Quoique lentement, l’Afrique trace son chemin dans le sens de la satisfaction de la fourniture de services publics pour sa population de plus en plus nombreuse. C’est ce que révèlent les résultats des enquêtes du Round 7 d’Afrobaromètre dans 34 pays africains. L’enquête a concerné les évaluations populaires de la performance gouvernementale relative à la prestation des services éducatifs, médicaux, administratifs, sécuritaires…

Il y a des avancées significatives dans la fourniture des services publics à travers la majeure partie de l’Afrique. D’après les résultats d’une nouvelle enquête d’Afrobaromètre à travers le continent, les Africains perçoivent plus une amélioration qu’un déclin de la prestation gouvernementale des services publics de base.

En moyenne, à travers 34 pays enquêtés, la prestation de services est le plus souvent considérée comme facile d’accès, prompte, courtoise et réactive face aux plaintes. Dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’administration, de la sécurité et des infrastructures domestiques dont ont besoin les personnes ordinaires pour vivre une vie saine et épanouie, les gouvernements ont fait des bonds quantitatifs.

Trois éléments importants permettent d’expliquer l’amélioration perçue de la prestation gouvernementale des services publics : la facilité de l’accès, la réactivité suite aux plaintes et – plus important encore – le fait de ne pas avoir à verser des pots-de-vin.

Ainsi, en général, la prestation de services est considérée comme assez rapide ; un peu plus de personnes rapportent bénéficier des services après un délai « court » plutôt que « long ». Mais les citoyens ne s’accordent pas quant à la rapidité de l’assistance de la police ; par rapport à d’autres services, l’assistance de la police est plus susceptible de survenir « immédiatement » ou « jamais ».

De même, la majorité des Africains affirment que les responsables publics les traitent de façon courtoise. Par contre, ils sont environ deux fois plus susceptibles de rapporter avoir versé des pots-de-vin pour obtenir l’assistance de la police (26%) que pour obtenir les services éducationnels (15%) ou médicaux (13%).

Malgré les avancées, la corruption a donc toujours la peau dure ; même quand celle-ci est dénoncée, la justice ne s’exécute pas. D’après l’enquête, quand les mauvais comportements ou les crimes d’un enseignant sont rapportés, il est fort probable que cela fasse « réagir quelqu’un ». Mais lorsque ce sont des actes de corruption qui sont signalés, un résultat positif est largement perçu comme « improbable ».

Pour certains services, l’enquête s’est intéressée à la possibilité pour les populations d’obtenir les soins de santé lorsqu’elles en ont besoin, l’efficacité du gouvernement à satisfaire les besoins en éducation, la possibilité pour les gens ordinaires d’obtenir l’assistance de la police en cas de besoin. Au Burkina Faso par exemple, 34% des sondés ont répondu que l’accès à ces trois services est « meilleur » ou « bien meilleures ».

Trois facteurs permettent d’expliquer les changements perçus dans la prestation par le gouvernement des services publics. En ordre inversé d’importance, ce sont :
- La facilité de l’accès. La perception selon laquelle il est « facile » plutôt que « difficile » de bénéficier d’un service public renforce l’opinion publique d’une amélioration de la performance gouvernementale.

- La réaction suite aux plaintes. Les mesures correctives prises en réaction aux signalements par les citoyens d’actes d’abus de pouvoir sont liées à la confiance populaire en une amélioration de la performance gouvernementale.

- La corruption : par-dessus tout, les perceptions populaires de changements dans la performance gouvernementale dépendent de ce que les citoyens se sentent obligés ou non de verser des pots-de-vin afin de bénéficier d’un service. L’expérience de cette forme de corruption à petite échelle mine profondément la confiance citoyenne en la performance gouvernementale.

Synthèse de Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net