Au moment où la maladie à coronavirus est en train de se propager au Burkina, conduisant le gouvernement à adopter des mesures drastiques pour endiguer la propagation de l’épidémie, il convient de s’interroger sur le cas des enfants en situation de rue.

Fermeture des salles de classe, suspension des manifestations publiques et des rassemblements religieux, instauration d’un couvre-feu, suspension des activités de transport et fermeture des marchés et yaars. Depuis l’enregistrement des premiers cas du coronavirus le 9 mars 2020, le Burkina ne cesse de multiplier les mesures, allant des plus simples au plus strictes, pour réduire les risques de contamination de la maladie. Cependant, au moment où les salles de classe sont fermées, les enfants ne se font pas rares dans les rues de la capitale.

Agé de 15 ans, Abdoul-Aziz Zongo, que nous avons rencontré au quartier Ouidi, travaille dans un ancien local du service des impôts, transformé en dépotoir d’ordures et de lieu de recyclage de déchets solides. « La nuit, je dors souvent ici ou devant les salles de vidéo », confie celui qui a quitté la cour familiale il y a deux ans de cela. Placé courant 2018 dans un centre pour enfants, dans le cadre de l’opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue, portée par le département en charge de l’Action sociale, le jeune Abdoul-Aziz n’a pas voulu y rester.


Difficile pourtant de lui arracher quelques mots, quand on lui demande les raisons de son départ du centre ou de la cour familiale. « Il n’y a rien, c’est moi qui voulais seulement partir », répond-il, indiquant qu’il ne souhaite plus retourner à la maison, ni dans le centre pour jeunes. Et quand on lui parle de l’épidémie à coronavirus, Abdoul-Aziz dit en avoir entendu vaguement parler.

« Il paraît que c’est contagieux », lance-t-il, avec un sourire. Des mesures de prévention aux complications de la maladie, Abdoul-Aziz n’en sait rien. Le pire, c’est qu’il est déjà exposé à des maladies en s’attelant chaque jour, sans aucune mesure de protection, à récupérer des déchets en plastique ou en fer, moyennant une rémunération.

Et que dire du cas du jeune Massawoudou ? Originaire de Tenkodogo, cet enfant de 10 ans et ses camarades, Bouba et Ali, âgés respectivement de 10 et 8 ans, venus tous deux de Fada, errent dans les rues de Ouagadougou, en quête de leur pitance quotidienne. Confiés à un maître coranique, ces « talibés » disent avoir reçu quelques conseils pour éviter de contracter une maladie. De quelle maladie s’agit-il ? Quelles sont les précautions à prendre ? Massawoudou et ses camarades se contentent de sourire. Pourtant, racontent-il, « nous sommes logés chez le maître coranique. Nous sommes une dizaine à dormir dans la même salle ».

Dans un contexte où l’épidémie du Covid-19 continue sa progression, il y a nécessité de se pencher sur cette couche vulnérable de la population, pour éviter une contamination communautaire.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net