Dans l’écrit ci-dessous, Denis Tiegna se prononce sur les termes de la lettre adressée au CDP par Léonce Koné, suite à sa convocation par le parti pour une audition.

Dans sa livraison du lundi 22 avril 2019, Lefaso.net, par la plume de Mahorou Kanazoé, nous livre des « vérités » qu’aurait crachées Léonce Koné à Eddie Komboïgo. L’entame de la lettre commence par « Tout d’abord, je trouve particulièrement inconvenant que le président du parti ait la prétention de demander à des militants, quels qu’ils soient, des explications sur les raisons qui ont pu les conduire à participer à l’assemblée générale des soutiens à la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo. »

Le camarade Léonce Koné, tout comme d’autres militants du parti, sont appelés à « établir la motivation des camarades qui ont pris part à la cérémonie de déclaration de candidature de Kadré Désiré Ouédraogo ». Cela, en vertu de l’article 12 dernier alinéa des statuts du CDP qui stipule que tout militant se doit de « ne soutenir d’autres candidats aux fonctions électives que ceux investis ou soutenus par le parti. »

Il se trouve qu’à ce jour, le parti n’a choisi aucun candidat à l’élection présidentielle de 2020 et n’a pas non plus choisi de soutenir un candidat. Ce type de décision, Léonce Koné le sait mieux que quiconque, doit recueillir l’avis du Fondateur. Participer au lancement d’une candidature dans ce contexte ; mieux, préparer activement ce lancement, est une violation des textes du CDP et un manque de considération pour le Fondateur.

Il est donc curieux qu’un individu honnête et sincère qui prétend que « (…) En dépit de la dureté de certains de mes propos à son égard, mon intention n’est nullement d’engager une opération de défiance à l’égard d’Eddie Komboïgo. Le dernier congrès l’a désigné comme président du parti. J’en ai pris acte et je lui souhaite de réussir dans cette fonction, pour le bien du CDP », trouve inconvenant que ce dernier, dont l’une des missions est de « veiller au respect des Statuts et du Règlement intérieur… » du parti, rappelle à l’ordre des camarades qui ont pris des libertés avec les textes du parti !

Que fait alors Léonce Koné du 8e alinéa du même article 12 qui demande à tout militant « d’observer et exiger la discipline du parti qui est obligatoire pour tous les militants indépendamment de leur mérite personnel et des postes qu’ils occupent » ?

Pour tenter de justifier cette défiance au Président Eddie Komboïgo et aux militants que nous sommes, même ceux arrivés après la cent-vingtième heure comme moi, c’est un réquisitoire contre une volonté supposée de Eddie Komboïgo de se présenter à la candidature du parti pour la présidentielle de 2020. L’article 7 du règlement intérieur du CDP dispose que « Tout militant peut être candidat aux élections locales ou nationales… ».

Il n’y a donc pas véritablement matière à épiloguer sur la probabilité de la candidature du Président du parti, puisque autorisé par les textes du parti. Je parie ici que si nos « gardiens du temple » avaient perçu une seule seconde la plausibilité de l’élection du camarade Eddie Komboïgo, ils nous auraient obligés à écrire « que si le Président du parti est candidat à la candidature, il doit démissionner de la présidence ». Fort heureusement !

Pour les chances de Kadré Désiré Ouédraogo de succéder à Roch, j’aurais aimé que mon grand-frère Léonce Koné me dise le pourcentage que celui-ci obtiendrait dans la Comoé. Ce serait un début d’indicateur pertinent d’appréciation de cette candidature.

Pour le BEN [ndlr : Bureau exécutif national] dont il n’est pas sûr que tous les membres remplissent les conditions, là encore, notre cher doyen oublie certainement les conditions même d’organisation et de déroulement du 7e congrès ordinaire où il fallait marcher sur des œufs pour garder la cohésion au sein du parti. Se référer aux textes pour remettre en cause un consensus est bien souvent l’arme de personnes en perte de vitesse et qui, en dernier ressort, n’ont d’autres alternatives que de revenir cracher dans la soupe.

Pour le BPN [ndlr : Bureau politique national], le travail effectué a été collégial et collaboratif. S’il y a violation des textes, elle engage tout cadre du parti comme Léonce Koné et obligés, puisque les listes ont été validées par les SG de section du parti, tant en ce qui concerne les anciens membres du BPN, les membres de droits et les membres élus. Il ne s’est donc pas agi du travail d’une petite équipe autour du président pour pondre une liste à sa convenance. Les SG qui ont validé ces listes sont ceux mis en place par la commission ad hoc dirigée par le même Léonce Koné !

Enfin, on peut se demander tout ça pourquoi ? La réponse est très simple. La désignation du camarade Eddie Komboïgo à la tête du parti en mai 2015 est restée comme une pilule amère pour certains des cadres du CDP qui se considèrent comme les héritiers naturels du parti. Dès lors, tout est bon pour l’abattre. En septembre 2017, c’est un véritable coup d’État contre le Président Eddie Komboïgo qui avait été organisé et qui avait finalement échoué.

Il avait été proposé au Bureau politique, réuni au siège du parti, de demander au Directoire, sous la présidence de Léonce Koné, de poursuivre jusqu’au congrès, alors que le président du parti, bénéficiaire d’un non-lieu de la justice, manifestait le vœu de reprendre la direction du parti. Ce coup d’État à fait un long feu puisque le bureau politique de février 2018 replaçait le Président Eddie Komboïgo dans son rôle. Dans la dynamique du « tout sauf Eddie Komboïgo », le fondateur ne sera pas épargné, lui qui a vu son consensus rejeter du revers de la main par les mêmes « gardiens du temple ».

Alors que ce dernier avait réussi, à Abidjan, à obtenir de Eddie Komboïgo et de Boureima Badini, respectivement la Présidence et la première Vice-présidence du parti, les mêmes acteurs qui demandent à longueur de journée le respect des décisions et des orientations du fondateur, vont remettre en cause ce consensus ce qui a conduit à l’élection du Président du parti par le BEN sortant qui était de 106 membres contre 136 membres pour l’actuel. La suite est aussi connue.

Et l’invite de Léonce Koné à la « recherche d’un compromis dynamique et lucide sur la question du choix du candidat à l’élection présidentielle », n’est autre qu’un appel du pied au Président du parti à les suivre dans leur volonté de voir Kadré Désiré Ouédraogo investi candidat du CDP au détriment du droit reconnu à tout militant de se porter candidat s’il le désire. Et même s’il advenait que le Président Eddie Komboïgo venait dans ces conditions à supporter la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo, ce serait en violation des textes du parti et en violation de sa responsabilité de Président du parti.

L’incertitude de voir leur candidat passé si l’on devrait recourir au vote par les organes du parti, les pousse à discréditer ces organes dès à présent afin de pouvoir justifier, le cas échéant, leurs accointances avec le candidat battu. Quand on a défié le fondateur, le président du parti, quand on manque de respect aux militants du parti, quand l’arrogance et la haine deviennent des guides politiques, il est écrit que la seule destination logique, c’est l’échec. Et toutes les manœuvres destinées à saborder le CDP seront vouées à l’échec car, comme disait quelqu’un quelque part, la force du CDP c’est qu’il regorge de militants convaincus.

Il est donc encore temps, toute honte bue, de faire amende honorable et de regagner la grande famille du CDP pour les victoires en 2020. Ensemble, tout devient possible et il n’est jamais tard pour mieux faire.

Denis TIEGNA,

Autodidacte, militant de la cent-vingtième heure du CDP.

Source: LeFaso.net