Le développement des technologies de l’information et de la communication a modifié le paysage de la prostitution ces temps-ci au Burkina Faso. L’internet a favorisé le développement de l’escorting. C’est une forme de prostitution via Internet. Pour comprendre la nouvelle forme du phénomène, nous nous sommes intéressé uniquement au réseau social Facebook dans la ville de Ouagadougou. Ici, des filles et des garçons de tout âge proposent des services aux clients.

Les annonces sur le réseau social Facebook sont publiées par dizaines. Nous sommes loin du racolage dans les rues de Ouagadougou. La prostitution s’affiche aussi en ligne depuis quelque temps. Elle prend même de l’ampleur. Sur des annonces, des jeunes filles proposent des prestations tarifées en laissant un numéro de téléphone. Notre navigation nous amène sur un groupe dénommée « Rencontre sensuelle Plan à Ouaga ». Ici, chacun publie ses services. Les clients démarchent avec les « vendeuses ». C’est ici que nous rencontrons Isabelle. Elle loue son physique et sa capacité à satisfaire un homme. Elle est grande de taille, teint noir. C’est une véritable colosse. Elle se déplace chez ses clients à moto, un scooter. Pour passer un moment avec elle, il faut débourser au moins 15 000 F CFA, selon ses annonces.


Le jour, elle travaille dans le quartier Zogona dans un service. Mais pourquoi se prostitue-t-elle ? « C’est juste pour arrondir mes fins du mois », répond-elle. Quelquefois, commente-t-elle « je peux faire face à un besoin pressant. Une seule sortie me permet de satisfaire ce besoin ». C’est pareil pour Samira, taille fine, mince, élancée. Elle s’adonne aussi à ce métier. Pour cause, elle peut se faire de l’argent facilement. Autour d’un verre de whisky, elle raconte : « J’ai trois expatriés et deux nationaux. A la fin du mois, chacun sait ce qu’il doit faire ». Mais Samira ne compte pas sur son charme uniquement pour gagner sa vie. Elle est prévoyante. Du haut de ses 21 ans, elle est inscrite dans une prestigieuse école de beauté et de couture de la capitale. En plus de cela, du fait sa silhouette mince, elle est mannequin.


Mais contrairement à Isabelle, Samira ne passe pas ses annonces elle-même sur Facebook. Une proxénète s’en occupe. Chaque proxénète a des filles à sa disposition. Elle cherche les clients à travers les publications sur les pages. La proxénète de Samira ne fait pas que ce travail. « Vendre ses sœurs » constitue pour elle, juste, un plus. Lorsque nous lui avons proposé de conclure un marché avec elle, elle a rétorqué sur la terrasse d’un café qu’elle ne fait pas de « plan ». Entendez par là qu’elle ne se vend pas. Tout comme elle, c’est le même travaille que fait Bizi Ouaga. Mais lui, il a un profil Facebook. Il est spécialisé dans le placement des filles. Il dispose dans presque tous les quartiers de Ouagadougou, de filles prêtes à aller avec des hommes. Il vous suffit de lui décrire le teint, la forme, la zone et Bizi vous envoie un contact. Malgré nos insistances pour le rencontrer, il a décliné l’offre. Bizi Ouaga n’est pas seul dans ce cas. Elles sont sur nombreuses sur Facebook, ces personnes spécialisées dans le trafic des filles.


Les proxénètes se font chaque jour de l’argent. Car, souligne Diane, sur une prestation de 15 000 F CFA, son manager a 5000 F ; et 10 000 F sur 25 000 F CFA.

L’autre fait, ce ne sont pas les filles seulement qui se vendent. Elles partagent le marché avec des hommes. Ils sont en majorité de jeunes messieurs qui promettent de faire vibrer de plaisirs leurs clientes. Ils sont à l’affut lorsqu’une femme manifeste le besoin. Ils y vont même jusqu’à laisser leur contact en commentaire.

L’un dans l’autre, la position digitale coûte relativement plus cher que le trottoir. La passe classique coûte à peu près 3 000 F CFA, alors que sur Internet, il faut au minimum 15 000 F CFA, en parcourant la plupart des offres.

Les groupes de rencontre sont nombreux. Les profils individuels aussi. Parmi les groupes, on peut citer Waga zone love ; Rencontres sensuelles plan à Ouaga ; Ouagadougou plaisir Ouaga ; Rencontre discrète à Ouaga. Bref, la liste est longue. Le hic, c’est que la plupart des groupes sont ouverts.

Chaque groupe regorge de milliers de membres. Tout le monde y va, même les enfants. Devons-nous continuer à assister à la marchandisation du corps humain ? Il est peut-être temps d’y jeter un coup d’œil. Le phénomène peut menacer la sécurité publique un jour.

Dimitri OUEDRAOGO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net