A partir d’un récent article intitulé « Burkina Faso : chasseurs et braconniers se taillent la peau du lion » publié par le journal français « Libération », il nous a paru impossible de ne pas remarquer un lien et une proximité plus profonds qu’il n’y paraît d’abord, entre deux faits qui, indépendants et différents l’un de l’autre, se tiennent néanmoins sur le même fond (ou abîme) : entre donc l’extermination en règle des lions burkinabè et ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui l’invasion terroriste du pays dit des hommes intègres.
Certains de nos problèmes même graves sont mieux perçus et répercutés par des étrangers qui y ont pourtant moins d’intérêt que nous, ce qui veut dire que nous avons vraiment des problèmes : que le journal Libération en soit remercié…
Diagnostic
C’est dire que l’idée n’était pas d’abord de critiquer quelqu’un, une politique, un gouvernement que l’on dit inactif ou impuissant face au terrorisme qui frappe le pays ; mais ce que nous nous proposons de faire ressortir ici de commun entre les deux aberrations indiquées a des racines tellement profondes que toute action d’urgence aujourd’hui, serait-ce un état d’urgence, si elle n’est pas inutile, vient néanmoins trop tard. Et viendra toujours trop tard si l’on évite aussi de chercher et creuser, au fond, comment nous en sommes là aujourd’hui : peut-être se démène-t-on en ce moment de tous côtés pour, non plus même vaincre le terrorisme (cela nous semble trop prématuré) mais simplement en contenir et ralentir l’avancée et l’encerclement, tout en continuant à entretenir le mal génétique et chronique qui nous ronge depuis toujours, et qui nourrit la rapide prolifération du terrorisme en ce moment, tout comme il justifie la destruction de notre propre faune : les intérêts personnels triomphent, et le sens de l’intérêt général fait tristement défaut. Malgré les slogans et les formules toutes faites.
Voilà pourquoi nous écartons ici deux pistes sur lesquelles on nous a engagés jusqu’à présent pour expliquer ce qui nous arrive aujourd’hui :
1/ La piste politicienne, dans laquelle beaucoup d’observateurs étrangers du Burkina tombent très facilement comme dans une chausse-trappe, un piège : la fin du régime de Blaise Compaoré et du RSP. Nous en sommes fatigués. Autant donc ne plus s’y arrêter longtemps au risque d’ennuyer et divertir le monde puisque, de l’avis général, l’heure est grave (mais elle était grave depuis bien longtemps avant la mort des 10 gendarmes à Toéni qui a déclenché l’état d’urgence).
2/ La piste sociale de la misère qui, si elle n’est pas absurde, est trop générale et, pour le coup, trop pauvre pour expliquer la situation particulière que vit le pays : non seulement on pourrait tout expliquer par la misère en Afrique, mais alors on ne réussirait plus à expliquer pourquoi le même terrorisme ne pénètre pas autant des Etats africains où l’on rencontre les mêmes misères ; mais c’est aussi insulter les pauvres gens que de poser pauvreté = terrorisme (tout comme on a tendance à tirer trop vite les racismes et autres xénophobies de la seule pauvreté en Occident). Non, nos paysans des villages et brousses ne sont pas des terroristes en puissance !
Et surtout, comme un paradoxe : si c’est le social (la pauvreté) qui explique l’invasion terroriste du Burkina, alors l’état d’urgence qui veut une « trêve sociale », c’est-à-dire au fond la suspension de l’action et du débat sociaux pour cause de l’urgence terroriste (une urgence tardive, autre paradoxe, une urgence étant ce qu’on n’attend pas d’affronter) ne pourrait que creuser les mécontentements et misères que l’on nous dit causes possibles du terrorisme et de sa progression. On ne doit pas suspendre la question sociale, puisque le débat social, au sens large, peut/doit même permettre de retrouver le chemin de l’intérêt général.
