À 72 heures de la marche-meeting de l’opposition politique, les partis et formations politiques multiplient les appels à la mobilisation, via divers canaux d’expression. À la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), c’est par une conférence de presse tenue ce mercredi 26 septembre 2018 à son siège national à Ouagadougou, que les responsables ont appelé les militants et sympathisants à la marche-meeting du 29 septembre prochain.

« Le Burkina Faso traverse une période sombre de son histoire. Jamais, au grand jamais, depuis l’indépendance, l’unité nationale et notre intégrité territoriale n’ont été aussi menacées. Ceci, résultant de l’incompétence d’un régime qui s’est illustré de la plus sinistre des manières à tous les niveaux. Ce qui est d’ailleurs désolant, c’est qu’on a l’impression que le système actuel prend du plaisir à entraîner le Burkina vers le gouffre, ce que nous n’allons jamais accepter. Si non, comment comprendre que le ‘plus rien ne sera comme avant’ soit devenu aux yeux de tous, ‘tout sera pire qu’avant’ ? », introduit le président de la NAFA, Pr Mahamoudou Dicko, et ce, après avoir fait observer un instant d’hommage aux victimes des attaques terroristes.

Les responsables du parti soutiennent qu’après les évènements d’octobre 2014, les Burkinabè ont vite fait de comprendre que les dirigeants actuels étaient en réalité responsables des tares du régime Compaoré. À la NAFA, l’on est convaincu que le pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a fini de montrer qu’il n’a plus de solution pour le Burkina.

« Au mépris de la souffrance des populations, ce qui les préoccupe le plus, est de se faire réélire en 2020. On apprend d’ailleurs que leur budget de l’éventuelle campagne 2020 serait déjà bouclé. Et cela malgré une gouvernance caractérisée par une politisation de l’administration publique, le népotisme et la corruption ‘à ciel ouvert’.

Du chômage des jeunes, on n’en parle pas. Alors que les concours d’entrée en fonction publique de cette année ont enregistré plus d’un million trois cent mille candidats pour plus de 6 000 postes disponibles, soit moins de 0,46% de la demande. Une régression fulgurante quand on compare les chiffres de l’année précédente.

Que deviendront donc les autres diplômés abandonnés à eux-mêmes ? », déplorent Pr Dicko et ses camarades, notant également que le PNDES (Plan national de développement et social) ne répond pas aux attentes des Burkinabè.

Sur le plan de la sécurité, les dirigeants du parti retiennent que « malgré les déclarations tonitruantes d’un certain ministre de la Défense, qui envisageait terroriser les terroristes », les terroristes continuent les attaques. « Plutôt que de remettre en cause leur politique sécuritaire et leur incapacité à trouver des solutions idoines, le régime MPP s’est lancé dans une opération mensongère et éhontée en s’en prenant à l’opposition politique républicaine », regrettent-ils.

La direction politique de la NAFA note en outre que la réconciliation nationale (qui doit créer l’union sacrée pour sauver la patrie) n’est pas une priorité pour le MPP et ses alliés. « La haine, la vengeance, l’ostracisme, les déclarations et accusations hasardeuses sont devenus le socle de leur gouvernance », dénoncent-ils.

À cette liste de charges, s’ajoute, selon eux, la remise en cause des libertés syndicales « où la critique ou le simple fait de s’opposer au régime est désormais qualifié d’attentat à la sûreté d’État. Cela en complicité avec une justice instrumentalisée toujours aux ordres du pouvoir ». Les cas Naïm Touré, Pascal Zaïda, Auguste Denise Barry, Safiatou Lopez sont pris pour illustrations.


« Le cas du général Djibrill Ypèné Bassolé illustre le fait que pour ce procès du putsch, d’une manière générale, toute la procédure est symptomatique de graves déviations. Nous avons observé, depuis le début, des déviations par rapport aux règles du ‘procès équitable’ et aux garanties minimales qu’exige le respect des droits de la défense dans une justice impartiale, soustraite des influences politiques.

Le procès du putsch, censé faire éclater la vérité, est devenu une tribune où apparemment il y a vice de procédures et de possibles faux et usage de faux. Cette justice militaire, prise dans son propre piège, confuse dans ses propres contradictions flagrantes, confirme le fait que Djibrill Bassolé, arbitrairement détenu depuis maintenant trois ans (3e anniversaire) est un prisonnier politique du pouvoir MPP », ressassent les responsables de la NAFA.

C’est au regard de cette situation précédemment décrite, que les conférenciers justifient leur engagement « aux cotés de l’opposition politique et des forces vives de la nation » pour la marche-meeting. « La NAFA invite donc tous ses militants, les habitants des non-loties, des villes et campagnes, fonctionnaires, commerçants, société civile et autres à sortir massivement pour la marche-meeting des forces vives de la nation ce samedi 29 septembre 2018 », ont-ils lancé.

« L’opposition est une opposition responsable. Ce ne sont pas des brûleurs de maisons qui sont dans l’opposition actuelle. Depuis que l’opposition organise ses marches, sous la direction de Zéphirin (Diabré), jusqu’à preuve de contraire, ce sont des marches qui ont été bien encadrées. Le pays nous appartient tous et nous ferons en sorte que la marche soit une marche pacifique, libre, républicaine… », avance le président de la NAFA, pour rassurer l’opinion des précautions prises par l’opposition pour prévenir tout débordement.

Tout comme Zéphirin Diabré (président de l’UPC et porte-parole de l’opposition), Pr Dicko fait savoir que s’il y a une personne capable de faire des troubles, c’est Simon Compaoré. « S’il y a des dérives, ce serait les milices de Simon Compaoré », retient-on en substance de ses propos.

O.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net