Le Burkina Faso va commémorer, dans quelques semaines, en octobre prochain, le quatrième anniversaire de sa deuxième insurrection populaire, après celle du 3 janvier 1966, qui avait vu la chute du premier président, Maurice Yaméogo. Cette dernière insurrection marque la fin non seulement de cinquante ans de pouvoir militaire, mais surtout de celui de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis le 15 octobre 1987.
Pour s’en convaincre de cette situation polico dramatique, il n’y a qu’à se rappeler du regard ahuri du président Yayi Boni du Bénin, lors de la cérémonie de passation de charge marquant le début de la période de transition politique entre le Colonel Yacouba Zida et le président Michel Kafando.
Blaise Compaoré lui-même s’était totalement installé dans la certitude d’être doté de cette étoile que les autres n’ont pas, et qui faisait de lui un surhomme. Et bien de burkinabè le voyaient et le croyaient ainsi.
Avait-on oublié que le pouvoir des hommes n’est qu’un prêt qui se réclame à tout moment ?
L’insurrection populaire d’octobre 2014, a été un évènement politique majeur, pour le Burkina Faso, de par les circonstances de son avènement et de la qualité des acteurs. Survenue après cinquante ans d’indépendance, elle a fait chuter le régime de Blaise Compaoré accusé de décrochage démocratique, de mal gouvernance et de crimes de sang, par des insurgés dont la grande majorité était composée de jeunes. Elle semble être également la résultante d’un processus politique, un héritage de notre tumultueuse histoire politique, et devra constituer pour longtemps, un repère et une source de réflexions et de solutions pour notre pays, et peut être pour d’autres.
Cette insurrection a été un moment d’optimisme pour tous les démocrates africains, qui y ont vu un grand signe de courage politique et de démocratie avancée, de la part d’un peuple qui semblait être à jamais soumis, face à un pouvoir qui jusque-là, n’avait point vaciller face à une quelconque menace politique.
Une insurrection populaire politique de cette nature, est porteuse d’un potentiel démocratique immense, duquel on attend un renforcement de la démocratie et un perfectionnement de l’Etat de droit.
Malheureusement, malgré son immense portée politique et historique, elle semble déjà oubliée, comme si c’était un banal accident de l’histoire survenu dans notre pays. Les analyses sur la situation nationale intègrent très peu l’intérêt et les valeurs de cet évènement.
Il est vrai que cette situation est du goût de plusieurs personnes, mais les démocrates ne doivent-ils pas donner de la voix.
Par contre, depuis l’insurrection, notre pays est en peine avec un niveau d’incivisme et de revendications sociales, jamais égalé au Burkina Faso. Comme si les burkinabé venaient de découvrir la nudité infrastructurelle de leur pays, et la profondeur de leur pauvreté.
Les français se reprochent souvent de savoir réussir les révolutions mais de refuser les réformes, les burkinabé, eux, n’ont-ils pas de la peine à installer un Etat de droit chaque fois qu’ils réussissent une insurrection ?
Ainsi la première insurrection du 3 janvier 1966, a fini entre les mains de l’armée, qui est restée au pouvoir jusqu’en octobre 2014, alors qu’il existait une solution constitutionnelle.
Pourquoi la grogne sociale et les actes d’incivisme ont-ils pris une telle dimension au sortir de l’insurrection ?
Est-ce que l’avènement de l’insurrection devait-elle donner naissance dans sa suite, à un mieux-être immédiat qui n’aurait pu se produire ?
Les objectifs immédiats de l’insurrection n’ont-ils pas été atteints ?
Comment expliquer l’impatience manifeste de certaines populations vis-à-vis du régime Kaboré à peine installé ?
N’est-ce pas, que cette situation confirme cette affirmation du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies dans une étude , à savoir que « le passage d’un État répressif à un État démocratique et l’amélioration des systèmes démocratiques existants se heurtent inévitablement à des obstacles » ?
A cette situation il faut compléter, ces tentatives de déstabilisation de nos institutions, avec la récurrence des actes terroristes, par, ce qui semble être une coalition de ceux qui estiment n’avoir rien engrangé dans l’insurrection, et de ceux que l’insurrection aurait dépossédés.
Le Burkina Faso est transition démocratique. Allons-nous pouvoir relever ce défi à la démocratie que constitue l’insurrection populaire ?
La première insurrection ayant connu un échec démocratique, sommes-nous en train de réussir la deuxième ?
1. La portée politique de l’insurrection d’octobre 2014
L’insurrection politique d’octobre 2014, est l’histoire d’un peuple qui n’a pas connu de continuité et d’alternance démocratiques. C’est l’histoire d’un peuple qui s’est essayé à la révolution ; c’est l’histoire d’un peuple où des familles ont été endeuillées par les violences politiques, c’est l’histoire d’un peuple qui a été dirigé de mains de maitre pendant vingt et sept ans et qui a cherché la rupture. L’insurrection a été la manifestation de ce besoin de rupture.
Cette perspective historique a également donné naissance à des attentes importantes et pressantes à tel point qu’à peine élu, le président Roch Kaboré a dû faire face et ce, jusqu’à ce jour à une situation qui s’apparente à une adversité politique sans pareille, caractérisée par une grogne sociale et un incivisme qui semblent être les prix à payer pour avoir été élu. On lui oppose l’immédiateté des solutions aux préoccupations des populations, notamment l’amélioration des conditions de vie.
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Source: LeFaso.net
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