Depuis quelque temps, les activités au ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID) ont connu un quasi paralysie suite au mouvements d’humeur de la Coordination des syndicats du ministère de l’Economie et des finances (CS-MEF). Si l’on s’en tient aux délibérations du conseil des ministres du mercredi 24 avril, un accord sur la question du fonds commun a été trouvé entre le gouvernement et la CS-MEF. Une équipe des éditions LeFaso.net a fait un tour dans certains services du MINEFID, au lendemain de la décision, pour constater la reprise des activités. Reportage.

Jeudi le 25 avril 2019. Il est 7h 55 mn. C’est une queue d’une dizaine de personnes devant l’entrée principale de la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (DGTCP), lorsque nous sommes arrivés. Chaque instant qui passe, l’effectif s’accroît. Dix minutes plus tard, précisément à 8h 05 mn, un agent de sécurité vient ouvrir le portail ; on se précipite. Une fois fouillé par les gens de la sécurité, chacun retire son ticket de passage. La patience est encore au rendez-vous.

Après un instant d’attente, les guichets commencent à s’ouvrir ; les moniteurs vidéo situés dans la salle appellent les usagers. Dans le service de versement, trois guichets sur quatre sont ouverts. Les gens sont servis en un temps record. La vente des timbres s’effectue normalement.


A la zone des paiements de chèques, un guichet sur trois fonctionne, lorsqu’il est 8h 35mn. On peut remarquer des clients qui ne cessent de regarder leur montre. Le temps passe, le service est lent.

Quant au guichet « Dédouanement véhicule à crédit », l’ouverture tarde à s’effectuer. Pourtant, on peut lire sur l’une des affiches : dépôt des dossiers 8h-11h, retrait des dossiers 15h-17h 30. Visiblement impatient, notre voisin de siège n’arrête pas de regarder l’heure sur son téléphone portable. Un agent de sécurité du service passe devant nous, il l’interpelle : « Ils vont ouvrir à quelle heure », lui demande-t-il, tout en lui montrant le guichet par son regard. Avec un air hésitant, l’agent lui fait savoir qu’il ne le sait pas. Un instant plus tard, nous lui avons posé la question de savoir s’il est à son premier jour. « Non ! J’étais ici, hier soir. Je suis venu à 15h et il se trouvait qu’ils sont déjà partis », nous a-t-il répondu.

Des usagers en attente de l’ouverture des guichets du DGTCP

« Le service est bien aujourd’hui »

Pour ce premier jour, nous avons constaté une faible affluence. Dans cette atmosphère, certains tirent leur épingle du jeu. C’est le cas d’un monsieur, qui au sortir de la DGTCP, nous a confié un témoignage sous anonymat : « Il y a deux semaines de cela, j’étais venu et on ne m’a pas servi sous prétexte qu’ils étaient en grève. J’étais monté voir les responsables, qui m’ont donné la même version. Ce matin, j’ai tiré le ticket numéro 45 et à peine 30 minutes, tout est réglé. Le service est bien aujourd’hui ».

Même son de trompette du côté de Désiré Dakio. « Ce matin, il y a moins de personnes donc sûrement, cela a joué sur le service. Je ne peux pas estimer le temps que j’ai passé ici, mais j’ai pu toucher mon chèque aujourd’hui. Ce sont les gens qui viennent pour le positionnement qui risquent de se plaindre », nous a-t-il confié, l’air comblé.

Une faible affluence à la DGTCP

Effectivement, ceux qui sont venus pour le positionnement se plaignent. Il est 9h 20mn. Ils sont une vingtaine à patienter. Depuis l’ouverture des guichets, aucun appel n’a été effectué. Munis de leurs tickets de passage, chacun commence à murmurer. L’un d’eux, visiblement, est dépassé par les événements. Il nous fait savoir qu’hier, il était venu pour le versement. Aujourd’hui, il est venu pour le positionnement. Après plus d’une heure de patience, il ne comprend pas pourquoi on ne les appelle pas.

Découragé, il a fini par céder. Il quitte alors le service pour le parking ; nous l’avons poursuivi. « Monsieur, vous rentrez ? » Il s’arrête, lance un soupir et répond par l’affirmative. « Je reviendrai à 15h », nous informe-t-il. Une dame sur sa moto juste à côté de nous a entendu notre conversation. Elle s’y invite. « Ils vont en pause à 12h 30 et ferment à 14h. Si tu reviens à 15h, tu ne vas pas les trouver », indique la bonne dame au monsieur. Apparemment, cette information n’a fait qu’aggraver la situation. « Bon, je vais revenir demain matin. Bonne journée », a-t-il lâché, avant de prendre son véhicule et quitter les lieux. C’est dans cette ambiance que nous avons quitté la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique, lorsqu’il est 9h 32mn.

« Le service a repris mais avec des non-dits »

Au ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID), le service a repris de plus belle. Depuis 7h 30mn, les agents sont à pied d’œuvre. Les usagers rencontrés à ce niveau n’ont relevé aucune anomalie depuis le matin du 25 avril. Deux usagers ont marqué leur satisfaction de la prestation du service au MINEFID. D’autres usagers sont arrivés aux heures de pause au service des offres des marchés publics du MINEFID, mais ont pu être servis. Reste qu’à leur niveau, l’affluence est moindre, à comparer avec certains endroits.

Vue d’intérieur de la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique

A la Direction du centre des impôts de Ouaga V située sur le Boulevard Charles de Gaulle, le service a repris mais le réseau ferait toujours défaut, nous a confié un interlocuteur anonyme. Il souligne qu’à ce service, deux situations pénalisent les usagers : le problème de réseau jusque-là évoqué entrave sérieusement la bonne marche du service et les agents sont en conclave depuis 10h00 sans donner l’information aux usagers des horaires de suspension et de reprise du service. « Nous voulons comprendre si c’est une reprise partielle ou totale », a-t-il déclaré.

Pour Salif Gnégné, « le service a repris mais avec des non-dits ». Il déclare que les agents ont déserté les bureaux à 10h pour motif de rencontre. Il émet l’hypothèse que la proposition du gouvernement n’a peut-être pas requis l’approbation de la base. Les agents eux-mêmes préfèrent garder le silence, refusant de confier la moindre impression aux journalistes.

A quand la reprise totale des activités au MINEFID ? La question reste posée…

Cryspin Masneang Laoundiki

Etienne Lankouandé

LeFaso.net

Source: LeFaso.net