Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) est secoué par des tensions internes dont la manifestation la plus visible est la candidature déclarée de Kadré Désiré Ouédraogo (KDO) à la présidentielle. Pour preuve, Léonce Koné, porte-drapeau de cette candidature, a été appelé à s’en expliquer devant la Commission nationale de contrôle et de vérification du parti.

Le CDP reproche à Léonce Koné son soutien à Kadré Désiré Ouédraogo. De ce fait, la Commission nationale de contrôle et de vérification du parti l’a convoqué le 4 avril dernier. Motif : « établir la motivation des camarades qui ont pris part à la cérémonie de déclaration de candidature de Kadré Désiré Ouédraogo ».

Mais avant de se présenter devant le « tribunal » du parti pour son audition, Léonce Koné a pris le soin de produire un document de dix pages en forme de réquisitoire contre la gouvernance d’Eddie Komboïgo. Nous avons pu obtenir copie de ce courrier adressé à Bertrand Gaston Soubeiga, président de la Commission.

C’est un Léonce Koné critique à l’égard d’Eddie Komboïgo et déterminé dans son choix de soutenir l’ex-président de la Commission de la CEDEAO, qui s’est adressé au parti. Les mots sont parfois très durs. Dès l’entame de sa missive, il attaque fort : « Tout d’abord, je trouve particulièrement inconvenant que le président du parti ait la prétention de demander à des militants, quels qu’ils soient, des explications sur les raisons qui ont pu les conduire à participer à l’assemblée générale des soutiens à la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo. »

Cette mise au point faite sur une « entrave grossière » à la liberté d’opinion et de choix des militants, il accuse le président Eddie Komboïgo de tentative de « contrôler le processus de désignation du candidat à l’investiture ». Il exhibe d’ailleurs ce qu’il considère comme des « preuves matérielles » de cette campagne à peine voilée menée par le président Komboïgo depuis le congrès de 2018 : « distribution de tee-shirts à son effigie portant la mention ‘‘EKO 2020 », publications de l’intéressé et de ses supporters, campagne active de recrutement de soutiens au sein du parti, confection d’une carte de membre d’une organisation dénommée ‘‘EKO 2020 », etc. »

Pour Léonce Koné, ces faits sont accablants. D’où son indignation : « Comment quelqu’un qui ne fait pas mystère de son ambition présidentielle, et qui a été le premier à se lancer ouvertement dans cette course, peut-il avoir l’outrecuidance de s’offusquer que d’autres militants fassent de même, en prenant soin de ne pas utiliser à cette fin les attributs du parti, pour ne pas créer de confusion, contrairement à ce qu’il fait lui-même ? » Pour M. Koné, cette « attitude est scandaleuse et inadmissible ». En tout cas, l’enfant de Banfora refuse toute forme d’intimidation pour son choix. D’autant plus que son soutien à la candidature de KDO est non-négociable car relevant d’un « choix de raison ».

Et le voilà parti pour un florilège de célébrations (un « atalakou » comme le diraient les Ivoiriens) en faveur de KDO. Après avoir égrené les qualités de son champion, il en arrive à cette conclusion : « Notre conviction est que ces atouts peuvent permettre raisonnablement à Kadré Désiré Ouédraogo d’accéder au second tour de l’élection présidentielle et de remporter la victoire à la tête d’une alliance du changement ». Pour lui, il n’y a pas de doute, KDO est une chance pour le CDP. C’est pourquoi il en appelle à la « recherche d’un compromis dynamique et lucide sur la question du choix du candidat à l’élection présidentielle ».

Outre la question KDO, Léonce Koné attend un « traitement adéquat des autres dysfonctionnements du parti ». Il cite notamment l’élargissement du Bureau politique national « en violation flagrante des statuts », le cas du Bureau exécutif national « dont il n’est pas sûr que tous les membres remplissent les conditions statutaires requises pour y siéger », l’« autoritarisme » dans le fonctionnement du parti avec des menaces et le recours à la violence contre des militants, etc.

Mais la missive, certes trempée au vitriol, s’achève tout de même sur une mince note d’espoir d’accord entre les deux parties. Léonce Koné reconnaît la légitimité d’Eddie Komboïgo à la tête du CDP, et ce n’est pas rien. Il écrit ainsi : « (…) En dépit de la dureté de certains de mes propos à son égard, mon intention n’est nullement d’engager une opération de défiance à l’égard d’Eddie Komboïgo. Le dernier congrès l’a désigné comme président du parti. J’en ai pris acte et je lui souhaite de réussir dans cette fonction, pour le bien du CDP ».

Synthèse de Mahorou Kanazoé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net