L’une des conséquences immédiates du phénomène terroriste au Burkina est sans soute la mise à rude épreuve de la cohésion sociale. Si les prémices étaient bien visibles dans certaines parties du pays depuis les premières attaques terroristes, la situation s’est exacerbée avec le drame de Yirgou.
Depuis lors, les cas malheureux se succèdent dans le pays, avec leurs lots de désolations. A ce jour, ils sont plusieurs milliers de Burkinabè à s’être déplacés, et luttant contre la faim, la soif, la misère et le dépaysement. « Nous ne pouvons plus faire les marchés, parce qu’on ne sait plus à quel moment les tueries peuvent arriver. Nous qui nous débrouillions dans des petites réparations d’engins pour subvenir à nos besoins entre deux saisons, sommes obligés de cacher notre matériel, parce que lorsque vous réparez même un vélo, vous pouvez être tué après pour, dit-on, avoir ‘‘apporté soutien » à un terroriste puisque vous ne pouvez pas connaître tous vos clients. Si tu n’as pas la chance aussi que dans une course poursuite, des terroristes entrent dans ta cour pour se réfugier, on arrive et on vous canarde tous. De la même façon, pour une simple conversation avec quelqu’un, vous pouvez être éliminé par les terroristes pour, disent-ils aussi, avoir donné des informations aux forces de défense et de sécurité. Nous sommes pris entre deux feux, seul Dieu peut nous sortir de là. Plus d’agriculture, plus d’activités lucratives, plus d’élevage, nos déplacements sont très limités, nous sommes contraints désormais à vivre la faim et la soif ». Telles sont les confidences des habitants d’un village du nord. Des propos symptomatiques de la situation qui prévaut aujourd’hui et qui doit interpeller le gouvernement et chaque Burkinabè sur ce que vivent, comme clavaire, leurs frères des régions concernées.
Que faut-il faire face à la situation et à la proportion qu’elle prend ?
En tout cas, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, Siméon Sawadogo, lance un appel à « tous ceux qui peuvent appuyer dans la recherche de solution, à le faire ».
En effet, profitant de la tribune de presse dressée à la faveur de la rencontre entre le président du Faso et l’opposition politique en cette fin de matinée du 4 avril 2019 au perron du palais présidentiel, Siméon Sawadogo a vivement déploré les évènements que vit le pays depuis un moment. Et c’est entouré de la délégation de l’opposition politique que le ministre a d’abord présenté « les condoléances de toute la nation » aux familles éplorées dans les zones d’Arbinda et de Zoaga.
« Ce qui s’est passé est inacceptable, c’est ignoble. Nous invitons les uns et les autres à cultiver le vivre-ensemble et demandons à tous ceux qui peuvent nous appuyer, de le faire. Si nous ne cultivons pas la tolérance, si nous n’arrivons pas à travailler pour aboutir à une cohésion sociale, nous ne pouvons pas travailler pour le développement. Et ce qui s’est passé à Arbinda et à Zoaga est inacceptable », a exprimé en substance, et la mine grave, le ministre d’Etat Siméon Sawadogo.
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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