Le colonel-major Issaka Ouattara plus connu sous le surnom « Commandant Wattao » est mort dans la nuit du dimanche 05 au lundi 06 janvier 2020 aux Etats- Unis des suites de maladie. L’homme que l’armée ivoirienne pleure aujourd’hui fut le commandant de la garde républicaine sous le président Alassane Ouattara. Il fut aussi l’un des leaders de la rébellion ivoirienne. Retour sur la vie de celui qu’on appelle « Saha Bélé-Bélé », grand serpent en malinké.
Le colonel Wattao a vu le jour en 1967. Il est originaire de la ville de Bouna. Il est incorporé dans l’armée ivoirienne dans les années 1980 comme militaire du rang. En 1990, il participe à une mutinerie de jeunes soldats. Il ne s’arrête pas là. En décembre 1999, il fait partie des jeunes militaires qui portent le général Robert Guéï au pouvoir lors d’un coup d’État. Il intègre par la suite la sécurité rapprochée de ce dernier.
En 2002, le turbulent militaire participe à une tentative de coup d’Etat contre le président Laurent Gbagbo. Après cet échec, il replie avec ses camarades sur Bouaké, dans le Nord de la Côte d’Ivoire. C’est le début de la crise Ivoirienne. Il entre ainsi en rébellion en compagnie de Guillaume Soro comme porte-parole. Il est commandant de sa propre unité. C’est l’Anaconda. La Côte d’Ivoire est maintenant divisée. Il devient commandant de zone ou « Comzones ». Il se mue alors en seigneur de guerre. Avec ces collègues rebelles, ils contrôlent l’économie du pays. Ils font du trafic de tous genres, l’or, le cacao, le café et bien d’autres richesses.
En 2011, une crise s’installe au lendemain des élections. Laurent Gbagbo revendique la victoire, Alassane Ouatara aussi. Le premier occupe le palais présidentiel. Ayant obtenu le feu de la communauté internationale, les rebelles de Bouake lancent une offensive contre Abidjan. La puissance de feu et la supériorité numérique des soldats d’Issiaka Ouattara permettent de vaincre plutôt facilement les militaires fidèles à Laurent Gbagbo le 28 mars 2011.
Il rentre à Abidjan et coordonne les opérations avec son cousin Morou Ouattara et le commandant Hervé Pélican Touré alias « Vetchio ». Ils montent ensemble l’assaut final sur la résidence de Laurent Gbagbo. Une fois l’ancien président amené à l’hôtel du Golf, Issiaka Ouattara l’aide à enfiler une chemise. Une image forte. Laurent Gbagbo est vaincu et Alassane Ouattara prend les rênes du pays. Comme récompense, il se voit confier le commandement de la garde républicaine. C’est l’unité chargée de la protection du président et des hautes personnalités. Son ascension prend un coup en 2018.
Suite aux bisbilles entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro, le commandant Wattao perd la confiance du président. Il est jugé trop proche de Guillaume Soro. Il jouit aussi de la confiance au sein de la troupe et contrôle toujours la zone de Bouaké. L’homme était aussi un fervent judoka et aimait la belle vie. Des crimes abominables avaient été aussi commis par des rebelles dont il avait la responsabilité.
Jusqu’aujourd’hui, aucune justice n’a été rendue à ces personnes. L’on se rappelle la charnière découverte dans la ville de Duekoué après un passage des rebelles. Il part donc avec une partie de la vérité de ce qui s’est passé dans la crise ivoirienne. Son décès va aussi amener à redistribuer les cartes pour le contrôle de Bouaké. Une épine de moins pour Alassane Ouattara ? Ça y ressemble !
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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