C’est avec pour idéal d’avoir une administration publique, efficace, efficiente, au service de l’usager et de l’intérêt général, que des citoyens burkinabè ont mis en place le Mouvement patriotique des jeunes pour la défense des intérêts des usagers de l’administration. Les responsables étaient face à la presse, ce lundi, 11 mai à Ouagadougou, pour présenter l’organisation et décliner sa vocation.

Le mouvement, qui vient d’être lancé (il attend encore son récépissé), vise à faire respecter l’esprit de l’insurrection populaire. Selon les géniteurs de cette organisation de la société civile, l’idéal de l’insurrection populaire ne cesse d’être foulé au pied par certains membres du gouvernement et certains agents de la fonction publique.

« Contrairement à ce que certains pourraient penser, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 n’avait pas pour seul objectif d’opérer un changement de régime politique. Elle était l’expression d’un ras-le-bol généralisé, d’un désespoir collectif marqué par des décennies de pratiques malsaines qui ont hypothéqué l’avenir de la jeunesse burkinabè. Le peuple nourrissait un profond désir de changement : changement dans l’administration publique truffée de fonctionnaires pourris, paresseux, malhonnêtes et affairistes », restituent les responsables du Mouvement patriotique des jeunes pour la défense des intérêts des usagers de l’administration.

Ceux-ci disent constater que des années après ce soulèvement, les mêmes pratiques persistent dans les administrations. « Si elles n’ont pas diminué dans certains secteurs, dans bien d’autres, elles ont même pris des proportions inquiétantes », soutient Moussa Ilboudo, porte-parole de l‘organisation.

L’organisation dénonce donc la corruption et l’absence de conscience professionnelle des agents publics dans leur grande majorité, se traduisant par le non-respect des heures de travail, les absences perpétuelles, les rackets et l’extorsion de certains usagers en contrepartie d’un service rendu.

« Certains fonctionnaires burkinabè sont de plus en plus gourmands et ont mauvaises réputations. Ils sont extrêmement coûteux et peu efficaces. Pour preuve, plus de 836 milliards FCFA, soit plus de la moitié de nos recettes (1600 milliards) propres sont affectées au paiement des salaires de seulement 200 000 agents publics. Cela est inadmissible pour un pays pauvre comme le nôtre », égrènent les animateurs de la conférence, ajoutant la persistance des mouvements de grèves. Pour eux, dans une telle situation, il n’y a plus de lignes pour l’investissement et les secteurs sociaux de base.

Moussa Ilboudo, porte-parole du Mouvement à la conférence

Focus sur les magistrats !

« Certes, cela relève de leur droit, reconnu par les lois en vigueur dans notre pays, mais la victime demeure l’usager de l’administration qui en paie le lourd tribut. Nonobstant les énormes efforts consentis par nous, contribuables et usagers de l’administration publique, à travers le paiement des taxes et impôts qui servent non seulement à renflouer les caisses de l’Etat, mais aussi, à payer les fonctionnaires, nous sommes méprisés, mal traités et déconsidérés par certains agents publics ignorants qui ne savent même pas ce pour quoi ils ont été recrutés », lit-on dans la déclaration liminaire livrée par Moussa Ilboudo.

Pour leur première sortie, les porteurs du mouvement ont interpellé les magistrats sur la nécessité d’œuvrer à renforcer la confiance avec le justiciable.
« A l’endroit des magistrats, nous les exhortons à mériter la confiance de l’insurrection populaire et également leur statut. Votre rôle est de faire la lumière sur les crimes économiques et les crimes de sang qui ont lieu dans notre pays.

Cependant, au vu des récents évènements qui ont émaillé l’actualité du pays, l’appareil judiciaire travaille à fragiliser l’autorité de l’Etat. Ce qui est aux antipodes de la fonction judiciaire et du rôle qu’incarne le juge. Cette manière d’utiliser la plus grande célérité jamais égalée pour traiter votre propre dossier laisse à désirer et peut être qualifiée de favoritisme.

Il s’agit-là d’un abus d’autorité. Il aurait été opportun et juste que vous dégagez cette même célérité pour défendre non seulement les autres agents publics qui ont subi les mêmes coupures de salaires, mais également pour traiter les nombreux dossiers en souffrance dans vos tiroirs », ont-ils interpellé.

Partant de son diagnostic de la situation, le mouvement invite l’autorité à prendre ses responsabilités face à ces fonctionnaires qui ne respectent pas leurs obligations. Il lance également un appel aux usagers à signaler tout comportement irresponsable d’agents publics en déphasage avec la déontologie administrative.

C’est dans le même souci qu’il appelle à une dépolitisation de l’administration et au combat contre le népotisme. Aussi recommande-t-il à l’autorité, le respect de ses propres engagements et de la parole donnée.

En outre, les responsables envisagent, au cas où certaines pratiques persisteraient, d’ « introduire une pétition à l’effet de relire le statut des magistrats, car comme le disait un juriste bien averti, l’indépendance totale et l’impartialité des juges ne sont pas destinés au confort personnel des magistrats ».

Le Mouvement patriotique des jeunes pour la défense des intérêts des usagers de l’administration qui annonce des actions dans la poursuite de son objectif, a saisi le cadre pour exhorter les populations au respect des mesures contre le COVID-19.

O.H.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net