Dans la dynamique d’analyser le processus d’enregistrement des faits d’état civil en milieu institutionnel et communautaire et de produire des statistiques vitales, la Direction générale de la modernisation de l’état civil (DGMC), avec l’appui de l’UNICEF, organise des ateliers régionaux du 26 mars au 11 avril 2019. L’honneur est revenu à la commune de Ziniaré, chef-lieu de la région du plateau Central, d’abriter la première rencontre.

Avec un taux d’enregistrement des naissances établi à 96, 5 % en zone urbaine, 74, 7% en zone rurale, les défis du Burkina Faso en matière d’enregistrement des faits d’état civil restent cependant énormes. En effet, selon l’enquête multisectorielle continue (EMC-MDS) de 2015, le taux d’enregistrement des naissances varie en fonction du milieu géographique et socio-économique. C’est ainsi que dans certaines régions comme le Centre- Sud et le Centre, ce taux dépasse largement 95% alors qu’il est seulement de 40, 6% dans le Sahel. En 2017, soutient la gouverneure de la région du Plateau central, Fatimata Benon, le taux d’enregistrement des naissances selon les délais légaux de deux mois était 47, 69% dans sa région, contre 42, 77% dans le Centre-Sud et 77, 56% dans la région du Centre.


Pour elle, il y avait nécessité d’agir pour inverser cette tendance négative et de renforcer les capacités des services de l’état civil en vue de rendre le système performant, sécurisé et fournir des statistiques fiables. « En matière de planification, il est important d’avoir des statistiques et ces données doivent être en permanence disponibles, mais il a été constaté au Burkina, que le système d’enregistrement des naissances connait des difficultés d’ordre institutionnel ou est confronté au manque de sensibilisation des acteurs sur la question », a indiqué Fatimata Benon, souhaitant que cette rencontre de deux jours aboutisse à des recommandations .

Promotrice des droits de l’enfant, l’UNICEF, selon Guirlène Chéry Frédéric, chef de protection de l’enfance, est aux côtés du Burkina pour elever ce défi. Cela, d’autant plus qu’il est question d’assurer à chaque individu, notamment aux enfants, son premier droit et le droit de jouissance de ses autres droits et partant, produire des statistiques sociodémographiques utiles à la planification du développement.


« Les difficultés sont nombreuses »

« Lorsqu’on est en enregistré à la naissance, cela permet de préserver beaucoup de droits, d’éviter l’apatridie et de lutter contre les cas de mariages d’enfants », a signifié le directeur général de la modernisation de l’état civil, Maxime Oubda. Puis de poursuivre : « Cela permet également de faire une planification efficace qui tient compte du développement socio-économique, notamment en matière d’écoles, de centres de santé, de forages ».

Malgré les avantages, les difficultés en matière d’enregistrement des naissances, selon Maxime Oubda, sont nombreuses au Burkina Faso. L’une des premières difficultés, dit-il, est l’ignorance des populations. « Les populations ne prennent pas conscience que l’enregistrement donne droit à des avantages au plan juridique et c’est l’occasion pour nous, au cours de cet atelier, d’analyser le processus avec l’ensemble des acteurs pour booster le taux d’enregistrement », a indiqué le chef du département de la modernisation de l’état civil.


Les difficultés, selon Maxime Oubda, seraient aussi liées à la faible présence des centres secondaires d’état civil et à l’ignorance des délais légaux d’enregistrement des naissances. « Le délai légal de deux mois parait inconnu des populations qui attendent et transforment la délivrance automatique des extraits en une exception avec les tribunaux départementaux ».

Et quand on évoque les lourdeurs administratives, le directeur général de la modernisation de l’état civil rassure que des efforts sont entrepris pour une modernisation de l’état civil. « Il y a un programme d’appui à la modernisation de l’état civil qui va permettre au niveau des maternités qu’aucune femme ne quitte la maternité sans l’acte de naissance de son enfant », a-t-il relevé.

Notons que le présent atelier rentre dans le cadre du Programme d’appui à la modernisation de l’état civil au Burkina, financé par l’Union européenne et l’UNICEF. Première d’une série d’activités qui regroupe les acteurs de la chaîne de l’état civil, des rencontres de ce genre auront lieu dans les villes de Bobo-Dioulasso, Koudougou, Ouahigouya, Tenkodogo et Ouagadougou.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net