Le Mouvement du peuple pour le progrès était face à la presse ce 11 avril 2019 à son siège. Le président par intérim, Simon Compaoré, et ses camarades ont donné la lecture du parti au pouvoir sur la situation nationale. Sur les violences communautaires à répétitions qualifiées de terrorisme social, le parti a interpellé le gouvernement à traquer les auteurs. Le ton a été amer envers les agents du ministère en charge des Finances qui, selon les conférenciers, sont dans une logique de sabotage et d’asphyxie de l’économie nationale. Le retour des exilés politiques et le dialogue inclusif annoncé par le chef de l’Etat ont été aussi abordés.

Le Burkina Faso a mal à sa cohésion sociale et le parti au pouvoir s’insurge contre cette situation. A Yirgou, Arbinda, et récemment Zoaga dans la nuit du 31 mars au 1er avril, des Burkinabè ont massacré d’autres Burkinabè. Le Mouvement du peuple pour le progrès se demande bien d’où viennent la soudaineté et la brutalité de ces violences létales qui endeuillent les Burkinabè qui ont longtemps vécu en harmonie.

En tout cas, le parti au pouvoir, par la voix de son président par intérim Simon Compaoré, s’élève contre cette nouvelle forme de terrorisme social et surtout « invite le gouvernement à prendre des mesures énergiques pour rechercher et traquer les auteurs et les bras armés de ces conflits fratricides et ignobles afin de les soumettre à la punition de la justice ».

Passé le temps des condamnations et des souhaits de prompt rétablissement, le parti s’est retourné vers ses adversaires politiques à qui il demande de se démarquer de toute exploitation éhontée de ces drames sociaux avec la funeste intention de se faire une virginité politique. « Cela est malsain », déplore Simon Compaoré qui appelle au patriotisme et à l’esprit de solidarité envers des blessés et déplacés. Pour les animateurs de la conférence de presse, il n’est pas exclu que ces affrontements entre communautés soient l’œuvre des terroristes pour entamer le vivre ensemble. « Il faut que nous soyons plus malins que les terroristes », invite l’ancien ministre de la Sécurité.


Opération de sabotage au MINEFID ?

Le deuxième chapitre des échanges entre le bureau exécutif national du MPP et les journalistes a porté sur le front social. A en croire les animateurs, c’est sous le magistère du MPP que le front social a connu une ébullition à nulle autre pareille dans l’histoire politique du Burkina. Le mouvement d’humeur en cours au ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID) est tout simplement une opération de sabotage, une tentative d’asphyxie de l’économie nationale, foi des premiers responsables du parti au pouvoir. Et ce, par un groupe de travailleurs portés sur leurs intérêts personnels.

Et Simon Compaoré, visiblement remonté, de se poser la question : « Comment, sous des prétextes aussi fallacieux que farfelus, qui ne résistent pas à l’analyse, peut-on empêcher des citoyens, des patriotes d’accomplir leur devoir civique ? ». Le gouvernement doit agir avec fermeté, exhorte le principal animateur de la conférence de presse, qui par ailleurs demande une explication de texte sur le dossier du fonds commun.

Le MPP note que l’on ne peut prendre tout le peuple burkinabè en otage, pour des avantages qui doivent se négocier, et non être réclamés au point de susciter le blocage de toute l’économie, d’assécher les caisses de l’Etat tout en touchant son salaire à la fin du mois. Quant à Pingdwendé Clément Sawadogo, il estime qu’il est temps que le gouvernement arrête cette pagaille, ce diktat au nom d’intérêts partisans et égoïstes.


Réconciliation oui mais justice d’abord

Une certaine classe politique appelle depuis quelque temps au retour des exilés politiques, prône la réconciliation nationale par le truchement d’une justice transitionnelle. Le MPP dit ne pas être contre la réconciliation, mais se veut prudent. Simon Compaoré et ses camarades veulent une « réconciliation vraie qui ne sacrifie pas la vérité et la justice sur les actes graves commis qui ne peuvent quitter sur un coup de baguette magique la mémoire individuelle et collective ».

Le MPP n’est point favorable à une justice transitionnelle à des fins de politique politicienne au détriment de l’Etat de droit. D’ailleurs, précisent les conférenciers, « personne n’a été chassé du Burkina. La preuve, certains sont partis, mais sont revenus pour faire face à la justice. Il n’y a pas de guillotine au Burkina. On est ensemble ici. Si parmi nous, il y a des gens qui doivent aller au palais de justice, qu’ils aillent et qu’on arrête de nous rabattre les oreilles avec le retour de certains hommes politiques qui ont décidé de partir », ont soutenu les membres du bureau exécutif national du parti au pouvoir.

Les conférenciers ont par ailleurs loué l’initiative du président du Faso d’entamer un dialogue avec tous les partis politiques du pays sur les questions d’intérêt national.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net