Le Covid-19 est en train de donner du fil à retordre au gouvernement burkinabè. Chaque jour, le nombre des personnes testées positives à la maladie s’accroît. Pour barrer la route au virus, des mesures vigoureuses sont prises : fermeture des marchés, mise en quarantaine de villes touchées, fermeture des lieux de prière, suspension des transports en commun… Seulement, cela n’est pas sans conséquence. Des milliers de personnes se retrouvent sans source de revenus. Jusque-là, le gouvernement n’a pas annoncé des mesures concrètes pour accompagner ces populations impactées.

Aux grands maux, les grands remèdes. Cela, on l’a compris. Le Covid-19 n’est pas un jeu. C’est une réalité. Elle tue. Sa contagion est aussi facile. C’est donc compréhensible que des mesures drastiques soient prises. Des moyens financiers, humains, techniques et matériels sont mobilisés pour combattre l’ennemi. Seulement, le gouvernement tarde sur des aspects tout aussi importants.

Il y a quelques jours, le Conseil des ministres avait laissé entendre que les techniciens travaillent à mesurer l’impact du Covid-19 sur l’économie et la société. Depuis, silence radio. Cela donne une envie de crier à l’endroit des autorités que le lever du soleil sur les mesures d’aide et de compensation tarde.

Le coronavirus est certes dangereux. Mais, on ne peut pas entrer en hibernation pendant une longue période de chômage technique, sans préalables. Il faut bien qu’on vive. Et pour vivre, il faut des ressources. Pour qu’il y ait des ressources, beaucoup de Burkinabè gagnent leur vie au jour le jour. Il y a des professions qui sont impactées par les mesures édictées.

Ainsi, les commerçants, les conducteurs de véhicules, les artistes, les agences de voyages, l’hôtellerie… sont amochés actuellement. Sans des mesures palliatives, certaines personnes risquent de « mourir » avant d’être touchées par le Covid-19. On ne fera forcement pas de mimétisme, mais certains pays touchés comme le Burkina ont déjà pris des mesures pour sauvegarder ce qui est encore possible de l’être. Cela, parce qu’il y a forcément une vie après le Covid-19.

Il est du rôle et du devoir du gouvernement de trouver des solutions. Les décisions ne doivent pas être prises avec « vitesse et précipitation ». Cela est vrai. Mais, pour des autorités qui ne naviguent pas à vue, l’évaluation de la situation ne saurait prendre des siècles. Jusque-là, les uns et les autres suivent les consignes à leur corps défendant. Mais, à un moment donné, ils risquent d’en faire fi. Comme le dit si bien l’écrivain, « un ventre affamé n’a point d’oreilles ». Il faut bien qu’on mange.

La nourriture n’est pas la seule préoccupation. Il faut bien payer les loyers, les factures, les médicaments. Ce sont des services qu’on ne peut payer que si l’on a des ressources. Il faut se préparer donc à d’autres problèmes entre bailleurs et locataires, entre employés et employeurs, entre parents et enfants… On ne pourra certainement pas aider tout le monde comme il le souhaite. Mais, un geste, même s’il est petit, est déjà bon à prendre. Ne dit-on pas que mâcher quelque chose est toujours mieux que d’avoir la bouche vide ?

Dimitri OUEDRAOGO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net