L’Association Amnistie pour l’Eléphant (AAPE) est un regroupement d’une cinquantaine de volontaires d’horizons divers. Association apolitique et non confessionnelle, elle a pour finalité le développement socioéconomique des populations à la base à travers la gestion des ressources naturelles au Burkina Faso en général et en particulier celle des éléphants afin de garantir leur espace de vie.
C’est ainsi que cette association par l’entremise du Secrétariat de la Convention de Ramsar sur les zones humides, a bénéficié du Fonds de la subvention Suisse pour l’Afrique (FSA), des financements pour la réalisation du “Projet pilote d’appui à la mise en œuvre du Plan d’action de la Politique nationale sur les zones humides du Burkina Faso”.
Ledit projet a été exécuté de 2016 à 2018 en partenariat avec le Secrétariat Permanent du Conseil National pour le Développement Durable (SP/CNDD) du Ministère de l’Environnement, de l’Economie Verte et du Changement Climatique. Il s’est aussi concrétisé avec les apports aussi bien technique que financier de différents partenaires que sont l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), la Convention sur les Espèces Migratrices appartenant à la faune sauvage et l’Accord Afrique-Eurasie pour la conservation des oiseaux d’eau (CMS/AEWA) au Burkina Faso, la Fondation Les Amis de la Nature (NATURAMA), les Collectivités Territoriales et les Directions régionales de l’Environnement, de l’économie verte et du changement climatique.
Le Projet est un instrument de mise en œuvre de la Politique nationale sur les zones humides du Burkina Faso. Pour ce faire, il se devait :
de contribuer à contextualiser le Plan stratégique 2016-2024 de la Convention de Ramsar au Burkina Faso à travers l’organisation des campagnes régionales de sensibilisation et d’appropriation de ce plan stratégique ;
d’élaborer le plan de gestion du site Ramsar du lac Higa en tant que modèle conceptuel de gouvernance locale des zones humides ;
de caractériser des zones humides en sites Ramsar.
Trois ans de mise en œuvre et des acquis indéniables
Avec un taux d’exécution physique de 96 % et un taux de réalisation financière de 100%, le Projet a permis d’atteindre les résultats escomptés ci-après :
les trois Conférences régionales sur le Plan stratégique de la convention de Ramsar 2016-2024 et la Politique nationale sur les zones humides ont été effectivement organisées dans les chefs-lieux de région à Bobo-Dioulasso, à Ouagadougou et à Dori ;
300 posters sur le Plan stratégique de la convention de Ramsar 2016-2024 ont été produits et distribués aux différentes parties prenantes ;
le Plan de gestion du site Ramsar du lac Higa a été élaboré, puis restitué et validé aux cours de l’atelier communal de Tankougounadié dans la province du Yagha abritant la zone humide, et à l’issue de l’atelier régional tenu à Dori ;
les partenariats techniques avec l’UICN, la Convention de Ramsar et celle de la CMS/AEWA et de la Fondation NATURAMA ont été consolidés. En outre, le Projet a bénéficié d’un cofinancement pour l’élaboration du Plan de gestion du site Ramsar du lac Higa de la part de la Fondation NATURAMA, ce qui a permis de mutualiser les ressources humaines, financières et la documentation pertinente y relative ;
les deux zones humides ciblées ont été caractérisées. Il s’agit du complexe écologique (i) – du Parc Bangr Wéogo et des trois barrages de Ouagadougou pour en faire un site Ramsar urbain et, (ii) – de celui de PO-NA-SI formé par le Parc national de Pô (Kaboré Tambi) la Forêt classée et Ranch de Gibier de Nazinga, de la forêt classée de la Sissili pour classement sur la liste de Ramsar. Cependant, les Fiches Descriptives de Ramsar finalisées doivent être transmises au Secrétariat de la Convention pour l’acte final de classement ;
les acquis du Projet sont utilisés dans le cadre d’un Programme régional en cours de montage sur la résilience des mares sahéliennes et celle des communautés locales qui bénéficient directement des services écosystémiques offerts par ces zones humides.