Sauf si l’on ne s’en remet, pour contrer l’avancée du terrorisme, qu’à la seule piste militaire : mais là aussi, on nous dit qu’il n’y a pas de moyens (l’augmentation du budget de l’armée, qui est une promesse, ne garantit en rien le succès et la victoire contre le terrorisme ; pas plus que des milliards d’argent ne résoudront jamais les problèmes s’ils ne servent pas d’abord l’intérêt général qui seul permet de mieux isoler et cibler les problèmes des citoyens). Nous voici alors devant deux impasses, des deux côtés social et militaire ! Il faut donc aussi revenir en arrière pour mieux avancer : Qu’est-ce que le braconnage et la chasse sportive et luxueuse de nos lions ont à voir avec le terrorisme qui s’étend au Burkina Faso ?
La patrie est patrimoine
Nos lions ne sont pas seulement victimes de la misère supposée de certains de nos compatriotes qui les tuent pour, disent-ils, nourrir leurs familles, car une peau de lion « vaut entre 200 000 et 300 000 francs CFA » (mais, s’agit-il même encore de simplement se nourrir ou d’être « riches », puisque prendre la daba et labourer le sol peut permettre aussi de vivre et nourrir sa famille ?!) ; Ou la peau de ces lions est vendue à d’autres Africains « pour des gris-gris » (là encore, où sont la faim et la misère ?), comme à Boinsiyaaré, ce « marché aux ânes » qui s’avère aussi marché aux lions et aux éléphants, mais qui porte aussi très bien son nom si l’on veut ; pas du tout situé dans une brousse profonde et perdue, mais à quelques pas de l’aéroport international de Ouaga
Des Français argentés en mal de frissons exotiques de brousse s’adonnent aussi à des chasses sportives de lions, en toute légalité certes (car cela n’est pas interdit par l’Etat burkinabè, comme au Niger voisin qui interdit la chasse au trophée), mais sans daigner respecter les quotas fixés, grâce à des pots-de-vin et à la corruption. Car, comme le dit ce Burkinabè ancien directeur du parc d’Arly, « il suffit de payer ».
Le pire, c’est que ces chasses de luxe ne rapportent que des miettes à l’état burkinabè : « les droits et taxes tirés de la chasse représentent 0.02% des recettes nationales »…
Ce que le pays dit des hommes intègres laisse détruire ainsi, c’est son patrimoine naturel, le peu que la nature (l’histoire aussi) a bien voulu nous léguer. En d’autres circonstances pourtant nous aurions déjà entendu s’élever les barricades verbales les contre le pillage colonialiste des ressources africaines, mais pas là, dans l’Est du pays où l’ONU a pourtant reconnu un patrimoine mondial, et où sévit et insiste aussi, comme par hasard, le terrorisme. Au contraire, comme le souligne encore ce Burkinabè ancien directeur du parc d’Arly, « c’est une activité nuisible, mais qui est défendue par beaucoup de monde ici. A commencer par une partie de la classe politique »…
Voici alors le fond du problème qui est commun aux braconnages sauvages (burkinabè et français) des lions et du terrorisme qui avance d’autant plus facilement et inexorablement dans le pays qu’il est alimenté et nourrit par un mal profond mais invisible aux yeux qui n’analysent pas : le désintérêt, dans un cas comme dans l’autre, pour le bien commun et l’intérêt général.
Or rien ne réfère plus à l’intérêt général que notre patrimoine national, lequel est évidemment commun ; lequel est aussi tout simplement ce que nous appelons « patrie » : notre patrie n’est pas séparable, pas détachable de notre patrimoine naturel auquel elle est coextensive, c’est notre territoire avec toute sa faune de lions et d’autres animaux que l’on ne trouverait pas ailleurs. Du coup, on ne peut pas solder, brader et prostituer ce patrimoine naturel sans, dans le même temps, se désintéresser du territoire patriotique qu’investissent et envahissent alors les terroristes de l’extérieur, et que prostituent et trahissent aussi les terroristes de l’intérieur. Du Burkina Faso comme chose commune, bien commun, res communis, on en fait la chose, le bien de personne, res nullius dont n’importe qui peut s’approprier selon ses seuls intérêts personnels quand il en a l’occasion.
