Finalement, que fait-on de l’école burkinabè ? C’est du truisme que de dire que l’école burkinabè se porte mal. Aux difficultés classiques liées entre autres à l’insuffisance d’infrastructures, à l’insuffisance d’enseignants, aux moyens d’accès à un enseignement de qualité, elle se voit contrainte de fermer classes dans plusieurs localités du pays. Des milliers d’élèves sont ainsi privés d’un droit basique.
Après le Sahel, l’Est, le Nord, c’est la région de la Boucle du Mouhoun qui voit ses classes se fermer. A ce jour, ce sont des milliers d’enfants qui sont hors des classes. Les conséquences de cette situation sont immédiates (on retrouve de nombreux élèves, de bas âge, dans la capitale à la recherche de travail). Cette situation va encore se ressentir à long terme sur le pays. Une réelle préoccupation qui doit être une véritable priorité pour le nouveau Premier ministre, Christophe Marie Dabiré.
C’est une urgence dans un contexte où la lutte contre l’insécurité passe aussi par un retour des élèves dans les classes. Car, avoir des milliers d’élèves hors du cadre d’apprentissage, c’est donner suffisamment d’ingrédients à l’insécurité. Si la lutte contre ce mal nécessite que l’on agisse à la racine, c’est qu’il va falloir donc mettre en place un plan d’urgence pour l’école burkinabè.
Et comme si cela ne suffisait pas, même les écoles qui sont ouvertes sont en proie à des mouvements des élèves, conséquence du mot d’ordre de la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) suspendant « toute forme d’évaluation » (http://lefaso.net/spip.php?article86808).
Désormais sous la peur d’une « année blanche », les élèves ont également décidé de donner de la voix sur l’ensemble du territoire national (là où l’école a encore droit de cité) et ce, à travers diverses formes de manifestations, notamment en occupant les routes nationales.
Deux gros défis qui menacent ainsi, et sérieusement, l’école burkinabè. Il faut donc recaser ces milliers d’élèves des zones frappées par les attaques terroristes et débloquer cette mesure de suspension des évaluations. L’avenir du pays en dépend.
L’indispensable concertation entre acteurs
Cette préoccupation nationale doit s’inscrire dans les premières « actions fortes » du gouvernement Dabiré, quand on sait que l’éducation est la base de tout.
« Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme », dit Victor Hugo pour mettre en exergue l’importance de l’éducation dans le processus de développement d’un pays. C’est cela également que l’UNESCO met en exergue en soulignant que le manque d’éducation plonge irrémédiablement ceux qui le subissent vers la pauvreté, la maladie ou la délinquance.
Dans le même esprit, le Prix Nobel d’économie, Amartya Sen, fait ressortir que « la pauvreté est d’abord une privation de capacités, pas seulement une faiblesse de revenus. Or, si l’on n’a pas été instruit, on ne peut même pas formuler le besoin de se nourrir, ni par conséquent lutter pour le satisfaire. Aller à l’école, c’est gagner en capacités, pour en acquérir la plus précieuse, l’autonomie. »
C’est dire que pour un pays comme le Burkina, où le capital humain reste la principale ressource, miser sur l’éducation n’est pas une option ; c’est un impératif. Le contexte que traverse l’école burkinabè mérite donc un plan d’urgence de la part de l’équipe de Christophe Marie Dabiré.
C’est pourquoi il s’avère indispensable, de façon diligente, de réunir et de mettre à contribution tous les acteurs, dans un langage de sincérité, de vérité et de bonne foi de la part du gouvernement surtout. Ce n’est plus une option, c’est un impératif, car ne pas le faire, c’est croiser les bras et regarder l’école burkinabè mourir à petit feu.
OO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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