Depuis 2018, une tisane bio soignant le paludisme et dénommée Artemisia fait son bonhomme de chemin sur le marché des médicaments à base de plantes au Burkina. Son promoteur est Jean Claude Legoupil, un retraité français vivant au Burkina Faso. Il a passé plus de 40 ans à travailler dans la recherche agronomique. Aujourd’hui, propriétaire d’une ferme avicole, il s’est lancé dans la fabrication de cette tisane antipaludique.

Lefaso.net : D’où vous est venue l’idée de la fabrication et de la commercialisation de la tisane bio artemisia au Burkina Faso ?

Jean Claude Legoupil : Mon épouse qui est Burkinabè, et moi, sommes à la retraite après avoir fait 47 ans de villégiature dans les différents pays d’Afrique et d’Asie. Nous avons décidé d’être utiles pour le pays en produisant des plantes dont l’artemisia, qui est très importante pour lutter contre le paludisme. Nous avons une ferme où nous élevons des poulets et le reste de la surface est destiné à la production des plantes médicinales dont l’artemisia.

De quoi est composée votre tisane ?

L’essentiel de la tisane est fait avec de l’artemisia. C’est une plante d’origine chinoise qu’on appelle en français ‘’armoise ». Elle est maintenant relativement bien répandue dans les pays tempérés. Cette plante est utilisée depuis plus de 2000 ans par les Chinois sous forme de tisane pour traiter et prévenir le paludisme. C’est pourquoi lorsque la Chine était en guerre contre les Américains dans le conflit du Vietnam, le président Mao Zedong avait demandé à ce qu’on fasse des médicaments contre le paludisme. Parce qu’il y avait plus de soldats qui mouraient de paludisme, que par la guerre. Il y avait donc une équipe de chercheurs chinois, avec à sa tête le docteur Tu Youyou.

Tu Youyou est une Chinoise qui a isolé dans la plante artemisia, des principes, des molécules qui sont très actifs contre le paludisme. Et en 2015, ce docteur Tu Youyou a eu le prix Nobel de médecine, ce qui montre que son travail était très intéressant. Quand les grands laboratoires scientifiques ont appris qu’il y avait une molécule pour traiter le paludisme, ils sont allés vite chercher cette molécule parce qu’ils étaient confrontés aux problèmes de la nivaquine qui devenait inefficace en Afrique et ailleurs.

Les gens avaient développé une résistance, donc ils ont utilisé le principe actif de l’artemisia qui est l’artemicimine pour faire les médicaments que vous trouvez actuellement en pharmacie. Par exemple, vous avez Artefan et Coartem qui contiennent de l’artemisia. La plante artemisia est très efficace en tant que tisane parce qu’elle a toutes les composantes du médicament moderne contre le paludisme.


D’où proviennent les plantes utilisées pour la fabrication de votre tisane ? Et comment s’est fait le processus de fabrication ?

Une fondation, la maison de l’artemisia en France, a collecté des semences d’artemisia en Chine et dans les pays où il y a de l’artemisia, et nous les ont envoyées. Depuis 2017, au Burkina Faso, on cultive de l’artemisia ; la plante est difficile à cultiver. Dans un gramme de semence, il y a 13 mille graines. Ce sont de toutes petites graines qui nécessitent de passer en stade de pépinière, mais on arrive à faire la culture. La plante est coupée, séchée, broyée et mise en boite. La tisane est naturelle à 100 pour 100. C’est biologique, il n’y a aucun engrais chimique. Nous avons commencé à mettre le produit sur le marché en 2018.

Votre tisane est-elle homologuée par les autorités compétentes ?

Elle est rangée dans les tisanes et est considérée comme un complément alimentaire. A ce titre, on doit fournir des certificats d’analyses qui montrent qu’elles ne contiennent pas de germes pathogènes. Sur les questions de mise sur le marché, il n’y a pas d’autorisation spécifique, on doit fournir régulièrement des analyses par le laboratoire national de santé publique pour vérifier que le produit est sain.


Quelles sont les vertus de cette tisane ?

Essentiellement sa validité scientifique est reconnue pour deux pathologies : le paludisme et la bilharziose. Mais c’est le paludisme qui est la reconnaissance la plus forte, c’est un produit qui agit sur la multiplication des parasites au niveau du sang, il bloque cette multiplication. C’est très efficace ; des études scientifiques qui ont été menées en République Démocratique du Congo montrent que tous ceux qui ont été traités avec la plante sont guéris à 95 pour cent. Pourtant, avec les médicaments de pharmacie, ils étaient guéris à 35 pour cent. Selon les informations que nous avons, nos clients sont satisfaits après l’utilisation de la tisane.

Existe-t-il des risques de surdosage dans la consommation de votre produit ?

L’utilisation c’est 5 grammes de tisane sèche par litre d’eau bouillante. Le produit sert à la fois à guérir et à faire la prévention du paludisme. Si vous prenez un grand verre de tisane tous les deux jours, vous ne pouvez pas avoir le paludisme ; et pour le traitement curatif, il faut boire 1 litre de tisane par jour pendant 7 jours. Au bout de deux jours, il n’y a plus de fièvre. Les doses prescrites sont réfléchies.

Le couple LEGOUPIL

A combien se vend la tisane ?

Elle est à 1800 FCFA la boite. C’est pour juste une cure, pour une personne. Le traitement fait 7 jours.

Bénéficiez-vous du soutien de l’Etat ou d’autres structures œuvrant dans le domaine de la santé ?

Oui, on a d’excellentes relations avec les démembrements du ministère de la Santé. On travaille beaucoup avec la direction de la médecine traditionnelle améliorée, qui nous a assistés pour l’élaboration de notre tisane. On a fait des projets de formation sur la lutte contre le paludisme.

Comptez-vous créer d’autres tisanes pour soigner d’autres maladies ?

C’est l’une de mes ambitions. Dans la ferme on cultive déjà une quinzaine de plantes médicinales. Nous avons entre autres du neem, du moringa , du chrysanthelom , du phyllantus amarus , la verveine citronnée , du curcuma, du gingembre, du kinkiliba asiatica . Ce sont des plantes connues pour leur efficacité dans le domaine de la santé. Par exemple, je compte faire des tisanes avec le chrysanthelom qui protège le foie , la verveine citronnée qui favorise le sommeil.

Numéro de téléphone : 70 32 34 04

Propos recueillis Samirah Bationo (Stagiaire)

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Source: LeFaso.net