A la suite du lieutenant Beyon Daouda Koné, ce samedi 18 août 2018, c’était le tour du soldat de 1re classe Laopan Placide Sow de se présenter au tribunal. Il lui est reproché des faits de complicité d’attentat à sûreté de l’Etat, d’être responsable de la mort de treize personnes. Il lui a été également signifié qu’il est poursuivi pour coups et blessures volontaires et de destruction de biens mobiliers et immobiliers. Ce sont des faits que l’accusé dit ne pas reconnaitre. Le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, lui a alors demandé de s’expliquer.
Pour sa défense, il explique que le 16 septembre 2015, il est descendu de garde. Il est rentré chez lui. Vers 16h, un de ses amis, qui assurait la sécurité d’un des membres du gouvernement, l’appelle au téléphone. Il lui signifie qu’ils sont allés manger et qu’à leur retour, la porte de la présidence était fermée. Entre temps, le sergent-chef Roger Koussoubé l’appelle et lui demande où il est. Il rétorque qu’il est à la maison. Son interlocuteur lui signifie que c’est chaud au camp. Il prend la route du service et arrive trouver que le rassemblement était déjà effectué. Après renseignement, on lui fit savoir que le « quartier était consigné ».
Le « quartier consigné » signifie que chacun doit rester sur place. Mais lui, dans la nuit, il se rend au poste de garde de son frère Léonce Sow à la présidence, autour de 20h. Il y reste jusqu’au lendemain. A ces propos, le parquet lui demande s’il est normal qu’il parte causer avec son frère.
Oui, répondra-t-il. Selon lui, le quartier étant consigné, chacun cherchait un angle mort pour se reposer. Le parquet insiste pour savoir si au cas où il y aurait eu des tirs au poste de son frère, il aurait tiré ou pris la fuite. L’accusé a fait savoir qu’il ne peut pas répondre.
Le parquet, à ce stade, estime que l’accusé n’a pas fait que causer avec son frère, il a renforcé un poste. Le parquet en veut pour preuve le fait que contrairement aux explications de l’accusé, le poste de son frère était en réalité la résidence du président du Faso. C’est dans ces lieux qu’étaient retenues les autorités de la Transition.
Le parquet pense que l’accusé a soutenu le coup d’Etat, sinon, estime-t-il, il aurait quitté le camp. L’inculpé répond qu’il ne voit pourquoi il va quitter le camp dans la mesure où sa compagnie continuait d’être fonctionnelle. Il a même été programmé au Conseil de l’entente à partir du 27 septembre 2015. En plus, il ne savait pas où il était affecté après la dissolution du RSP.
Il révèle que c’est le 28 septembre, à 3h du matin, qu’il a constaté que des unités encerclaient leur base. Après avoir informé le chef de poste, celui-ci a pris langue avec l’adjudant de semaine. Vers 6h, l’ordre est venu d’abandonner le poste. C’est ainsi qu’il s’est rendu au camp 11-78, actuel camp Baba-Sy.
A cette étape, son avocate, maître Rokia Ouattara, ne trouve pas qu’il y a des faits tangibles qui lient son client. Tous les actes qu’il a posés ne vont pas à l’encontre de la loi. Le fait qu’il soit allé voir son frère n’a pas non plus pu le distraire, vu qu’il y avait la télévision au poste.
Là où son client aurait fauté, c’est de n’avoir pas respecté le quartier consigné. Et comme le procès a un but pédagogique, elle salue cet état de fait. Sous le coup de 14h, le président a suspendu la séance pour reprendre le lundi 20 août 2018, avec toujours l’accusé Laopan Placide Sow.
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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