Le Conseil national du Patronat burkinabè, conduit par son premier responsable, Apollinaire Compaoré, a rendu visite, dans la matinée de jeudi, 12 septembre 2019 à la Bourse du Travail de Ouagadougou, au président du mois des centrales syndicales. Au cours de cette « visite de courtoisie » qui s’est déroulée dans une belle ambiance, il a été question des préoccupations des travailleurs burkinabè et, partant, de la situation nationale.
Bassolma Bazié, président du mois des centrales syndicales, et ses proches collaborateurs se souviennent que, ce n’est pas la première fois que l’organisation, le Patronat, effectue une visite dans ces locaux. D’où leur gratitude à Apollinaire Compaoré et sa délégation, pour cette ouverture d’esprit du Patronat. Passés les salamalecs et autres formalités d’usage, le président du mois des centrales syndicales va entrer dans le vif du sujet, en exposant les préoccupations qui « assaillent » les travailleurs burkinabè et le sens du combat du mouvement syndical. Des préoccupations qu’il regroupe essentiellement au sujet du Code du travail, en l’UITS (Impôt unique sur les traitements et salaires), la commission mixte paritaire de négociation salariale et au dialogue social.
- Appolinaire Compaoré (vêtu en blanc) avec à sa gauche, son vice-président, Seydou Diakité
« Vous savez bien que certains écueils entre nous sont, dans la majeure partie, produits par les hommes politiques qui gèrent la gouvernance. Dans la mesure où, par moments, il y a des consensus entre le patronat et le mouvement syndical, et c’est désagréablement que nous apprenions, quand ça entre dans les couloirs politiques, ça ressort avec d’autres versions », relève Bassolma Bazié.
Pour lui, quelle que soit la pierre qu’on peut lui lancer, le Mouvement syndical burkinabè a toujours été responsable. Il rappelle au passage que l’IUTS est une des incarnations de l’esprit patriotique des travailleurs à un moment difficile du pays. Il explique également que le mouvement syndical a même interpellé le gouvernement sur la nécessité de faire en sorte que cessent les monopoles qui tuent les entreprises nationales.
De l’avis de Bassolma Bazié, lorsque les travailleurs se portent bien, ce sont les entreprises qui tirent bénéfices (les travailleurs étant également consommateurs). C’est en cela qu’il regrette le dialogue social, tel que conduit au Burkina par certains acteurs.
« Ce qui manque dans notre pays, ce n’est pas le dialogue social ; ce qui manque, c’est le dialogue social franc. Or, ce qui fait l’homme, c’est sa parole donnée. Vous savez très bien que notre pays a mal à sa cohésion sociale, à sa gouvernance politique, économique… Mais tout cela est lié au fait que la question du dialogue social, qui est prononcé sur les bouts de lèvres, manque de sa quintessence, qui est le respect de la parole donnée, le sérieux des acteurs et la mise en œuvre des engagements pris. Nous estimons que si aujourd’hui, on arrive à se rencontrer et qu’il y a des lueurs de rencontres, c’est qu’il y a des lueurs d’espoir », scrute le leader syndical.
Du reste, le président du mois des centrales syndicales se veut, on ne peut plus clair : « On doit tous retenir que la paix que nous souhaitons tous, et de tous nos vœux, est une conséquence ; elle découle purement de la justice sociale. Donc, aux niveaux syndical, politique, économique. A tous les niveaux, si chacun est un acteur de justice sociale, fait en sorte à rétablir rapidement l’autre dans ses droits, il n’y a pas de rasions qu’il y ait des mécontentements. Mais si on ferme l’œil là-dessus, nous créons tous, de façon volontaire ou involontaire, le terreau fertile à ce que des désœuvrés pullulent pour permettre à des terroristes de faire des recrutements et attaquer notre pays dans tous ses secteurs ».
Une perception partagée par les hôtes, à se fier aux propos du président du Patronat burkinabè, Apollinaire Compaoré, qui affirme d’entrée de jeu que son organisation et les syndicats sont des partenaires, le Patronat étant aussi un syndicat des patrons. Pour M. Compaoré, autant on se connaît les uns les autres, autant on peut éviter des incompréhensions
« Nous sommes une organisation qui vient d’être mise en place et qui a pris fonction…, les organisations des travailleurs sont des partenaires des organisations patronales. Il était donc tout à fait indiqué qu’on vienne voir les syndicats, à travers leur représentant, pour présenter notre nouveau bureau et souhaiter que dans le cadre de la recherche du dialogue et du climat (social) apaisé, on puisse s’asseoir à l’avenir pour poser les problèmes et nous instruire de nos différences », a poursuivi le vice-président du Patronat, Seydou Diakité. Aujourd’hui, les acteurs ont besoin de se parler plutôt que de se regarder en chiens de faïence, encourage l’ancien président de la Fédération burkinabè de football, Seydou Diakité.
« On a les mêmes intérêts, les mêmes contraintes aujourd’hui ; nous faisons partie du même pays et l’objectif c’est de créer les conditions pour que le monde que nous allons laisser à notre jeunesse soit un monde prospère », prône M. Diakité, qui note que le Patronat et le mouvement syndical ne sont pas forcément dans le cadre de l’antagonisme. « On n’est pas des ennemis, on est des frères, nous sommes tous des Burkinabè », appelle le vice-président, Seydou Diakité.
C’est avec en perspectives, d’autres cadres d’échanges, que les deux parties ont épuisé les ‘’points inscrits à l’ordre de jour ».
OL
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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