Au cours d’une conférence de presse qu’elle a organisé, ce jeudi 25 juin 2020, à son siège à Ouagadougou, le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) s’est prononcé sur des dossiers judiciaires en cours dont l’affaire d’acquisition des 77 véhicules par la mairie de Ouagadougou, dans laquelle il entend se constituer partie civile. Nacanabo Sagado et son équipe disent également avoir introduit une plainte auprès du Procureur du Faso près le TGI de Ouagadougou contre le magistrat Narcisse Sawadogo et Alassane Baguian pour trafic d’influence.

Les choses sont allées vite depuis les révélations faites par le journal « Courrier confidentiel » sur l’acquisition de 77 véhicules par la mairie de Ouagadougou et les intérêts économiques qu’avait le maire Armand Béouindé dans l’acquisition de ces véhicules en crédit-bail avec la société Fidelis Finances Burkina, pour un montant de à 4,6 milliards de FCFA. Et le REN-LAC qui dit suivre « avec intérêt » cette affaire a indiqué qu’il entend se constituer partie civile. C’était au cours d’une conférence de presse animée par le secrétaire exécutif du réseau, Sagado Nacanabo, et ses proches collaborateurs, de l’information et des affaires juridiques.

S’en tenir à l’essentiel

Les récents développements de cette affaire, que le magistrat Narcisse Sawadogo et l’homme d’affaires, Alassane Baguian ont tenté d’étouffer (selon les enregistrements sonores diffusés sur les réseaux sociaux) en demandant au maire la somme de 70 millions de francs CFA, semble avoir fait oublier l’essentiel qui est l’acquisition des 77 véhicules. Qu’à cela ne tienne, le REN-LAC annonce avoir introduit une plainte auprès du Procureur du Faso près le TGI de Ouagadougou contre le Magistrat Narcisse Sawadogo et Alassane Baguian pour trafic d’influence. Pour ce qui est du maire Béouindé, le REN-LAC pense qu’il aurait dû rendre le tablier et laisser la justice faire son boulot.

Armand Béouindé, maire de la commune de Ouagadougou

La raison de l’audace du magistrat Sawadogo

Sagado Nacanabo et ses compagnons estiment que c’est l’absence de sanctions sur le plan pénal dans l’affaire des 34 magistrats épinglés par la Commission d’enquête mise en place par le Conseil supérieur de la Magistrature en 2017 qui a certainement donné le « courage et l’audace à Narcisse Sawadogo de proposer ses services au maire, afin de faire classer son dossier. Imaginez donc ce qu’il aurait fait si c’est lui-même qui était directement en charge de l’affaire », s’interroge le secrétaire exécutif du REN-LAC.

Une vue des journalistes présents à la conférence de presse

Elucidation de l’affaire Bouda, « une exigence populaire »

Comme l’on pouvait s’y attendre les conférenciers sont revenus sur le dossier de l’ancien ministre de la défense et des anciens combattants, Jean Claude Bouda, contre qui le REN-LAC avait introduit une plainte le 26 avril 2019 pour des faits de délit d’apparence, d’enrichissement illicite, de fausse déclaration d’intérêts et de patrimoine et délit d’acceptation de cadeaux indus. Cette plainte, rappelons-le, est fondée sur l’acquisition d’un patrimoine immobilier de près de 500 millions de francs CFA.

Le REN-LAC a encouragé la presse qui joue un rôle de chien de garde de la démocratie

Dans sa déclaration, le 18 juin dernier, le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance de Ouagadougou, Harouna Yoda, avait cité les charges retenues contre l’ancien ministre, actuellement écroué à la MACO : faux et usage de faux en écriture privée, de délit d’apparence et de blanchiment de capitaux. Même si les responsables du REN-LAC disent n’avoir pas été approchés par la justice depuis l’arrestation de Jean Claude Bouda, leur souhait est que l’affaire aille jusqu’au bout car « l’élucidation de ce dossier est une exigence populaire », clame Sagado Nacanabo avant de faire remarquer qu’« au-delà du ministre Bouda, le peuple attend que tous ceux qui ont fait de l’enrichissement illicite leur sport favori rendent compte ».

HFB

Lefaso.net

Source: LeFaso.net