Cela fait plus de trois ans que Roch Kaboré a accédé à la magistrature suprême. Depuis cette accession au pouvoir, le gouvernement et les partenaires sociaux se regardent en chiens de faïence. Des chauffeurs routiers, en passant par les agents de la santé, de l’éducation, de la justice, de la sécurité et bien entendu des finances, presque tous les secteurs ont été touchés par cette fièvre des revendications depuis 2016.
De tous ces mouvements d’humeur et crises, s’il y avait un prix à décerner, la palme d’or reviendrait sans aucun doute aux agents du Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID). De 2016 à ce jour, c’est le département ministériel dont les syndicats, du moins les agents, se font le plus entendre. Depuis le début de l’année 2019, les agents du MINEFID ont entamé un bras de fer avec l’Etat pour diverses raisons dont le plafonnement du fonds commun à un taux de 25% de la masse salariale.
Pour manifester leur mécontentement, les agents vont au bureau de bonne heure, mais le travail pour lequel ils ont été recrutés et sont payés ne se fait pas. Du coup, payer ses impôts pour le contribuable devient un calvaire. Enregistrer un simple marché aux impôts est impossible, ou encore positionner un chèque au Trésor public relève de l’exploit.
Cette lutte, qui ne dit pas son nom, puisque les syndicats de ce ministère sont dans un mutisme total, perdure depuis des mois et agace les contribuables qui, ne sachant plus quoi dire ni que faire face à une telle situation, commencent à extérioriser leur ras-le-bol.
En témoigne les interventions des uns des autres dans les médias. Ainsi que la protestation des contribuables le lundi 8 avril 2019 à Ouagadougou à la Direction des moyennes entreprises du Centre 1 (DME1).
Bien avant cette manifestation, des contribuables ont animé une conférence de presse pour traiter les agents du MINEFID de tous les noms d’oiseaux. Dans les jours et semaines à venir, rien ne prouve que la situation ne va pas s’envenimer davantage, si les choses restent en l’état.
Rappelons-nous que dans son discours de nouvel an, le 31 décembre 2018, le chef de l’Etat avait lancé un appel aux partenaires sociaux à une trêve sociale. L’appel semble n’avoir pas été entendu. De toute évidence, depuis le début de ce mouvement d’humeur des financiers, l’économie du pays, qui n’était guère reluisante, ne s’en porte pas mieux. Dire le contraire serait un gros mensonge. Cependant, depuis le début de cette crise, qu’elle soit légitime ou pas, il règne un lourd silence du côté du palais de Kosyam.
Après avoir perdu du temps et de l’argent, n’est-il pas enfin temps pour celui-là même qui a été élu par le peuple burkinabè de se prononcer ? N’est-il pas temps que le président du Faso s’adresse à son peuple ? Le président Roch Kaboré doit prendre ses responsabilités en donnant une ligne directrice à suivre à son gouvernement.
Pour cela, deux possibilités s’offrent à lui. Soit il décide d’accorder aux financiers leurs milliards pour que le travail reprenne et qu’on en finisse pour de bon. Cela, au risque d’inciter d’autres revendications corporatistes. Soit il décide, en toute responsabilité, de passer outre ces revendications en accélérant la mise en œuvre des réformes sur les salaires. Que ce soit l’une ou l’autre solution, une décision présidentielle s’impose.
Marcus Kouaman
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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