Me Paul kéré, avocat, a pris la plume pour adresser une lettre ouverte à Léonce Koné du Congrès pour la démocratie et le progrès, dans le cadre de la guéguerre que l’on observe entre M. Koné et le président du parti, Eddie Komboigo.

Au moment même où nos forces de défense et de sécurité se battent jours et nuits, corps et âmes, au péril de leur vie pour tenir, autant que faire se peut, les positions militaires afin de garantir l’intégrité de notre territoire, les querelles byzantines personnalisées entre MM. Léonce Koné et Eddie Komboïgo apparaissent comme une « boule puante » qui empoisonne inutilement la vie d’une majorité de burkinabè lambda qui ne sont forcément pas d’ailleurs des militants du Congrès Pour le Progrès et la Démocratie (CDP) ;

Monsieur Léonce Koné en conviendra certainement puisqu’il a écrit lui-même textuellement : « J’aurais pu (et peut-être dû) me passer de répondre à votre lettre, tant elle est irresponsable et puérile. Mais il vaut mieux parfois que les choses soient dites, pour rappeler chacun à ses responsabilités. Parce que cette lettre est adressée aux membres du Bureau politique national, autant qu’à vous, je me réserve de la publier pour être sûr qu’elle soit portée à leur connaissance ».

Mais la question récurrente qui se pose avec acuité est celle de savoir si Monsieur Léonce Koné se rend suffisamment compte que ces divisions internes au sein du CDP, (dont faut-il le rappeler je ne suis ni membre, ni militant, ni membre du Bureau Politique National) matérialisées par ces petites lettres de guéguerre personnelles fragilisent l’espoir d’une alternance crédible, tant la gestion actuelle du pays par les autorités du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) est décriée à tort ou à raison par une frange du peuple burkinabè.

Dans l’hypothèse même du soutien de la candidature de son Excellence Monsieur Désiré Kadré Ouédraogo, cette posture d’imposture de Monsieur Léonce Koné ne fera pas l’affaire du Prince de Boussouma, tellement les blessures seront béantes et difficiles à refermer.

Qu’y a-t-il de « distinguées » dans les salutations de Monsieur Léonce Koné à Monsieur Eddie Komboïgo en fin de lettre ? On peut même considérer, sans grand risque de se tromper que les propos de Monsieur Léonce Koné sont désobligeants, discourtois et manifestement injurieux, équipollents à des frasques politiques de trop dont le CDP s’en passerait ; L’ampliation faite au Président d’honneur a fini de convaincre plus d’un Burkinabè que son Excellence Blaise Compaoré sera le plus peiné de ces termes outrageants, lui qui, avec des amis a créé le CDP dans un contexte d’Etat d’exception.

Finalement, l’expression plurielle ou démocratique a-t-elle encore un sens lorsque ceux-là même qui sont sensés nous prodiguer des leçons de science politique se livrent en pâture à de gros mots tels que « irresponsable et puérile », « démarche incongrue et grotesque », « carence inexcusable » « nouvelle palinodie », « comportement erratique, irréfléchi et discourtois… ». Quel « beau » spectacle pour les militants du MPP qui ne peuvent que jubiler et jouir d’une telle distribution de noms d’oiseaux ?

Vos propos comme « Vous avez le droit, comme tout militant du CDP et comme tout citoyen burkinabè, de penser que la providence vous destine à être le futur président de notre pays, dont l’avènement ouvrira une ère lumineuse pour la Nation. Vous n’avez pas le droit de penser que le CDP vous appartient et que vous pouvez l’asservir à vos lubies, en foulant aux pieds les règles qui gouvernent sa gestion.

Les militants du CDP ont fait preuve d’un surcroît de dignité, de courage et de constance au cours des dernières années, à l’inverse de vous. Vos frasques continuelles minent l’espérance qu’ils fondent dans notre parti… » Sont inutilement vexatoires et impropres d’un Grand Frère à un petit Frère, au demeurant chef d’un Parti politique que vous avez aussi dirigé…en son temps…

Cher Léonce Koné, avec tout le respect que je vous dois au nom de notre fraternité obligatoire, dois-je vous instruire si besoin en était que chaque Burkinabè, dès lors qu’il remplit les conditions constitutionnelles pour accéder à la Magistrature suprême a le droit de rêver et vous n’avez pas non plus le droit de porter atteinte à cette liberté de rêve, et encore moins le monopole de soutien de la candidature de son Excellence Monsieur Kadré Désiré Ouédraogo à la Présidence du Faso. Nombreux sont ceux-là mêmes qui soutiennent la candidature de l’enfant de Boussouma, mais en silence, dans la dignité et dans le respect des autres chefs de partis politiques de l’opposition car on ne sait jamais en cas de second tour au cas où… !