Si le Burkina n’est pas capable de protéger sa faune contre les braconniers et les chasseurs de luxe, comment pourrait-il protéger et défendre son territoire contre les terroristes ?
C’est de ce mal de l’intérêt personnel exacerbé et érigé en règle implicite de la gestion du pays que nous sommes atteints et malades au Burkina. Pour étayer et confirmer cette réalité, voici : si du moins les chiffres qui ont circulé sur les salaires de nos ministres sont exacts, il s’avère qu’il y a des « super-ministres » dans le gouvernement actuel qui, dans notre pays qui est parmi les plus pauvres du monde, perçoivent des revenus supérieurs aux rémunérations des ministres d’un pays riche comme la France. Pour les résultats que l’on connaît !
Ces ministres font valoir leurs exigences toutes personnelles avant l’intérêt général, et ce au lendemain à peine d’une insurrection qui voulait mettre fin à ce mal de l’intérêt personnel. Il n’y a visiblement pas grand monde qui trouve cela choquant et indécent, car c’est la règle de cet intérêt personnel qui le veut : quelques « poids lourds » d’un gouvernement et leurs intérêts pèsent plus lourd que l’intérêt général. Tout cela dans un pays non seulement très pauvre, mais aussi en guerre : à moins que cette expression de guerre contre le terrorisme ne soit qu’une formule, un slogan creux car, alors qu’on nous répète qu’on n’a pas les moyens pour nos armées, on s’interdit de toucher aux intérêts et privilèges personnels de « super ministres » qui insultent même l’idée d’effort de guerre déjà elle-même absente. A penser juste, cela ressemble bien à de la désertion : une désertion politique en temps de guerre, plus grave et plus préoccupante qu’une désertion en temps de paix. Mais les bonnes consciences de la fausse intégrité passent leur temps à ricaner de la seconde, jamais à s’affoler de la première qui a cours sous leurs yeux…
Cela ressemble aussi à du (gas)pillage mais réglé, régulier, en bonne et due forme, et donc « acceptable », car on se taille des parts de lion sous prétexte de compétences. Tant qu’il ne s’agit pas de détournements et de corruption, tout va bien pour le Burkina de l’intégrité. De fait personne n’en semble vraiment scandalisé, c’est la règle ; et ces privilèges sont pour tout le monde la preuve que certains sont plus compétents que tous les autres, c’est donc « normal », ils le méritent, on les admire même… Mais c’est aussi, décidément, toujours la même chanson, la même histoire en Afrique en général : les présidents sollicitent toujours ceux qui sont censés les plus compétents du pays voire du monde pour nous gouverner et gérer les affaires publiques mais, malgré cela, nos pays n’avancent jamais ou très peu, et s’enlisent dans les mêmes problèmes. A penser…
La nécessaire mobilisation
L’on entend justement dire que le président du Faso est indécis, impuissant, mou face au terrorisme. La vérité est ailleurs, nous semble-t-il : ce n’est pas le président qui est le problème, mais le contexte général qui est le règne triomphal des intérêts personnels avec lesquels lui-même ne peut que composer : après tout, c’est lui, le premier, qui accepte cet état de choses qui vient d’être décrit, ce paradoxe (aberration scandaleuse, si les chiffres sont exacts) de ministres burkinabè mieux payés que des ministres français d’une part, et d’un manque de moyens pour le social et la guerre contre le terrorisme, de l’autre : il est évident qu’une telle situation paradoxale paralyse l’action et la décision, car satisfaire à des injonctions aussi contradictoires, et satisfaire deux exigences qui se repoussent et s’excluent est difficile et mal aisé
Mais comment le président pourrait-il, seul et brutalement, bousculer la règle/loi de l’intérêt personnel qui régit silencieusement mais violemment l’espace public national, quand tout le monde, insurgés ou non, a depuis longtemps déjà tourné le dos à l’esprit de l’insurrection qui voulait en finir avec le règne public de l’intérêt personnel -comment le président le pourrait-il en brandissant l’intérêt général dont tous se détournent et se désintéressent ?
