Tout être humain sur cette Terre des Hommes est redevable aux autres, directement ou indirectement. Dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, chaque élève doit tout à son maître. Ces lignes ne sont que l’expression d’une gratitude à l’endroit d’un grand homme qui a été le maître d’œuvre de la formation du serviteur de l’Etat que je suis aujourd’hui. Ces lignes se veulent une leçon de vie pour les jeunes générations sur le devoir de gratitude. Il y a vingt ans, au Département d’histoire et archéologie, il n’y avait qu’un seul enseignant habilité à encadrer des études doctorales.

Ce seul enseignant était le Professeur Jean-Baptiste Kiethega, premier archéologue du Burkina Faso. Sans discrimination, cet amoureux du travail bien fait défia toutes les difficultés institutionnelles, académiques et personnelles, encaissa toutes les humiliations et accepta tous les sacrifices pour encadrer à la fois les archéologues et les historiens pour leurs travaux de troisième cycle (DEA et Doctorat unique).

De cet encadrement du Professeur Jean-Baptiste Kiethega, je retiens et je m’approprie ses valeurs que sont la rigueur, l’équité et l’honnêteté intellectuelle. Je tiens de cet homme le courage d’assumer sa pensée, le refus de l’injustice et l’amour du travail bien fait. Depuis vingt ans, je ne fais que récolter les fruits que ce grand homme a fait germer en moi. Mes propres étudiants me trouvent souvent sévère mais certains me reviennent pour me traduire toute leur gratitude pour la rigueur qu’ils avaient confondue à la méchanceté.

Dois-je leur dire que je suis le fils spirituel de ce grand homme en termes de travail académique ? Dois-je leur dire que je suis issu de la meilleure des écoles, celle du Professeur Jean-Baptiste Kiethega ? Peut-être qu’à travers ces lignes, ils le sauront. Au niveau personnel, je dois beaucoup au Professeur Jean-Baptiste Kiethega.

Je ne suis pas le seul de ma génération à tirer profit des enseignements de cet Homme. Nous sommes des milliers de Burkinabè et d’Africains à avoir bénéficié de sa pédagogie, de sa science et de son humanisme. Nous étions plus d’une dizaine pour la première promotion de troisième cycle au Département d’histoire dont le Professeur Jean-Baptiste Kiethega était le président de la Commission doctorale. Certains sont devenus des enseignants d’université de haut vol.

Je me réjouis d’avoir été le premier Docteur du Département d’histoire et archéologie de l’Université de Ouagadougou entièrement formé au Burkina Faso, par les soins du Professeur Jean-Baptiste Kiethega. Je dois mes compétences académiques au Professeur Jean-Baptiste Kiethega qui a dirigé avec rigueur et professionnalisme mes travaux de thèse sur « L’information et le pouvoir politique traditionnel : le cas du Riungu de Busma des origines à nos jours ». La thèse a été soutenue le 4 mars 2004, avec la mention très honorable.

Je me permets de partager ce message de gratitude d’une archéologue, actuellement députée à l’Assemblée nationale, publié le 26 juillet 2019 : « Je voudrais en ce jour béni du vendredi, rendre hommage au Professeur titulaire Jean Baptiste Kiethega à qui j’ai rendu visite avec ma sœur et collègue le Professeur titulaire en archéologie Kaboré/Kienou Hélène de l’université Félix Houphouët Boigny. Merci à ce grand Homme qui a mis en place notre laboratoire d’archéologie et qui nous a permis de travailler sur les sites métallurgiques aujourd’hui inscrits au patrimoine mondial.

Merci Professeur pour votre vision en inscrivant les sites métallurgiques sur la liste indicative en 1996. Merci à cet enseignant hors pair pour son intégrité, son dévouement, son honnêteté intellectuelle. Puisse Dieu continuer de veiller sur vous. », Élyse Thiombiano. J’adhère entièrement à cet hommage de Madame Thiombiano et j’invite mes camarades à en faire autant car ce que nous semons, nous le récolterons. Nous sommes les produits du Professeur Jean-Baptiste Kiethega et nous devons l’assumer, sans complexe devant tous les scientifiques du monde, devant tous les hauts-fonctionnaires internationaux, devant tous les dirigeants de la planète. Nous avons eu un grand maître et nous devons lui exprimer notre profonde gratitude : « Professeur Jean-Baptiste Kiethega, merci ! »

Au plan national, au-delà de ses innombrables services rendus pendant 42 ans à l’enseignement, le Professeur Jean-Baptiste Kiethega a apporté une immense contribution à la culture burkinabè. En 2017, il témoigne de son action pour l’inscription du site de Loropéni au patrimoine mondial de l’UNESCO : « J’ai défendu le dossier de Loropéni avec le ministre Filippe Savadogo à Séville en Espagne et le dossier est passé comme une lettre à la poste. Ma contribution est donc une recherche scientifique que j’ai menée méthodiquement par rapport au dossier précédent. C’est cela qui a permis l’inscription des ruines de Loropéni au patrimoine mondial de l’UNESCO en juin 2009 ».

Docteur Poussi SAWADOGO,

Historien – Diplomate

Source: LeFaso.net