En visite de travail au Burkina Faso, la secrétaire d’Etat française chargée de l’égalité hommes-femmes et de la lutte contre la discrimination, Marlène Schiappa, était, ce samedi 20 avril 2019, à Tibou, localité située au Nord, à 81 km de Ouagadougou. En compagnie de la représentante résidente de l’UNICEF au Burkina, Dr Anne Vincent, et de l’ambassadeur de France, Xavier Lapeyre de Cabanes, Marlène Schiappa s’est intéressée à l’exécution du Programme d’accélération de l’abandon du mariage d’enfants et des mutilations génitales féminines.

Au Burkina, selon les données de l’UNICEF, les filles restent les premières victimes de discrimination fondée sur le sexe, les privant ainsi de leurs droits à l’éducation, à la santé, à la prise de décisions et à l’accès à l’information. Le mariage d’enfants est d’ailleurs l’une des pratiques qui constituent une entrave à l’épanouissement de la jeune fille. En effet, plus d’une fille burkinabè sur deux (52%) est mariée avant l’âge de 18 ans ; 10% avant l’âge de 15 ans. Les données sur les mutilations génitales féminines ne sont pas non plus encourageantes. En dépit d’une baisse significative enregistrée au cours de la dernière décennie, 67,6% de femmes âgées de 15 à 49 ans, 11% des filles âgées de 0 à 14 et 4 ,5% des filles de moins de cinq ans ont subi une Mutilation génitale féminine (MGF). Il y avait nécessité d’agir pour mettre fin à ces pratiques.

Tibou, un exemple

À Tibou, où vivent environ 1 137 Burkinabè, l’on a décidé, en mars 2018, de renoncer publiquement à ces pratiques néfastes. Cela, grâce au Programme d’accélération de l’abandon du mariage d’enfants et des MGF. Mis en œuvre par le Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF) et le Groupe d’appui en santé, communication et développement (GASCODE), ledit programme a permis de recenser, dans la zone d’intervention, les enfants, adolescentes et adolescents à risque de mariage ou de MGF. Après des concertations avec les leaders communautaires et les jeunes, des clubs d’adolescents ont été mis place, permettant ainsi aux jeunes garçons et filles de se réunir et d’échanger sur leurs expériences.

Avec l’appui des animateurs, des thématiques telles que l’estime de soi, la gestion hygiénique des menstrues, l’abandon des mariages d’enfants et de l’excision, les violences faites aux enfants, la santé sexuelle et reproductive, sont abordées au sein des clubs. « Il y a un travail formidable qui a été mené de façon collective pour pouvoir expliquer les phénomènes des MGF et des mariages précoces (…). Le chef l’a très bien dit lui-même, c’était une pratique liée à l’ignorance et à partir du moment où on comprend les mécanismes et les conséquences, on s’engage pour arrêter ces pratiques », a noté la secrétaire d’État française, Marlène Schiappa, à l’issue de ses échanges avec le club de jeunes filles et les leaders religieux et coutumiers.

Président du Conseil villageois de développement, Boureima Kiebré ne dira pas le contraire, lui qui soutient que le GASCODE a apporté un grand changement dans leur vie. « Nos ancêtres s’étaient adonnés à des pratiques nuisibles pour la jeune fille. Ayant pris conscience des conséquences de certaines pratiques comme l’excision, nous nous sommes engagés à ce que nos filles et nos sœurs ne subissent plus de telles atrocités », a-t-il expliqué.

Et si des engagements ont été pris, Marlène Schiappa tient à se rassurer qu’ils sont respectés. « Il y a un travail de veille qui est mené par l’UNICEF et par les partenaires pour voir si les engagements sont bien tenus. C’est cet engagement que je suis venue saluer aujourd’hui et cette cellule de veille nous dit qu’il y a de bons résultats et que les engagements et la parole donnée par les chefs sont respectés », s’est-elle réjouie, souhaitant que la stratégie utilisée à Tibo soit déployée dans d’autres villages.

En attendant, la présidente du Conseil exécutif du GASCODE, Félicité Bassolé, soutient que dans le cadre du présent programme qui couvre 600 villages, 250 villages ont déclaré publiquement, au cours de l’année 2018, l’abandon de la pratique du mariage d’enfants et des MGF.

Créé en 1997, le GASCODE est une association à but non-lucratif qui intervient dans plusieurs domaines tels que le droit des femmes, la santé sexuelle et reproductive des jeunes, les activités génératrices de revenus, le parrainage des enfants et la sécurité alimentaire.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net