Face à la presse, ce lundi 24 décembre 2018, à l’Assemblée nationale, les députés de l’opposition politique notamment de l’Union pour le Progrès et le Changement, du Congrès pour la démocratie et le progrès et le groupe Paix Justice et Réconciliation Nationale (PJRN) ont donné les griefs qui ont motivé leur position sur le projet de loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat/exercice 2019, adoptée le 18 décembre dernier. Le budget de l’Etat, faut-il le rappeler, se chiffre à 2237, 42 milliards de FCFA en recettes et à 2 503, 59 milliards de FCFA en dépenses dégageant ainsi un solde budgétaire global de moins 226, 17 milliards de FCFA, correspondant à moins 3% du PIB.

Les groupes parlementaires de l’opposition politique ont rejeté le projet loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat/exercice 2019 pour plusieurs raisons. « Le budget de 2237, 42 milliards de FCFA accorde peu d’importance à l’investissement », a signifié le président du groupe parlementaire Paix Justice et réconciliation nationale (PJRN), François Bacye Zilma, dans son exposé liminaire. En effet, dans la loi de finances rectificative, l’investissement occupait un taux de 44,5% en 2018. Pour 2019, elle est estimée à environ 24%. Convaincu que l’investissement permet de répondre aux nombreuses préoccupations des populations, les députés de l’opposition politique se sont interrogés sur le projet réel du gouvernement.


Pour sa part, le Vice-président du groupe parlementaire CDP, Alphonse Nombré, a ajouté que le budget de l’Etat/exercice 2019 opère un matraquage fiscal. « De nouveaux impôts ont été institués, mettant en cause les acquis sociaux », a-t-il fait savoir. A titre illustratif, il a indiqué la taxe sur les véhicules à hauteur, supprimée en 1999 suite à des revendications sociales et la fiscalisation des indemnités servis aux travailleurs, entre autres. A ce niveau, le président du groupe parlementaire UPC, Nicolas Dah n’a pas caché sa frustration : « nous avons des impôts qu’on a créé en 2016 et qui ne sont pas recouvrés et on continue de créer de nouveaux impôts pour justifier le fait que nous voulons des chiffres macroéconomiques qui plaisent au FMI (…) ».

Des griefs auxquels il faut mentionner la gratuité des soins au profit des femmes enceintes, allaitantes et des enfants de moins de 5 ans. « C’est une bonne politique mais dans la mise en œuvre, nous nous sommes rendu compte que dans les formations sanitaires, il y a des ruptures régulières de médicaments. Vous allez vous consulter, on vous prescrit du paracétamol. Le paracétamol ne soigne pas toutes les pathologies », a confié le député Nombré. « (…) Je viens de voir dans la presse le ministre de la santé qui dit lui-même que l’Etat doit 21 milliards à la CAMEG au titre de la mise en œuvre de cette politique. Alors que dans le budget de 2019, il n’y a qu’un montant de 26 milliards de F CFA qui a été inscrit. Ça veut dire qu’on inscrit un budget rien que pour rembourser la CAMEG ? Est-ce que la gratuité des soins était un slogan de campagne ? » ; avant de se questionner.


S’inscrivant dans cette dynamique, le député Nicolas Dah a précisé que « le projet de budget qui a été déposé à l’ouverture de la session n’est pas celui qu’on a porté à l’adoption à la clôture ». Le recours aux projets PPP pour la construction des bâtiments administratifs, est aussi une préoccupation qu’il a soulevée, car « il fait courir à notre pays, le risque de surendettement qui pourrait rendre la vie difficile aux générations à venir ».

Cependant, les principaux animateurs de la conférence de presse n’ont pas manqué de saluer les efforts consentis dans le relèvement du budget alloué au secteur de la sécurité et de la défense par rapport à l’exercice 2018. Ainsi, le budget du ministère de la Défense nationale et des anciens combattants, qui était de 169 milliards de F CFA en 2018, passera à 209 milliards de F CFA pour l’exercice 2019, soit une augmentation de 23,41%. Celui du ministère de la Sécurité passera de 71 milliards de F CFA en 2018 à 99 milliards de FCFA, soit une augmentation de 38,99%.

Aïssata Laure G. Sidibé

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Source: LeFaso.net