Conférence de rédaction pas comme les autres en cette matinée du 15 février 2019. La rédaction de votre journal en ligne Lefaso.net avait un invité spécial. En effet, le ministre de la Communication et des Relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou, a pris part à cette instance quotidienne où se décident des sujets à traiter. Une visite qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée qu’il a initiée dans les différents organes de presse. A l’issue de la visite, le ministre de tutelle n’a pas manqué de féliciter Lefaso.net pour son professionnalisme, notamment dans le traitement des questions sécuritaires. Actualité oblige, il s’est également prononcé sur le drame de Yirgou et la polémique autour de la neutralisation de 146 présumés terroristes.


Lefaso.net : Dans quel cadre s’inscrit cette visite ?

Rémis Fulgance Dandjinou : Nous avons voulu rencontrer les rédactions des différents organes de presse pour les féliciter du travail qui est accompli, parce que, dans le cadre tout ce qui est couverture des questions sécuritaires, il y a de grands efforts qui sont faits. Mais, il est important également d’avoir, avec ces médias, un dialogue sur des impératifs, notamment sur la protection du vivre-ensemble, de la cohésion sociale. La grosse tâche qui est survenue dans notre pays, c’est l’affreuseté qui est intervenue à Yirgou.


C’est également le cas de quelques enseignants qui se font taper par les parents ou les élèves, c’est également des altercations entre parents à plaisanterie qui tournent au drame. Il faut véritablement que nous fassions attention pour ne pas remettre en cause notre vivre-ensemble. Nous sommes venus discuter avec les médias pour leur poser ce questionnement qui est essentiel : l’information générale, c’est dans quel but nous la produisons ?


C’est une information que nous produisons pour préserver notre vivre-ensemble, même si c’est par une critique constructive, on peut promouvoir le vivre-ensemble. C’est une information que nous mettons en avant pour défendre notre territoire. Parfois, par la critique également, on peut défendre notre territoire.

Il ne s’agit pas d’appeler à la censure, mais juste de rappeler qu’au-delà de toute chose, il y a des valeurs sur lesquelles nous devons être d’accord pour préserver notre pays des affres du terrorisme et de la division.


Quel était le message adressé particulièrement au Faso.net ?

J’ai félicité Lefaso.net et je lui ai demandé de rester sur sa ligne parce que c’est l’un des médias qui prennent du recul avant de donner l’information. C’est vrai que cela peut le défavoriser par rapport aux autres, mais au final, ça va le crédibiliser davantage parce que les gens sauront qu’il donne de l’information qui est vérifiée et recoupée avant d’être diffusée.


Nous avons également pris l’engagement de mettre à la disposition du Faso.net, comme tous les organes de presse, rapidement l’information. Cela permettrait d’avoir ce gentlemen’s agreement avec les médias, qui fasse qu’ils aient d’abord l’information en provenance du gouvernement, ensuite qu’ils puissent la recouper et la contredire si nécessaire, par des enquêtes et d’autres sources ; mais qu’on ne tombe pas dans une course au scoop qui finit par plonger notre pays dans la sinistrose, dans la crainte, dans le désarroi et tout ce que nous avons de contraire à notre ambition qui est un Burkina qui se bat, un Burkina qui se développe même si l’adversité est parfois rude.


Il y a quelques jours, l’armée annonçait avoir neutralisé 146 terroristes, mais des organisations de défense des droits de l’homme et certains témoins n’ont pas tardé à dénoncer des bavures, notamment des exécutions sommaires sur des citoyens burkinabè.

Sur Banh, Kaïn et Bomboro, il faut reconnaître que notre armée a neutralisé des terroristes. Vous savez que si on devait abattre des terroristes, on n’aurait pas eu plus de 400 d’entre eux dans nos prisons. C’est une opération militaire qui a été menée de façon aérienne et terrestre qui a donné ces éléments de neutralisation. Je pense que là-dessus, l’Inspection générale des armées y travaille et si jamais il y a eu des manquements, des sanctions auront lieu. Mais en l’état, je pense qu’il faut féliciter nos soldats pour l’effort qui a été fait à ce niveau.


45 jours après le drame de Yirgou, on n’a toujours pas le nombre exact de morts, ni d’arrestations. Pourquoi cette lenteur malgré la gravité de la situation ?

En ce qui concerne Yirgou, c’est l’occasion pour nous d’appeler la justice à accélérer le pas. Aujourd’hui, le dossier est entre les mains de la justice. Le gouvernement ne peut plus se prononcer là-dessus. C’est à la justice de dire aux Burkinabè quel est le nombre exact de personnes qui ont perdu la vie dans ces actes lâches qui ont abouti à l’assassinat d’autres personnes, qu’est-ce qui est mis en place pour retrouver les coupables, où en est-on ? Ce n’est pas au gouvernement de le dire, c’est à la justice de mettre en œuvre cet aspect. Il faut que la justice s’assume tout comme les différents acteurs devront ensuite s’assumer si la justice fait recours à eux.

Interview réalisée par Moussa Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net