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Poursuivi pour meurtre et coups et blessure, incitation aux actes contraires à la discipline militaire et trahison, le général Gilbert Diendéré a déclaré ce lundi 26 novembre 2018 à la barre ne pas reconnaître les faits qui lui sont reprochés.
Prenant la parole, le général Diendéré a d’abord salué le tribunal tout protocole respecté.
Il s’est ensuite incliné avec « beaucoup d’humilité et de respect » devant la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie au moment des faits. Il a souhaité prompt rétablissement aux blessés.
« Je n’ai ni planifié, ni organisé, ni exécuté ce que les gens appellent coup d’État », a déclaré Gilbert Diendéré indiquant avoir « assumé une situation donnée ».
« J’ai posé des actes dont les qualificatifs peuvent être discutés avec les spécialistes du droit », a t-il relevé.
Selon Gilbert Diendéré, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac avait entrepris de faire disparaître le RSP. Il a incité et financé certaines OSC pour une campagne de dénigrement via la presse et les réseaux, afin de pousser le RSP à commettre un acte contraire à la discipline.
Le général Gilbert Diendéré a tenu ce lundi à situer le contexte général. Ainsi, il relate les faits depuis fin octobre 2014, les moments forts de la chute de l’ex-président Blaise Compaoré.
Le 30 octobre 2014, l’accusé dit être à Kosyam donc il ne savait pas ce qui se passait au centre-ville pour que le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida puisse se retrouver au chef d’État major général des armées.
Selon Diendéré, le 30 octobre 2014, le colonel Zida est venu les trouver avec le Colonel-major Boureima Kiéré (chef de corps du RSP en ce moment) à Kosyam, pour le compte rendu de la réunion avec la hiérarchie militaire.
« Je pense qu’il faut organiser une descente musclée au chef d’État major général des armées, car c’est un coup d’État qui se prépare contre Blaise Compaoré et je suis contre », avait suggéré Yacouba Isaac Zida. » Je lui ai dit non, et j’ai décidé d’appeler le général Honoré Traoré », a relaté Gilbert Diendéré.
Le général Diendéré est également revenu sur les rencontres entre le chef de l’État d’alors, Yacouba Isaac Zida, et des responsables d’OSC.
Zida, après sa déclaration à la place de la nation le 31 octobre 2014, il s’est retiré au camp Guillaume Ouédraogo avec des responsables d’OSC. Là-bas, il leur a remis 50 millions de francs CFA, relate Diendéré.
« Cette somme était destinée pour la mission du RSP à Bobo, pour la fête des Forces armées nationales (FAN) prévue pour le 1er novembre 2014, expliqué-il.
« J’insiste ! Les responsables d’OSC ont pris, bouffé l’argent du RSP », a clamé le général Diendéré.
1er novembre 2014 : Début du divorce entre Zida et le RSP
En situant le contexte général du putsch du septembre 2015, le général Gilbert Diendéré revient sur les événements de l’après Blaise Compaoré.
« Le 1er novembre 2014, moins d’une heure après la déclaration lue par le chef d’État major général des armées adjoint, Zagré, le lieutenant-colonel Zida m’a appelé pour me dire qu’il est désormais le chef d’État », relate Diendéré.
Ainsi, il l’a ordonné de sauter le Colonel-major Boureima Kiéré à la tête du RSP, et le remplacer par le capitaine Kouda. » Voilà le début des problèmes que nous avons rencontré au niveau du RSP », a confié le général Diendéré à la barre, avant d’ajouter qu’en ce mois de novembre 2014, il y a eu beaucoup de frustrations et d’humiliation au sein du corps (RSP).
Le 26 novembre 2014, le président de la Transition, Michel Kafando a rencontré le général Diendéré. Selon l’accusé, le président Kafando lui a dit qu’il était désolé, qu’il ne voulait pas mais ce sont les jeunes qui en ont décidé. Cependant, il était obligé de décharger le général Diendéré de son poste de chef d’État major particulier de la présidence. « Je lui ai dit : il n’y a pas de problème. Je suis un militaire donc je reste toujours disponible pour mon pays en cas de besoin », a indiqué Diendéré.
Michel Kafando voulait remplacer Zida le 14 juillet 2015
L’audience a repris à 14h 15 après la pause d’une heure. Selon le récit du général Gilbert Diendéré, le président de la Transition Michel Kafando a rencontré les officiers du RSP. Cette rencontre a porté essentiellement sur la crise au sein du corps. Les officiers ont voulu que le Premier ministre Yacouba Isaac Zida regagne le RSP afin que règne une bonne ambiance. Trouvant cette décision « sage », Michel Kafando avait décidé de remplacer Zida le 14 juillet 2014.
Ayant eu vent de ce projet, Zida a rencontré Michel Kafando pour lui dire que ces officiers qu’il a rencontrés ne constituent pas la représentativité de la hiérarchie militaire. « Paniqué », le président Kafando est revenu sur sa décision. C’est ainsi que le 16 juillet 2015, Michel Kafando a décrété la mise en place du Cadre de concentration de sage, un organe de médiation des acteurs politique, militaire et civil.
Le 16 septembre 2015, « Ce qui est devait arrivé arriva »
Le Cadre de concertation de sage a rencontré les éléments du RSP pour une sortie de crise. Au cours de ce tête-à-tête, des propositions ont été émises.
Il s’est agi de maintenir le RSP, maintenir le Premier ministre Zida jusqu’à la fin de la Transition, réviser la loi Chérif, réviser la loi 019 portant sur le statut des militaires, diviser le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure en deux, et démettre le ministre Auguste Denise Barry de ses fonctions.
Le 14 septembre 2015, Mgr Paul Ouédraogo a remis le rapport du Cadre de concertation de sage au président de la Transition, où il était question de la dissolution du RSP avec effet immédiat. Or, le général Diendéré a précisé qu’au cours des échanges, il était question de maintenir le RSP.
Le Conseil des ministres du 16 septembre 2015 a pris la décision de dissoudre le RSP.
« Ce qui est devait arrivé arriva », a déclaré Gilbert Diendéré.
Il était 16h 16 minutes lorsque l’audience a été suspendue. Elle reprendra le mardi 27 novembre 2018, à 9h 00.
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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