Un bilan satisfaisant et des enseignements pour l’avenir
La diffusion du Plan stratégique de la Convention de Ramsar 2016-2024 et la Politique nationale sur les zones humides, au cours des ateliers régionaux et des sorties de terrain, a permis de mettre à niveau les informations des participants sur la richesse de la diversité biologique des écosystèmes des Zones humides du Burkina Faso ainsi que les fonctions qu’elles assument, les biens et les services écosystémiques qu’elles procurent aux populations.
Cependant, ces zones humides sont menacées par l’aridification du climat et surtout par la gestion minière de leurs ressources, d’où la nécessité de conjuguer les efforts pour inverser cette tendance de dégradation et pour restaurer ces Zones humides ainsi fragilisées.
Les participants ont apprécié positivement ce dialogue et se sont résolument engagés à contribuer à l’amplification des informations sur ces thématiques. C’est ainsi qu’aux cours des ateliers régionaux, ils ont même formulé des initiatives « d’appel à Sites Ramsar ». Des idées ont été émises sur la formulation à titre illustratif de projets d’inscription de la Vallée du Kou intégrant les forêts classées du Kou et de Dindéresso, du marigot Houet dans la région des Hauts-Bassins sur la liste de Ramsar. Il en est de même en ce qui concerne le complexe écologique parc BangrWéogo et les trois barrages de Ouagadougou dans la région du Centre, ainsi que le barrage de Ziga dans la région du Plateau central.
La mise en œuvre du Projet a boosté l’élaboration et la soumission par le Burkina d’un Projet de Résolution sur les Missions Consultatives Ramsar à la treizième session de la Conférence des parties (COP13) à la Convention de Ramsar qui s’est tenue du 21 au 29 Octobre 2018 à Dubaï aux Emirats Arabes Unis. La Résolution XIII.11 sur les Missions Consultatives Ramsar soumise par le Burkina a été adoptée par la COP13 de Ramsar (https://www.ramsar.org/about/cop13-resolutions).
Deux zones humides en passe de dévenir des sites Ramsar
• Le complexe formé par le Parc urbain Bangr-Wéogo et les trois (3) barrages de Ouagadougou offre une gamme importante de services pour le bien-être de la population. Espace de loisirs et de détente, ce défi de l’environnement, de la lutte contre la désertification, le changement climatique, la pollution, est logé dans la ville de Ouagadougou comme un poumon salvateur. Prenant racine sur les berges des trois (3) barrages, ce massif forestier constitue un lieu d’éducation environnementale, un cadre pédagogique et récréatif de réduction du stress par excellence.
Son classement en site Ramsar est une opportunité pour amplifier les biens et services écosystémiques qu’il procure aux citadins !
• Le Complexe d’Aires Protégées PÔ-NAzinga-SIssili (CAP-PONASI) est une des aires protégées de la région du Centre sud du Burkina Faso ayant un statut juridique lui permettant de servir de refuge aux espèces de faune et de réservoir d’espèces endémiques de flore. Il abrite après la région de l’Est, la deuxième plus importante aire de répartition des éléphants du pays.
L’Eléphant : espèce bio-indicatrice de la santé des écosystèmes et de la gestion intégrée réussie des aires de conservation et des espaces agraires
Le complexe écologique PO-NA-SI est confronté aux problèmes environnementaux dont la fragmentation de son écosystème par les activités agricoles (surtout avec les agrobusiness ainsi que la culture du coton utilisant des produits chimiques non contrôlés), et aussi des activités pastorales et de carbonisation, le braconnage, les conflits hommes/éléphants. Ces conflits ont un impact négatif sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations affectées, occasionnant une attitude hostile de leur part envers les animaux sauvages.
Ce complexe du Burkina Faso est un véritable corridor transfrontalier avec le Ghana (Mole National Park and Red Volta river Forest) et le Togo (Aire de la Fosse aux lions). Sa désignation en Site Ramsar va permettre de réduire la fragmentation du milieu en limitant la perte immédiate des habitats, la partition de l’aire en espaces plus petits et la perturbation des processus de migration.
Aussi, l’application de l’approche intégrée des zones humides et des paysages agraires contribuera-t-elle à l’impulsion des économies tant régional, national que local pour le mieux-être des populations tout en garantissant la conservation de la diversité biologique mondiale.
Par : Bobodo dit Blaise SAWADOGO
Président de l’AAPE, Membre du Groupe
des Spécialistes de l’Eléphant d’Afrique (GSEAf)
Source: LeFaso.net
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