Les conseillers municipaux de l’opposition étaient face à la presse ce 25 juin 2020 à Ouagadougou, pour dénoncer la gestion de la commune de Ouagadougou par le bourgmestre Armand Béouindé. Devant les journalistes, les conseillers sont revenus sur la « chienlit » constatée à la session ordinaire du 22 juin dernier. Ils ont aussi évoqué l’affaire des 77 véhicules et la hausse du prix de location des espaces dans la commune. Pour sortir la commune de cette impasse, les conseillers de l’opposition exigent la démission du maire Armand Béouindé.
La conférence de presse a été animée par Nathanaël Ouédraogo, 3e adjoint au maire de la commune de Ouagadougou ; Alban Raogo Zoungrana, président du groupe municipal UPC (Union pour le progrès et le changement) ; et Constant Ouédraogo, président du groupe municipal CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès).
De leur déclaration liminaire, on retient qu’après avoir tenté de passer en force pour valider la malversation dont il s’est rendu coupable dans l’affaire de la location de 77 véhicules à hauteur de 4 milliards 600 millions de F CFA, le maire Armand Béouindé a convoqué une session restreinte du conseil municipal pour l’adoption de son compte de gestion et de son compte administratif. Ce, en vue de les faire valider par la commission finances. Cette session convoquée pour le 10 juin a été contestée par l’opposition municipale à travers une lettre de demande de report. Ce qui a conduit au report de la session au 22 juin 2020.
- Des journalistes lors de la rencontre
Ainsi, poursuivent les conférenciers, dans la matinée du 22 juin, au Palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre-Guingané, les conseillers de l’opposition, à leur arrivée, ont observé un dispositif sécuritaire énorme. Ces conseillers de l’opposition, accompagnés par des citoyens mobilisés, se sont vu refuser l’accès à la salle de délibération par les forces de l’ordre. Après des tractations, les conseillers ont eu accès à la salle. Avant le début de la session, ils ont souhaité donner un préalable, chose que le maire a refusée.
Et c’est ce qui a contraint les conseillers de l’opposition à boycotter la session. Cette session avait pour but, selon les conseillers, de faire passer la pilule des 77 véhicules. Malgré le manque de quorum nécessaire pour valider les points inscrits à l’ordre du jour, le maire a insisté pour continuer la session. Ainsi, face à la situation, les conseillers de l’opposition ont saisi un huissier pour le constat, afin de pouvoir intenter une action en justice.
- Présidium composé de Nathanaël Ouédraogo, 3eme adjoint au maire de la commune, de Alban Raogo Zougrana, président du groupe municipal UPC et de Constant Ouédraogo, président du groupe municipal CDP
Dans l’affaire des 77 véhicules, à en croire les conseillers de l’opposition, la délibération portant sur l’approbation de l’acquisition de véhicules par crédit-bail a été discuté, et des observations ont été faites. Ainsi, l’acquisition du matériel avait pour seule condition, la prise en compte des observations. Ce que le maire Armand Béouindé a ignoré. Donc, pour les conseillers de l’opposition, « il y a abus de confiance dans cette affaire et faux et usage de faux, car le maire n’a pas porté les amendements de la session avant la conclusion du contrat ». Et ils comptent se constituer plaignants dans cette affaire, dans les jours à venir.
« Les dysfonctionnements de la mairie au bout des quatre ans ont atteint leur paroxysme, et il est légitime pour nous de prendre la parole lorsqu’on nous la refuse », a martelé le 3e adjoint au maire de la commune de Ouagadougou, Nathanaël Ouédraogo.
- Le 3eme adjoint au maire de la commune de Ouagadougou, Nathanaël Ouédraogo
Concernant les loyers des boutiques, les conseillers ont indiqué que les prix ont grimpé. Par l’exemple, sur l’avenue Charles-de-Gaule, la location mensuelle est passée de 3 500 à 50 000 F CFA, et le jardin de l’aéroport de 50 000 à 300 000 F CFA. Devant cette hausse, certaines boutiques ferment ou mettent au chômage de nombreux travailleurs, ce qui constitue un manque à gagner pour la commune.
Pour le seuil de passation de la commande publique, des faits ont été dénoncés par l’opposition municipale, et les récentes révélations du journal Courrier confidentiel viennent les corroborer.
Au regard de tous ces éléments, l’opposition municipale dit avoir pris langue avec des avocats afin de saisir la justice dans les jours à venir, pour donner suite à l’affaire. Les conseillers de l’opposition exigent la démission du maire et demandent l’annulation de la session du 22 juin par le haut-commissaire du Kadiogo. En cas de refus du maire de démissionner, l’opposition municipale invite le ministre en charge de l’Administration territoriale à suspendre Armand Béouindé, en application de l’article 272 du Code général des collectivités territoriales.
O.I.
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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