Aussi n’est-on pas surpris que dans la situation actuelle du pays face au terrorisme, l’Etat burkinabè ne s’attarde pas suffisamment sur la mobilisation de ses citoyens, comme moyen de guerre : si nous sommes vraiment en guerre (en tout cas cela y ressemble de par les nombreuses morts quotidiennes infligées par les assaillants), il est du devoir et du droit souverain de l’Etat de mobiliser toutes les forces combattantes de la population sous le drapeau national, ne serait-ce que pour faire nombre et permettre aux militaires de métier d’être plus efficaces ; puisqu’en outre, nous dit-on, il s’agit d’une guerre asymétrique : cela veut donc dire que le citoyen appelé sous le drapeau n’a pas besoin d’être un professionnel de la guerre, et peut néanmoins remplir des missions de guerre ; en tout cas, des missions de protection du territoire : il en est exactement de même pour nos lions et notre faune
Il ne suffit pas de demander aux citoyens de se mobiliser si l’Etat ne les mobilise pas. La mobilisation dont nous parlons est physique et militaire, pas simplement psychologique. On ne pourra pas faire l’économie d’une militarisation de la société si l’enjeu est d’arrêter l’encerclement du pays par les terroristes. Militariser le pays ne veut pas dire militariser le régime politique et les institutions, laisser des militaires diriger le pays
Or, là encore, prenant prétexte des dérives de l’ex RSP, le Burkina a élargi sa peur des militaires à toute son armée, à commencer par le pouvoir politique : de sorte que l’affaiblissement de toute l’armée burkinabè a résulté non pas de la dissolution du RSP, mais de cette peur panique de l’armée et des militaires qui pourraient encore lorgner vers le pouvoir d’Etat et le contrôle des institutions s’ils étaient forts. Pourtant, si cette peur s’explique dans ses causes, elle ne se justifie pas ses raisons, surtout lorsqu’on évoque la démocratie qui demanderait que les militaires restent dans leurs casernes : oui sans doute, mais il se trouve aussi que la démocratie a surtout besoin d’être protégée et défendue, comme on le voit aisément dans les grands pays démocratiques qui ne seraient pas ce qu’ils sont sans des armées fortes, lesquelles restent bien dans les casernes mais sont puissantes (on ne mesure pas assez chez nous le poids qu’ont les armées dans les vraies démocraties occidentales !)
Nous payons certainement aussi aujourd’hui, en plus du désintérêt pour l’intérêt général, les sophismes et les confusions qui ont proliféré au lendemain de l’insurrection au sujet de l’armée qui ne se réduit pas au seul ex RSP : nous avons donc bien aujourd’hui un gouvernement civil et des institutions démocratiques, mais sans moyens militaires pour les protéger face à des terroristes qui sont en train d’encercler le pays. Des militaires ont été écartés, ou éloignés volontairement du pays, comme pour anticiper et conjurer toute menace militaire contre le pouvoir politique.
De sorte que le peu de marges de manœuvre auquel est devant le président du Burkina, coincé entre la peur panique du militaire et le besoin vital du militaire pour défendre la nation, pourrait expliquer ses indécisions apparentes. Toujours est-il que, si l’on pense fonder le souci de démocratie sur la peur des militaires, l’on fait un bien mauvais calcul à coup sûr ; car ce sont au contraire le manque de sécurité et la peur de l’insécurité qui feront légitimement (re)naître chez les citoyens le désir et le besoin du militaire (ils se porteront tout naturellement vers qui assureront leur sécurité et leur survie) !…
La patrie ou la… patrie, nous vaincrons !