Un peu d’humilité dans vos rapports humains avec votre camarade Eddie Komboïgo ne vous fera pas de mal, car très souvent et surtout toujours en politique, on voit la paille dans l’œil de l’autre au lieu d’ôter la poutre qui est dans le sien…

Votre posture ressemble un peu au sort malheureux que les dirigeants du MPP ont réservé à leurs anciens camarades du CDP. Quand même ! On aurait compris que le Chef de file de l’opposition politique actuelle, après avoir démocratiquement conquis le pouvoir d’Etat, se comporte en potentat haineux contre les dirigeants du CDP. Le commun des mortels aurait compris une telle adversité politique.

Mais là, que nenni ! Vous êtes dans le même parti politique puisque vous avez-vous-même écrit que « Je fais partie de ceux qui, ayant suspendu leur participation aux instances, avaient décidé de la reprendre, dès lors que le projet que vous formiez de convoquer un congrès extraordinaire dans des conditions irrégulières avait été annulé par une décision de justice, dont vous sembliez avoir accepté de tirer les conséquences… ».

Dès lors, d’où vous vient cette adversité personnelle à l’égard de Monsieur Eddie Komboïgo ? D’autant plus qu’à l’heure des alliances politiques, vous serez amenés à vous asseoir sur la même table si ce n’est déjà fait lors de vos réunions passées et à venir…au sein de ce même parti, créé de mains de Maître par son Excellence le Président Blaise Compaoré.

Monsieur Léonce Koné est à son deuxième essai et ne dit-on pas qu’il n’y a jamais deux sans trois.

Cependant, une fois de plus, gageons-le en application des dispositions de l’article 8 de la Constitution, en tirant la sonnette d’alarme parce que cette posture d’imposture est insoutenable et, notamment le ton manifestement haineux, discourtois et désobligeant que ce dernier a usé en face d’une simple lettre de demande d’explication du Président actuel du CDP (si j’ai compris), un tant soit peu, le contexte de ce sulfureux et sifflant missile tiré d’un RPG7 ou d’une LRAC dont il a seul le secret et le monopole ;

A tous ceux qui seraient tentés de croire que c’est une prise de position pour mon frère cadet Eddie Komboïgo, non seulement je n’y peux rien à leur ressenti, mais de plus je leur répondrai que j’ai déjà, à plusieurs reprises, mangé à la table et de Monsieur Léonce Koné et de celle d’Eddie Komboïgo. Cherchez donc l’erreur si ce n’est la volonté manifeste de voir cesser ces diatribes incandescentes, inutiles et préjudiciables au CDP… et à la classe politique burkinabè en général.

Je dirai même et cela est indéniable « erga omnes » que j’ai même activement participé à la mise en liberté provisoire de mon Frère Léonce Koné … ce qui prouve que je n’ai ni aucune haine, et encore moins une quelconque hostilité à son égard. Bien au contraire malgré son caractère trempé !

Cependant, sa posture actuelle me gêne énormément tant il est souhaitable que de manière responsable, les problèmes internes du CDP se règlent à l’interne comme tout parti qui se respecte dans la mesure où la lettre que le Président de ce parti a adressée à Monsieur Léonce Koné n’a pas fait l’objet d’une quelconque publication sur les médias…

En conclusion, disons « tout de go » que les problèmes existentiels actuels du peuple burkinabè, lequel a mal, (en dépit de ceux qui ont la tête sous les ailes comme les autruches) à sa gouvernance actuelle, à sa réconciliation, au vivre ensemble, et à l’hypothétique union sacrée illusoires contre tous les maux qui minent notre pays ne sauraient s’accommoder, ni même s’accoquiner de ce type de bagarres inutiles de chiffonniers à l’intérieur d’un même parti politique qui a peut-être une chance de reconquérir le pouvoir politique avec ses alliés de circonstances, d’autant plus que, non seulement le « linge sale doit se laver en famille » mais en plus, nombreux sont les Burkinabè dont ces « boules puantes » viennent envenimer le quotidien et dont il conviendrait d’en faire l’économie.

Paul KERE

Docteur en Droit

Avocat à la Cour

Chevalier de l’Ordre National

Médaille d’Honneur des Collectivités Territoriales

Officier dans la Réserve Citoyenne

Source: LeFaso.net