Le point de presse du gouvernement reprend du service après des semaines de suspension. Ce 19 septembre 2019, le ministre de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales était face aux journalistes. La rentrée scolaire dans un contexte de fermeture des écoles, de nombreux élèves déplacés internes pour faits d’attaques terroristes et de conflits communautaires a été entre autres questions abordées par le Pr Stanislas Ouaro.
Les rentrées scolaires se suivent et se ressemblent depuis quelques années au Burkina Faso. Comment se déroulera l’année scolaire 2019-2020 quand les enseignants sont tués, des écoles sont fermées, des milliers d’élèves ont migré à cause des attaques terroristes et des conflits communautaires ? Une équation inconnue aussi bien pour le gouvernement que les acteurs de l’éducation. Les chiffres sont sans appel.
A la date du 21 juin 2019, il y avait 2152 écoles primaires qui ont été fermées temporairement au moins une fois pour raison d’insécurité, même si quelques-unes ont pu rouvrir avant la fin de l’année scolaire. Selon le ministre de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, l’insécurité a affecté 296 757 élèves répartis dans la région de l’Est, du Centre-Est, du Centre-Nord, du Nord, de la Boucle du Mouhoun et du Sahel.
Aussi, 192 établissements post-primaires et secondaires ont été fermés temporairement au moins une fois pour raison d’insécurité. Cela a affecté 42 720 élèves répartis dans la région de l’Est, du Centre-Est, du Centre-Nord, du Nord, de la boucle du Mouhoun et du Sahel. Au total donc, explique le Pr Stanislas Ouaro, ce sont 2 344 établissements scolaires qui ont été fermés temporairement au moins une fois pour raison d’insécurité parmi lesquels certains ont pu rouvrir avant la fin de l’année.
« La reprise des activités pédagogiques pour celles qui n’ont pas pu rouvrir se fera au fur et à mesure de la sécurisation des localités concernées et en concertation avec les forces de défense et de sécurité ainsi que les autorités administratives des localités concernées », a rassuré le patron de l’éducation nationale.
L’insécurité et les conflits communautaires ont occasionné des milliers de déplacés internes. Des populations qui ont fui ont trouvé refuge dans 96 écoles. Ces établissements qui servent de logement de fortune enregistrent des dégradations diverses, d’où la nécessité de réhabiliter lesdites infrastructures. « Une évaluation des besoins de réhabilitation et d’équipement est en cours dans les régions concernées », a indiqué le ministre avant de poursuivre qu’au regard de l’ampleur de la situation, « des dispositions seront prises pour la réinscription de ces élèves dans leurs classes respectives et pour leur fournir des kits pédagogiques nécessaires. Au besoin, nous allons augmenter les capacités d’accueil des établissements », explique le Pr Ouaro.
Selon les données du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) citées par le ministre, on dénombre 9 514 élèves soit 591 du primaire, 6860 du post -primaire et 2 063 du secondaire dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord et du Sahel.
Des affectations spéciales
Faisant suite aux recommandations de l’enquête parlementaire sur le système éducatif, et du décret pris par le gouvernement pour autoriser des affectations pour nécessité de service à titre exceptionnel pour l’année 2019, le ministère s’est mis à la tâche.
Pour le chapitre préscolaire et primaire, au total 10 079 enseignants et 419 agents dans les bureaux ont changé de postes d’affectation. Parmi eux, 879 enseignants du primaire issus d’établissement fermés du fait d’attaques terroristes ont été mis à la disposition du ministère pour affectation dans d’autres régions. Il s’agit de 876 enseignants du Sahel et 3 de la région de l’Est.
Pour ce qui concerne le post-primaire et le secondaire, ce sont au total 1338 professeurs et 2 personnels d’administration et de gestion qui vont changer de postes d’affectation. Soit à l’intérieur d’une province (1002 professeurs), soit d’une province à l’autre (153 professeurs), soit d’une région à l’autre (185 professeurs). « Parmi les 185 professeurs reversés au niveau national, la majorité est constituée de professeurs de l’enseignement technique, d’où la difficulté de les affecter dans l’immédiat, compte tenu du manque de ce personnel dans les établissements existants », a expliqué le ministre Stanislas Ouaro.
Cet exercice d’affectations pour nécessité de service a eu plusieurs avantages, foi du ministre. Il a permis de dégager les besoins en personnel des différentes directions régionales, d’améliorer la répartition du personnel et de réajuster les besoins des différentes structures. « Pour ce qui concerne particulièrement le post- primaire et le secondaire, l’exercice permettra de réduire le recours à la vacation », a ajouté le ministre en charge de l’éducation nationale.
C’est donc une fois de plus une rentrée scolaire d’incertitudes et d’angoisse pour le ministère de l’Education nationale. Le premier responsable a d’ailleurs félicité tous les acteurs qui, malgré les conditions difficiles, travaillent pour assurer aux élèves « une éducation inclusive, équitable et de qualité ». « Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour un bon déroulement de l’année scolaire 2019-2020 », parole du ministre face à la presse.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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