ont tenté d’organiser des fraudes à Ziniaré, à Boussé et à Bobo-Dioulasso. La vigilance de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) et des citoyens a permis de mettre la main sur les délinquants. Mais, le MPP et ses alliés n’ont toujours pas renoncé à leur volonté de tricher aux élections. Ainsi, depuis samedi dernier dans l’arrondissement N°4 de Ouagadougou, des équipes de « faiseurs de CNIB (Carte nationale d‘identité burkinabè) » accompagnés des délégués MPP s’installent dans des centres d’enrôlement de la CENI, et reçoivent des personnes venues en masse et même convoyées par des cars ou des bus de la SOTRACO pour établir des cartes d’identités gratuitement.
Ce, au détriment des résidents de l’arrondissement, car ils disent que c’est le ministère de la femme qui envoie ces personnes. Nos représentants sur place ont interpelé la Commission électorale indépendante d’arrondissement (CEIA) et la Gendarmerie qui sont venues juste constater les faits, sans rien faire. Au retrait de ces CNIB, ces personnes de provenance douteuse s’enrôlent en même temps dans les centres.
Des pressions sont exercées sur la Gendarmerie pour laisser passer cette forfaiture organisée par le ministère de la femme », ont-ils révélé.
Ils invitent donc ici, la CENI et la Justice, à traiter « cette affaire sensible avec diligence et impartialité » pour éviter une prévisible crise due à cette fraude à ciel ouvert.
Toujours sur le déroulement de l’enrôlement, le CFOP-BF dit « constater avec amertume », la vétusté des kits d’enrôlement déployés dans plusieurs provinces telles que le Soum, le Passoré et l’Oudalan. D’où son invite à la CENI à corriger diligemment « ce problème récurrent » pour permettre aux citoyens d’obtenir leur carte d’électeur sans d’interminables attentes.
« Mardi dernier, le secrétariat Permanent de la Politique nationale de logements (SP/PNL) et le Centre de gestion des cités (CEGECI) ont fait le bilan de la mobilisation foncière et de la construction des logements sociaux. Il ressort que sur les 40.000 logements sociaux et économiques promis par le Président Roch KABORE, seulement 5.164 ont été réalisés dans huit villes.
Ce chiffre prend en compte les cités du 11 décembre. C’est un échec sans précédent, et le MPP devrait avoir honte de brandir un si maigre bilan. Encore que pour ce même programme, en 2017, ce régime avait escroqué plus de 280 millions à 140.000 souscripteurs qui avaient payé chacun 2000 Francs dans l’espoir d’être éligibles.
- Alphonse Ouédraogo (au micro) et Abdoulaye Arba
Durant les 5 ans, les caciques du pouvoir ont multiplié la création de sociétés immobilières prête-noms, le pillage de terres dans presque toutes les villes du Burkina, et le blanchiment d’argent qui va avec. La presse, notamment le journal « Le Reporter », est revenue maintes fois sur ces pillages fonciers. Tout le monde consent à dire que l’habitat et le foncier sont une bombe à retardement pour notre pays. Pour notre malheur à tous, le MPP et ses alliés sont venus augmenter la capacité de cette bombe, et programmé son explosion imminente. Tout cela, pour des intérêts purement égoïstes », ont reconstitué les porte-paroles du CFOP-BF sur ce point relatif au programme logements du président Roch Kaboré.
Pour leur dernier sujet, les conférenciers sont revenus sur ce qu’ils ont appelé « propagation de fausses informations » contre plusieurs des leaders de l’Opposition par des individus mal intentionnés via les réseaux sociaux.
« La principale page Facebook qui véhicule ses infox se donne pour mission la promotion de la candidature de Roch Marc Christian Kaboré à la prochaine présidentielle. Autrement dit, ce sont des officines politiques du pouvoir en place qui fabriquent et diffusent ces mensonges grossiers. L’Opposition politique voudrait prendre l’opinion nationale à témoin : Comme le MPP et ses alliés savent qu’ils ont fait sombrer le Burkina Faso par leur incompétence, ils tacheront de salir toute la classe politique, notamment l’Opposition », s’insurge Alphonse Ouédraogo, principal intervenant à la conférence.
Le CFOP-BF appelle les Burkinabè à être vigilants, « pour ne pas tomber dans ces pièges d’un pouvoir moribond qui s’accroche à tout pour se maintenir ».
Bien au-delà, il lance une invite aux citoyens « à se débarrasser du MPP » le 22 novembre 2020 (date retenue pour les élections présidentielle et législatives). « C’est une question de survie nationale, et de devoir envers les prochaines générations que ce régime a fini d’endetter et d’appauvrir », concluent les conférenciers.
O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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