Plus rien ne va dans le navire battant pavillon Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de l’ex-majorité. Les vagues qui secouent ce navire qui tente de regagner la rive depuis la chute du régime en octobre 2014, ont atteint une telle hauteur au point de pousser certains militants à demander la démission de Eddie Komboïgo, président du parti. La nouvelle a été annoncé lors d’une conférence de presse ce jeudi 20 juin 2019 à Ouagadougou.

Le linge sale du parti de l’ancien Président du Faso, Blaise Compaoré se lave sur la place publique. Des murmures et grincements de dents à l’interne du parti, l’on est passé depuis quelques semaines à des attaques par presse interposés. La question du congrès qui devait se tenir le week-end dernier a même été transposée devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Les principaux animateurs de cette conférence de presse que sont le député Yahaya Zongrana (secrétaire chargé des élus nationaux du CDP) et Salam Dermé (secrétaire en charge de l’exclusion), ne sont pas allés de main morte pour décrier la gestion « familiale » du parti par leur président Eddie Komboïgo.


« Violation des textes du parti », « tentative de couper le cordon ombilical avec le président d’honneur, fondateur du parti Blaise Compaoré », « campagne déguisée pour l’élection présidentielle de 2020 », « création d’un mouvement dénommé EKO 2020 », « gestion du parti à l’image d’une entreprise personnelle », « menace des élus de ne pas les reconduire sur les listes électorales ». Tels sont des griefs que les conférenciers ont énumérés à l’encontre de Eddie Komboïgo et de ses partisans.


« Il y a également dans cette rubrique, le clientélisme, la coterie, l’abus de pouvoir, le trafic d’influence et les menaces de déchéance, pratiques proscrites par l’article 134 du règlement intérieur qui sont érigés en mode de gouvernance, exposant ainsi leurs auteurs aux sanctions prévues à l’article 102 des statuts », a indiqué Yahaya Zoungrana. Pour les conférenciers, ces disfonctionnements entretenus par le sieur Komboïgo et ses partisans ont conduit le parti de l’épi et de la daba à être « sur cale ». Ce qui n’est guère bon pour ce grand parti qui compte reconquérir le pouvoir d’Etat dans un peu plus d’un an.

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Ces militants « frondeurs » ne nient pas la possibilité pour leur président d’être candidat à la présidentielle à venir, seulement il faut passer par des primaires car « il n’y a pas de candidat naturel au CDP ». Aussi le président Eddie est accusé d’avoir violé plusieurs articles des statuts du parti dont l’article 32 qui dispose que les membres du Bureau politique national (BPN) du CDP est de 600 personnes. Alors que Eddie Komboigo a dressé un BPN de 1008 personnes et compte en ajouter 300. Cela pour préparer son passage en force pour être candidat du parti en 2020, accusent les conférenciers.


En raison de tous ces manquements, les conférenciers exigent purement et simplement la démission de Eddie Komboïgo des instances du parti pour violation de l’article 32 des statuts. Ainsi que la mise en place d’une commission consensuelle et inclusive pour le traitement des dysfonctionnements du parti.

Plusieurs ténors du CDP présents à cette conférence de presse dont les animateurs ont été aperçus aux côté de Kadré Désiré Ouédraogo (KDO) lors de sa déclaration de candidature à Bobo-Dioulasso. Les conférenciers on justifié cela par le fait que KDO est un cadre du CDP et leur souhait est qu’il soit investi par le parti pour l’élection à venir. Et de préciser qu’aucun texte du parti n’interdit à un militant de déclarer sa candidature pour l’élection présidentielle de 2020.

Marcus Kouaman

(kmagju@gmail.com)

Lefaos.net

Source: LeFaso.net