La spirale de la violence ne faiblit pas à Tanwalbougou où de fortes odeurs d’exécutions sommaires et extrajudiciaires se font encore sentir après l’épisode des 12 trucidés de mai 2020. Deux jeunes y ont été passés aux armes le 7 juin 2020, confirmant ainsi que la bourgade est désormais une zone interdite à tout peul. Ça se passe à un jet de pierre de Fada N’gourma, chef-lieu de la province du Gourma. Cette fois ce sont les Volontaires qui sont pointés du doigt.
Barry Mikaïlou était élève en classe de 4e. Comme d’autres familles, la sienne a fui Tanwalbougou depuis plusieurs mois pour échapper à l’insécurité chronique. Il était réinscrit au Groupe scolaire Saint-Viateur, un lycée de Ouagadougou la capitale, pour la suite de son cursus. Mais le jeune est revenu dans le village le 6 juin 2020, avec Inoussa Bandé, conducteur de taxi moto à Fada. Selon nos sources, c’est le chef religieux de la localité qui l’a missionné pour aller chercher ses documents. A partir de Fada, Barry Mikaïlou embarque alors Inoussa Bandé pour qu’ils fassent chemin ensemble.
Les deux voyageurs choisiront de passer la nuit dans le village, par mesure de précaution, et repartir très tôt le matin. « Il voulait reprendre le premier car pour Ouagadougou, à partir de Fada », poursuit une source que nous avons contactée. Une précaution qui n’aura servi à rien, puisqu’ils ont été appréhendés par des civils armés. Le jeune élève sera exécuté sur place. Inoussa Bandé lui fera, le mort. Un sursis de courte durée.
Ce sont les coups de feu qui ont alerté la famille.
Quand les secours arrivent, Inoussa Bandé respire toujours. Selon notre source, c’est lui qui aurait pointé du doigt les volontaires qui les auraient par ailleurs dépouillés. C’est dans un tricycle qu’il sera transporté d’urgence vers Fada. Mais il n’y arrivera pas. « On a tout fait pour qu’il arrive à Fada pour les soins », nous explique un parent des victimes. A Bougui, moins de 10 km du chef-lieu de province, il succombera de ses blessures.
« Les deux gosses », comme les appellent notre source, ont été inhumés dans la soirée du 8 juin 20020 au cimetière de Fada, aux environs de 18h. Plus tôt dans la journée, le procureur de Fada serait passé à l’hôpital dans le cadre de cette nouvelle affaire à élucider.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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