Dans un Burkina aujourd’hui aussi, sinon plus exposé que le Mali par où a commencé il y a quelques années l’invasion terroriste, un pays qui voit son territoire grignoté petit à petit et sans arrêt depuis trois ans, il est impensable d’éviter le passage obligé de la militarisation du peuple, notamment de la jeunesse : impensable et suicidaire de continuer à danser du coupé décalé arrosé de bières pendant que nos soldats se font découper en morceaux par des engins explosifs de terroristes, comme si cela se passait loin de chez nous et hors de notre territoire. Après trois ans d’insouciance et de flou, l’état d’urgence qui vient d’être décrété n’est que le signe d’une prise de conscience nationale du danger qui s’est déjà bien installé dans le pays. Pas plus. Cette prise de conscience n’est pas encore, nous semble-t-il, la prise de conscience de ce qui accélère et amplifie le danger : le désintérêt pour l’intérêt général et le bien commun
Nous en sommes là aujourd’hui : 1/ les intérêts personnels ont tellement été frustrés, combattus et effrayés sous Thomas Sankara qu’ils ont trouvé dans le changement de régime du 15 octobre 1987 leur meilleure occasion pour revenir en force, contre l’intérêt général ; et alors que le peuple burkinabè pensait, de nouveau, mettre fin à la dictature de ces intérêts personnels, les élites politiques et intellectuelles du pays lui ont vite tourné le dos :
Les uns confondant derechef la politique avec un marché où l’on fait ses affaires (mais le Burkina n’est pas le marché des ânes), rechignant à servir leur pays si leurs exigences personnelles ne sont pas satisfaites, utilisant ainsi leurs compétences pour faire valoir leurs créances auprès de la nation, laquelle se met du coup à devoir le maximum à quelques-uns au lieu que ce soient tous les citoyens qui lui seraient débiteurs, dans l’intérêt de tous.
Les autres, en apportant leur caution intellectuelle à la négation de l’esprit révolutionnaire des 30 et 31 octobre 2014, tous lecteurs du révolutionnaire Karl Marx qu’ils paraissent, mais oubliant le rôle contre-révolutionnaire reconnu par les marxistes aux intellectuels dans la production et le contrôle des idées et mots qui maintiennent le peuple dans l’ordre ancien ( c’est l’idéologie), se sont livrés à un simple travail de rectification sémantique (du sens des mots) en distinguant insurrection et révolution (mais bien sûr qu’une insurrection n’est pas, à la lettre, une révolution !) et en refusant le nom de révolution à l’insurrection de 2014 ; et nous promettent alors une révolution qui n’aura jamais lieu, puisque ce sont Marx et Lénine qui devront, en quelque sorte, revenir indiquer au peuple quelles seront les bonnes conditions et le bon moment pour faire la vraie révolution. Nos révolutionnaires orthodoxes sont les pires artisans du statu quo au Burkina.
2/ Enfin, c’est cette nouvelle ère de libération des intérêts personnels de nouveau décomplexés qui explique que des Burkinabè insistent encore aujourd’hui pour le retour des responsables du régime d’avant l’insurrection : puisque le champ est de nouveau libre et dégagé, ils peuvent revenir ; la conscience de l’intérêt général que l’insurrection avait charriée et réintroduite brutalement dans le pays en 2014 n’aura été qu’une courte parenthèse dans l’imposant ordre des intérêts personnels et des privilèges qui nous distraient cependant de la menace qui nous arrive et nous frappe.
L’empire ou la domination des intérêts personnels a (r)ouvert la boîte de pandore par où s’échappent les conflits et maux actuels (y compris le terrorisme qui est facilité par cet empire, pas l’inverse). Ces intérêts personnels ont aujourd’hui des visages : pas seulement l’argent, mais aussi la religion, l’ethnie…, face auxquels il ne sert strictement à rien de parler de réconciliation sans cultiver ni même évoquer l’intérêt général : car sans ce dernier, toute réconciliation ne restera encore qu’un consensus pour promouvoir de plus belle, ensemble et de commun accord, les intérêts personnels : se réconcilier justement parce qu’il y a, de nouveau, des parts du même lion à se tailler, une res nullius, un bien sauvage sans maître, à déchiqueter plutôt qu’à se partager ; faute du bien commun, res communis, le seul qui puisse se partager parce que, appartenant à tous, il n’appartient à personne en particulier.
L’intérêt général reste à éduquer et cultiver dans le pays, pour toujours ; il est notre seule bouée de sauvetage. C’est la patrie. La patrie ou la patrie, nous vaincrons !…
Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE
Source: LeFaso.net
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