Plongée dans l’insécurité, la ville de Djibo (province du Soum) vit une forme de quarantaine depuis fin mars. Des individus non-identifiés interdisent le ravitaillement de la ville en vivres et autres produits de première nécessité. Ce lundi 20 avril 2020, deux habitants de la ville ont témoigné sur le manque de produits de première nécessité. Selon eux, « rien n’entre, rien ne sort de Djibo ». Ils commencent donc à se poser des questions. Les autorités sont-elles au courant de notre situation ? Pourquoi ce silence et pourquoi on ne nous vient pas en aide ?

Voies impraticables, manque de riz, d’huile, de sucre, de lait et surtout de médicaments dans les pharmacies. Ce sont entre autres les difficultés auxquelles les Djibolais sont confrontés depuis quelques mois. Cette situation a plongé les habitants dans le désarroi.

En effet, depuis deux semaines, des individus non-identifiés ont sommé les transporteurs de ne plus ravitailler la ville de Djibo en vivres, au risque de recevoir un châtiment. Les menaces ont contraint les camions à rebrousser chemin. Tous les axes menant à Djibo sont concernés, surtout le tronçon Namsiguia-Djibo, long de 36 km. « Lorsque le camion est vide, ils le laissent passer, mais lorsqu’il est chargé, on somme le conducteur de repartir avec le chargement au risque de perdre sa vie », témoigne un de nos interlocuteurs. La ville de Djibo, qui compte plus de 130 000 déplacés internes, est ainsi privée de ravitaillement en denrées alimentaires.

Sur les routes secondaires, les individus non-identifiés interdisent de faire entrer du bois de chauffe et du fourrage pour les animaux.

Dans cette situation, le silence des autorités inquiète les habitants de Djibo. « Djibo fait-elle partie du Burkina ? », s’interroge notre témoin. Pour lui, si rien n’est fait, la ville cédera.

Pour les habitants, le gouvernement actuel portera l’entière responsabilité de leur sort si rien n’est fait pour rétablir le ravitaillement de la ville. Pour répondre à cette crise, les autorités doivent trouver les moyens pour sécuriser l’axe Djibo-Kongoussi. Sans intervention, Djibo risque d’être coupée du reste du pays. Les habitants estiment que le président du Faso a juré de défendre le territoire national et de garantir la sécurité du peuple burkinabè. Ils s’étonnent donc que dans une partie du Burkina, des individus arrivent à imposer un blocus à une ville.

Il est difficile pour eux d’admettre qu’un groupe arrive à faire un bras de fer avec un Etat sur son propre territoire. Et quoique les autorités soient au courant, il n’y a aucune réaction pour le moment. Vivement que les autorités prennent leurs responsabilités.

O.I.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net