Très attendu pour son témoignage dans le cadre du putsch du CND, le général de Brigade Pingrenoma Zagré est à la barre ce vendredi 22 février 2019.
Avant de livrer son témoignage, le Général Pingrenoma Zagré, chef d’Etat général des armées au moment du putsch, a rendu grâce à Dieu de lui avoir permis d’être présent pour répondre à un devoir. Il l’a également remercié d’avoir sauvé le Burkina Faso du chaos. Il a félicité les forces armées nationales et a exprimé sa gratitude à l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo et à Monseigneur Paul Ouédraogo pour leur implication dans la gestion de la crise.
Le témoin a déclaré qu’il présidait le Conseil d’administration de l’Union sportives des forces armées nationales. Après avoir vu un appel manqué du Général Diendéré, il l’a rappelé aussitôt. Ce dernier l’informe de l’arrestation du Président du Faso et du Premier ministre. « J’ai demandé sa position et il m’a dit qu’il était à la maison et s’apprêtait à rejoindre les militaires au camp », se souvient le Général Zagré qui a souligné qu’il était sous le choc.
A la demande du Général Diendéré, le CEMGA réunit les membres de la Commission de réflexion et d’aide à la décision (CRAD), après avoir pris le soin de contacter téléphoniquement l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo et Monseigneur Paul Ouédraogo qui était à Bobo-Dioulasso en route pour Ouagadougou.
Lors de la rencontre le Général Diendéré a exposé les motivations de l’arrestation des autorités par les soldats du RSP. « C’était un ébahissement pour l’ensemble des participants. Les débats ont été longs et nous nous sommes évertués à lui expliquer que ce n’était pas la vocation de l’armée de remettre en cause l’ordre politique », a relaté le témoin.
A la rencontre du 16 septembre, le Général Zagré se souvient avoir suggéré qu’une délégation aille s’entretenir avec les éléments du RSP. « Le Général Diendéré a souhaité nous précéder au camp avant notre arrivée. Nous étions perplexes et dubitatifs. Mais nous avons accepté », note le témoin qui souligne que le Général a apporté une réponse négative des soldats qui ne souhaitaient plus faire marche arrière.
C’est après cela donc que la délégation, composée du CEMGA, du Colonel major Alassane Moné, et des deux personnes ressources (Jean Baptiste Ouédraogo et Paul Ouédraogo) s’est rendue au camp Naba Koom. « Nous avons rencontré une trentaine de militaires du RSP dans une salle faiblement éclairée. Certains étaient cagoulés. Il y a eu des propos discourtois. Face aux menaces nous sommes restés sereins ».
Le témoin a déclaré à la barre avoir toujours gardé le contact avec le président du CND lors des différents épisodes de libération des otages. Il a également déclaré que le 21 septembre, un projet de déclaration a été remis au Général Gilbert Diendéré dans lequel il était dit qu’il devait abandonner le pouvoir et se soumettre aux autorités de la transition. « Quand, il a pris le document, il y avait beaucoup d’hésitations. Il avait la main tremblante, comme si un débat se faisait en son for intérieur. Mais le contenu de la déclaration n’est pas le même que celui qu’il a lu en public », a précisé le Général Pingrenoma Zagré.
Sur l’épisode de la descente des troupes des autres garnisons sur Ouagadougou, le témoin a laissé entendre que même si le Commandement militaire appréciait la fougue des jeunes militaires, il fallait user de sagesse. « Le but du Commandement n’était pas d’affronter le RSP mais de leur faire changer de vision. Ça aurait été la catastrophe si nous nous étions laissés guider par le jeu des émotions et des pressions extérieures. On voulait éviter un affrontement fratricide », a déclaré le témoin, après avoir reconnu que l’arrivée des soldats n’était pas une initiative de la hiérarchie.
A ce propos, Zagré a révélé avoir reçu un appel d’un officier qui racontait que le Général Diendéré l’avait contacté pour savoir si c’était le CEMGA qui avait ordonné la descente des troupes sur la capitale.
Une fois de plus, le Général Pingrenoma Zagré a loué le patriotisme du Commandant Abdoul Aziz Korogho, alors Chef de corps par intérim du RSP, pour son rôle capital dans la résolution de la crise.
Pour terminer son témoignage, celui qui est aujourd’hui Ambassadeur du Burkina Faso au Ghana, a rendu grâce à Dieu qu’il n’y ait pas eu de mort lors de l’assaut final contre le camp, le 29 septembre 2015. « S’il y avait eu, ne serait-ce qu’un mort, et même si j’avais le palu, j’allais répondre. L’armée n’existe que par la volonté d’une Nation ».
Nous y reviendrons
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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