L’histoire a commencé banalement lorsqu’un Monsieur Lallé a voulu bénéficier de ses droits de cotisations qu’il n’a pas réclamé depuis sa mise à la retraite d’office. En effet monsieur Lallé Karim a été l’unique admis d’un concours de la fonction publique l’administration territoriale sous immatricule 18156 et a pris fonction en 1978 en tant que secrétaire de canton à Tenkodogo.

Quelques années plus tard il a été détaché dans un village où il était l’unique officier civil représentant de l’état.

Après avoir été reclassé en catégorie A, son salaire ne lui parvenait plus pendant plus de six mois. Mécontent de sa situation il contacte sa hiérarchie pour réclamer son salaire et les rappels. A sa grande surprise il fut mis à la retraite d’office en 1985.

Entre temps en 1998, le gouvernement sous le président COMPAORE le réhabilite en même temps que quelques centaines d’autres personnes.

Lallé Karim, super content de retrouver son travail, se rendit à Ouagadougou pour reprendre son poste. Malheureusement aucune administration n’a voulu le recevoir. Il retourna tranquillement dans son village.

L’environnement politique ayant changé depuis l’élection du président Roch Christian Kaboré, il s’est dit peut-être qu’il pourrait rentrer en possession de sa pension.

Malheureusement, quand il s’est approché de l’administration, il y ‘a aucune trace de lui.

Son matricule a été attribué à une tierce personne depuis 1998, date à laquelle Monsieur Lallé Karim avait été réhabilité.

Son dossier personnel n’existe plus. En clair tous les dossiers comportant son nom ont été effacés et nettoyés. Aucune trace de Lallé Karim dans l’administration burkinabé. Son matricule, pourtant unique, qui est censé être pour lui, même après sa mort, existe bel et bien.

Lallé Karim décide de confier l’affaire à un officier de police qui enquêta un peu pour y voir clair. En fin de compte, ce qui ressort de cette enquête, le matricule a été attribué à un nom fictif, une personne fictive, avec un salaire mirobolant (indice 115) depuis 1998. Un dossier fictif a été constitué à sa place, pour le matricule rétroactivement jusqu’en 1983.

C’est seulement pendant le billage de 2013 que l’intéressé qui utilisait le matricule de Monsieur LALLE depuis 1998 a stoppé son usurpation pour ne pas se faire prendre, après avoir touché le rappel de salaires de réhabilitation de Monsieur Lallé Karim de 1985 à 1998 et touché ses salaires et émoluments de 1998 à 2013.

Ce fonctionnaire fictif n’a pas cherché à constituer son dossier de pension. Trop risqué.

L’affaire à été porté devant le procureur pour usurpation de fonction , faux et usage de faux qui ne s’est pas encore saisi du dossier.

Ainsi des hauts cadres peuvent-ils mettre des fonctionnaires à la retraite d’office pour pouvoir utiliser leur matricule et toucher de l’argent qui ne leur revient pas ?

Apparemment oui et il n’y a rien.

Un dossier a été introduit au ministère de l’administration territoriale (MATD), ministère d’origine de monsieur Lallé Karim, et au ministère des finances (ministère où il avait été reversé en 1998) et sont restés sans réponse.

Un dossier a été également introduit chez le médiateur du Faso qui suit son cours.

N’ayant que quelques documents en sa possession, monsieur Lallé cherche à reconstituer son dossier mais il n’y a aucune trace, ni dans les ministères, ni au building Lamizana, ni aux archives, ni au secrétariat du gouvernement, nulle part ailleurs. Un travail d’orfèvre a été effectué.

Hors monsieur Lallé Karim a tous ses bulletins de salaires, le décret de sa nomination, la décision de sa mise en retraite d’office, et bien d’autres documents, mais le dossier est incomplet.

Tout compte fait le fonctionnaire fictif aura touché près de deux cent (200) millions, salaires et rappels de réhabilitions comprises auprès de l’administration burkinabè.

Pendant ce temps, Monsieur Lallé Karim est au chômage et meurt de faim avec sa famille.

Si rien ne devrait plus être comme avant, justice devrait fait pour ce pauvre monsieur Lallé Karim, il devrait être remis dans ses droits, remboursé et dédommagé et doit pouvoir toucher sa pension tranquillement.

Ceux qui ont fait cette usurpation devraient aussi être recherchés et punis par la justice, tant pénalement , civilement et administrativement.

Comment peut ton voler la vie de quelqu’un de cette manière ??

Et ceci se passe dans le pays des hommes intègres.

Le Témoin

Source: LeFaso.net