Dans cette réaction, Harouna Dabré, plus connu sous le pseudonyme de Lengha Fils sur les réseaux sociaux, réagit à la publication de « Je sais qui je suis », apparait comme le Tome 1 des mémoires de Yacouba Isaac Zida, l’ancien Chef de l’Etat et Premier ministre de la Transition.
J’avais pris l’engagement ne plus faire d’analyses politiques pour des raisons qui me sont propres. Mais face à une situation qui inquiète la tranquillité des Burkinabè, personne ne saurait se taire car comme le dit un adage bissa, en situation de péril, le silence est complice. A titre exceptionnel, je livre mon analyse sur le fameux « Je sais qui je suis ».
Le « Je sais qui je suis » ou le programme politique de Zida
Sans détour, Zida a joué bidé. L’auteur semble nostalgique des périodes de troubles où il s’en sortait très bien. Dans son tome 1, l’auteur prend une hypothèse de calcul trop simpliste. Pour lui, ce pouvoir est fini et c’est le meilleur moment pour lui d’entrer en action. Le tome 1 est ainsi le coup de gourdin pour achever ce pouvoir de sorte à ce qu’on voit en lui le nouveau tombeur du régime tel qu’il s’était présenté en octobre 2014. Mais Zida a-t-il confondu les époques ?
Trahi à son tour et abandonné par ses alliés d’hier, Zida veut reprendre le commandement de ses affaires et de ses intentions politiques. Finie la sous-traitance avec les alliés qui ont fini par quitter les entrainements et les champs d’action. L’ancien général radié veut désormais traiter directement maintenant avec la masse populaire qu’il avait désillusionné durant la transition. Je le répète que Zida était trop loin du pouvoir en octobre 2014 sur le plan du grade militaire et sur le plan constitutionnel. J’insiste pour dire qu’au plan constitutionnel, le pouvoir revenait au Chef d’Etat-major des armées puisque le Président Blaise Compaoré avait décrété l’état de siège avant de quitter le pouvoir et le pays.
Dans son ouvrage, Zida n’épargne donc personne. Il tire des roquettes sur tous ses anciens alliés qui l’ont pourtant aidé à tromper et à prendre le pouvoir par la force en octobre 2014. C’était son premier coup d’Etat, aidé par des soldats civils de profession balayeurs, juristes et constitutionnalistes. Cela a-t-il donné une légalité à son coup de force ?
Ecarté des affaires malgré lui par la fin de la transition, Zida a perdu ses alliés. Il n’y a plus de contacts suivis, ni d’actions visibles sur le terrain pour son compte. Se sentait-il abandonné et trahi à son tour ? C’est pourquoi il a consacré des pages dans son tome 1 à discréditer ces célèbres constitutionnalistes, avocats, juges, balayeurs et autres qu’on a vus à ses côtés au temps fort de l’insurrection. Zida par exemple sait que le peuple a balayé le balai citoyen et par conséquent, pourquoi s’encombrer d’alliés qui ne pèsent plus rien ? C’est pourquoi il les a tous matés dans son ouvrage. Tous ces balayeurs et constitutionnalistes sont cloués au silence sinon le tome 2 sera extrêmement bourré de preuves accablantes. Vous verrez que personne d’entre eux n’osera contester sa version. Sur ce point, Zida a réussi. Je leur lance le défi de contester Zida.
Mais là où Zida a échoué, c’est quand il s’en prend au pouvoir dont lui-même a applaudi l’avènement. Sur ce point, il devrait d’abord formuler une vraie hypothèse comme angle d’analyse et de montage de son scénario : le peuple ne me fait plus confiance. A partir de cette hypothèse vraisemblable, il pouvait bien formuler sa stratégie de reconquête de la confiance du peuple d’abord. Mais l’homme a préféré aller se buter à ce qu’il croit urgent et essentiel : reconquérir le pouvoir.
Il est donc clair que Zida affiche mais très mal ses ambitions d’homme providentiel pour ce pays en ce moment précis qu’il croit opportun. C’est là qu’il révèle ses vraies intentions en plein soleil. C’est là où se trouve la vraie raison de la publication du tome 1. Mais a-t-il choisi le bon moment et le meilleur angle de tir ? Je suis certain que non. Parce que lui-même est un adversaire pour tout le monde : militaires, civils, politiques, citoyen lambda ; après tout ce qu’il a fait sous la transition. Il doit en être conscient.
En affichant ses ambitions à un moment où son image et son nom sont répugnants dans l’opinion publique, Zida s’attire tous les adversaires, ceux de l’ombre et de la lumière, de la majorité à l’opposition. Quel que soit l’homme qui sera au pouvoir, Zida devient un ennemi à « abattre » car personne ne voudrait lui faire de la place encore sous l’ombre des arbres de Kosyam. Toute la classe politique peut faire unanimité pour combattre Zida. Pour ce faire, Il n’est plus l’affaire du seul MPP dont il accable le Président.
Zida doit se rendre à l’évidence que c’est par simple curieusité que beaucoup de gens vont payer son tome 1. Beaucoup le feront pour juste détenir la preuve de ce qu’il pense de lui : un homme qui dit des contrevérités. Aujourd’hui, à écouter les commentaires sur les radios, journaux et réseaux sociaux, beaucoup de Burkinabè sont plutôt prêts à pardonner Blaise Compaoré que Zida : en homme averti, il a brisé deux fois l’espoir des Burkinabè. Si Blaise Compaoré avait eu la chance de Zida, il se serait très vite racheté.
Mais pourquoi avoir écrit tome 1 sur le livre ? A mon avis, ce n’est pas parce qu’il lui manque des pages dans le tome 1 pour tout raconter. C’est une issue qu’il se donne, une sorte d’avertissement comme pour dire que ceux qui sont aux affaires maintenant sont obligés de se taire et de négocier avec lui, sinon… L’homme fort de la transition prévient explicitement qu’il y a d’autres choses à raconter si le tome 1 n’atteint pas la cible au cœur et si les gens ne négocient pas avec lui. Il pourrait écrire des dizaines de tomes. Mais l’ancien général radié oublie qu’il est comme une boîte d’allumettes mouillée. Aucun brin ne donnera du feu. De toutes les façons, il peut continuer à raconter ses « bobards » comme dirait son ancien patron de la transition. Personne ne le croit encore dans ce pays.
Finalement Zida ne sait pas qui il est sinon, il n’écrirait pas un tel ouvrage qui le condamne davantage. Le peuple a entériné la légitimité de ce pouvoir en place. Celui qui le conteste prépare un coup d’Etat. Zida est celui qui a organisé les élections qui ont vu l’élection de ce pouvoir. S’il estime que ce président n’est pas l’homme qu’il faut, pourquoi a-t-il frauduleusement voulu être son représentant à Washington DC ? Si Zida avait eu le poste d’ambassadeur à DC, allait-il raconter ces choses ?
C’est comme son acolyte Hervé OUATTARA qui s’est transformé en opposant après avoir négocié en vain nuitamment une bourse pour aller étudier à l’extérieur.
Burkinabè, restons soudés et ne permettons plus qu’un individu nous mélange encore. Nous en avons trop souffert.
A mon cher ami Zida, j’ai un conseil : aide les gens à t’oublier.
Lengha Fils
Source: LeFaso.net
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