Le débat autour du nouveau code électoral (adopté le 30 juillet 2018) n’a pas encore rendu son verdict, car perçu par une certaine opinion comme un instrument juridique qui divise les Burkinabè. Par une conférence de presse animée ce mercredi, 27 mars 2019 à Ouagadougou, le Cadre d’expression démocratique (CED) a invité à une révision dudit code pour éviter une crise post-électorale.

L’adoption du code électoral à l’Assemblée nationale s’est faite dans un contexte de controverses ; les députés de l’opposition ayant manifesté leur désapprobation en quittant l’hémicycle. Les points de discorde sont surtout relatifs aux pièces de votation (le code actuel n’admettant que la Carte nationale d’identité burkinabè et le passeport), les lieux de vote au niveau de la diaspora, la constitution du fichier électoral.

« Dans un Etat de droit, les questions de gouvernance se règlent par la concertation et le dialogue entre les acteurs politiques. Dans le cas présent, il est question de textes régissant la régularité et la transparence des élections dont la détermination en aucun cas ne saurait être de la compétence exclusive du parti au pouvoir. La CENI (Commission électorale nationale indépendante) est d’ailleurs l’expression du consensus que la gestion de la question requiert », situe le coordonnateur national du CED, Pascal Zaïda.

Pour lui, le « passage en force » de la loi électorale à l’Assemblée nationale et sa « promulgation à la sauvette » par le président du Faso sont les signes d’un pouvoir « conscient de son impopularité et qui prépare sa victoire prochaine par la fraude ».

Fort de ce constat, le CED exige la relecture du code électoral, et s’interroge sur la passivité de l’opposition politique par rapport à la question.

« Le problème du Burkina Faso est que les acteurs politiques sont malhonnêtes », se ravise M. Zaïda, qui dit craindre une crise post-électorale, si le code reste en l’état.


« Mieux vaut régler le problème à temps. Si cette question n’est pas réglée, nous aurons de sérieux problèmes en 2020 (élections présidentielle et législatives, ndlr) », avertit Pascal Zaïda, affirmant que le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir) est en train « de faire ce qui a fait fuir » Blaise Compaoré.

« Le rapport de force ne peut résoudre un problème. Le MPP hausse le ton pour faire peur à l’adversaire, mais la réalité est là », déclare le premier responsable du CED, Pascal Zaïda.

Aux premières heures de l’adoption de ce code, des voix se sont élevées pour dénoncer un « passage en force de la majorité », en violation de la tradition de consensus qui caractérisait cet outil électoral.

Depuis cette adoption, l’opposition politique ne manque pas d’occasions également pour revenir sur le sujet, en demandant sa révision.

OL

Lefaso.net

Source: LeFaso.net