Une délégation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) s’est rendue, ce vendredi, 27 septembre 2019, au siège du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF). Les échanges entre les deux entités ont porté sur trois points précis : représentativité des femmes dans les démembrements de la CENI, disponibilisation de la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) et enrôlement des jeunes.

Selon la dynamique de la structure en charge des élections, la CENI, le processus pour l’enrôlement des électeurs démarre le 1er janvier 2020. Cette phase s’ouvre avec la mise en place des démembrements de la CENI, le 1er octobre 2019.

« Nous avons décidé, après la rencontre avec la classe politique le 9 septembre 2019, de venir, plus spécifiquement, rencontrer les mandants, et le CFOP-BF en fait partie, pour faire un plaidoyer en trois points », campe le président de la CENI, Newton Ahmed Barry.

Ainsi, sur le premier point, M. Barry a indiqué que son institution souhaite que la question-genre puisse être réglée au niveau des démembrements. « Nous avons donc plaidé auprès du CFOP-BF (qui aura à désigner dans chaque démembrement, deux personnes), qu’une des personnes, au moins, soit une femme », précise le président de la CENI.


Sur ce premier point, le premier responsable du CFOP-BF, Zéphirin Diabré, dit avoir rassuré la CENI que l’information sera passée aux représentants des partis membres et que le plaidoyer sera également mené auprès de ceux-ci pour que, dans la mesure du possible, il y ait le maximum de femmes.

Le deuxième plaidoyer, c’est la disponibilisation des CNIB (Carte nationale d’identité burkinabè). Selon Newton Ahmed Barry, s’appuyant sur les estimations de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), en 2020, il y aura plus de dix millions de Burkinabè qui seront en capacité de figurer sur la liste électorale.

« Quand vous regardez ce chiffre et le comparez avec celui de l’ONI (Office national d’Identification), qui dit qu’à ce jour, il n’y a qu’environ huit millions (de 18 ans et plus) qui ont des CNIB à jour, il y a un gap de deux millions de personnes qui ne pourraient pas s’enrôler sur le fichier électoral ; parce que n’ayant pas de CNIB. Nous sommes venus donc faire le plaidoyer auprès du CFOP-BF pour qu’effectivement aussi, il puisse voir ensemble comment on peut résoudre cette question (il reste un trimestre avant le 1er janvier) », explique le président de la CENI.


Sur ce volet également, Zéphirin Diabré et ses camarades se sont montrés favorables. « Une question plus qu’importante aujourd’hui, au regard du contexte que nous vivons. Au-delà de la question d’identité, c’est une question de sécurité. Nous avons environ deux millions de jeunes qui n’ont pas encore de CNIB et tout le monde sait que nombreux de ces jeunes-là sont au chômage et dans la précarité, ils n’arrivent pas à mobiliser les 2 500 francs nécessaires pour se faire octroyer une CNIB », acquiesce le CFOP-BF, Zéphirin Diabré.

Il faut, précise-t-il, un plaidoyer à l’endroit du gouvernement, pour qu’une action spéciale soit menée. Mieux, de son avis, pour des jeunes qui sont à leurs 18 ans et qui sont à leur première CNIB, envisager l’octroi gratuitement et une contribution de 500 francs pour les autres.

Le troisième point abordé entre les deux délégations est relatif à l’enrôlement des jeunes avec « le Plan Marshall de la CENI, intitulé : enrôle ton 18 ans ».

Poignée de mains entre les deux chefs de délégation, Newton Ahmed Barry (à gauche) et Zéphirin Diabré

« Nous avons aujourd’hui environ cinq millions d’électeurs sur le fichier électoral. Si chacun de ces électeurs sur le fichier électoral enrôle, ne serait-ce que son 18 ans, nous ne sommes pas loin du gap proposé par l’INSD », projette Newton Ahmed Barry.

Pour Zéphirin Diabré, cette dernière préoccupation a un lien avec le point précédent (disponibilisation de la CNIB). « Les jeunes sont une composante essentielle de la vie de la vie de la nation. Chaque parti composant le CFOP-BF a donc pris l’engagement de pousser le maximum de jeunes à s’enrôler. Il faut que la liste électorale reflète la sociologie du pays, ce n’est pas normal que pour un pays de 20 millions d’habitants, il n’y ait que deux ou trois millions qui partent aux élections. Ça ne nous fait pas honneur », confie le CFOP-BF, M. Diabré.

Sur toutes ces préoccupations (ainsi que sur l’ensemble du processus), la CENI dit souhaiter un accompagnement de l’ensemble des acteurs.

OL

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Source: LeFaso.net