Pas de round d’observation pour la présidence G5 Sahel du Burkina. Depuis le 5 février, les rencontres se succèdent dans la capitale burkinabè, sur instruction des chefs d’Etat des pays membres, notamment du président en exercice, Roch Kaboré. Le vendredi 15 février 2019, s’est tenue une réunion du comité de soutien à la Force conjointe. Organe technique et administratif, interface entre les principaux acteurs, le comité de soutien occupe une place stratégique. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le commandant de la Force conjointe du G5 Sahel, le général mauritanien Hanena Ould Sidi. Dans cet entretien, il donne également quelques détails sur la Force conjointe elle-même.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui a prévalu à cette rencontre qui vient de se terminer ?

Général Hanena Ould Sidi : Cette réunion fait suite à la décision des chefs d’Etat, lors du sommet le 5 février dernier, qui ont donné l’ordre que le comité de soutien à la Force conjointe se réunisse le plus tôt possible pour être opérationnel (puisque de son opérationnalité dépendent beaucoup de choses, particulièrement ce qui est du traitement des requêtes de la Force conjoint).

Concrètement, quel a été le contenu de cette rencontre ?

On peut retenir que le comité s’est réuni avec tous ses membres au complet. Un coordinateur (et c’est le plus important de ce comité) a été nommé et c’est un haut gradé de l’armée burkinabè qui assure cette mission. C’est extrêmement important. Le comité, ayant tenu sa première rencontre, doit continuer avec d’autres réunions afin de le rendre, le plus tôt, opérationnel.

Des actions d’envergure sont-elles prévues ?

C’est un comité de soutien ; un organe technique et administratif qui sert d’interface entre la Force conjointe, le Secrétariat permanent du G5 Sahel et nos partenaires. D’autres rencontres auront lieu pour le rendre donc plus opérationnel ; puisque des ordres ont été donnés à cet effet. En plus, nous sommes en train d’étudier les modalités pratiques afin d’accélérer la montée en puissance de la Force conjointe car ce comité de soutien gère les requêtes de la Force, notamment en matière d’équipements.

Quelles sont les missions qui sont assignées à ce comité ?

Sa mission principale, c’est d’abord de gérer le Fonds fudiciaire, où il y a la contribution d’un certain nombre de pays pour la réalisation des équipements au profit de la Force conjointe. Donc, tout le travail d’étude des requêtes, de passation des marchés, de vérification des spécifications techniques du matériel demandé par la Force jusqu’à la livraison.

Quelle est sa composition ?

Il est composé de deux officiers de chacun des pays membres du G5 Sahel, un officier spécialiste administration et finances et un officier logistique de chaque pays.

A quel pourcentage estimez-vous l’opérationnalisation de la Force conjointe ?

La Force conjointe est opérationnelle à 75% et a déjà mené une vingtaine d’opérations depuis son lancement en 2017 dont trois récemment, depuis le 15 janvier 2019 : la première, dans la zone des trois frontières (Burkina-Mali-Niger) ; la deuxième au fuseau Ouest (Mali-Mauritanie) et la troisième au fuseau Est (Niger-Tchad). Cette dernière est même actuellement en cours.

Comment se font les interventions ? Est-ce à la demande des pays ?

La Force planifie. Il y a un certain nombre d’opérations, en fonction des renseignements récoltés sur le terrain et naturellement, suite à une coordination très étroite avec les Forces de défense et de sécurité des différents pays et les différents partenaires sur le terrain. C’est en fonction de tout cela que la Force mène ses opérations.

Pour plus d’opérationnalité, il faut une collaboration étroite avec les populations. Les mécanismes sont-ils déjà en place à cet effet ?

Là aussi, on y travaille. Avec les populations, nous avons, lors de ces opérations que je viens de citer, mené des actions civilo-miltaires ; c’est-à-dire assistance, secours et aide aux populations par la distribution d’un certain nombre de produits de première nécessité, des actions médicales (consultations gratuites par des spécialistes, distribution gratuite de médicaments, etc.). Tout cela constitue l’apport que la Force conjointe fait en direction des populations des différents fuseaux et des différentes zones concernées par les opérations de la Force.

On parle aussi d’une Police G5 Sahel ; est-elle opérationnelle ?

Il n’y a pas une police en tant que telle ; il y a une composante police de la Force conjointe pour essentiellement veiller au respect des droits de l’Homme. S’il y a des actions qui méritent des investigations, la composante police est là pour mener des enquêtes assez poussées, assez pointues pour déterminer les responsabilités s’il y a lieu. Jusqu’à présent, la Force fait son travail de façon normale et ses rapports avec les populations sont des rapports normaux.

Cette composante police n’a donc pas encore été sollicitée sur le terrain ?

Non. Jusque-là, pas encore.

Quel message pour rassurer les populations concernées par ces attaques et qui veulent retrouver la quiétude ?

Evidemment, elles doivent être rassurées ; parce que la Force du G5 Sahel est là pour les soutenir, pour les aider. Aux populations aussi d’aider la Force, c’est extrêmement important. La Force étant là pour aider, protéger et pour secourir, en cas de besoin, les populations. C’est une opération qui prendra un peu de temps, mais la raison essentielle qui fait que la Force est là pour la population, ce sont évidemment ses actions pour combattre les forces négatives mais aussi au niveau des actions civilo-militaires, comme l’assistance médicale au profit de nos populations.

Propos recueillis par Oumar L. Ouédraogo

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Source: LeFaso.net