Donner « la position de la diaspora dans le débat portant sur le nouveau code électoral », c’est l’objectif de la conférence de presse du mouvement politique « C’est le moment », animée ce jeudi 9 août 2018, à Ouagadougou. Tout en précisant son impartialité politique, ce mouvement accueille « sans réserve » le nouveau code électoral.
« La diaspora, estimant tous ses droits reconnus, respectés et pris en compte par ce code électoral, l’adopte sans réserve et félicite le gouvernement pour le respect de la parole donnée », a déclaré le président du mouvement politique « C’est le moment », Moumouni Pograwa.
La première raison qui justifie cette prise de position, à en croire Moumouni Pograwa, c’est le fait de consacrer le droit de vote de la diaspora dans le nouveau, vu qu’il a été longtemps « renié ». C’est la fin d’une longue souffrance, a-t-il commenté.
La seconde raison. Le mouvement « C’est le moment » a affirmé que les autorités ont discuté avec les pays hôtes afin de trouver des solutions diplomatiques « qui pourraient résoudre la question de sécurité et de multiplication de bureaux de vote ».
Le rejet de la carte consulaire, une victoire ?
- Moumouni Pograwa (au centre) et Gaston Sawadogo (à gauche)
Pour le président Moumouni Pograwa, le retrait de la carte consulaire comme pièce permettant de voter, est la fin de la souffrance des communautés burkinabè vivant à l’étranger. « Vu que la carte consulaire, longtemps décriée, rejetée et combattue par la diaspora, est retirée comme document de votation, conformément aux revendications formulées par la diaspora elle-même depuis cinq ans ».
Les conférenciers sont revenus sur les difficultés que vivent les Burkinabè de l’extérieur malgré la détention de la carte consulaire. Il ont d’abord cité le coût élevé de la carte. « (…) la carte, que je vous le rappelle, était fixée à 10 000 francs CFA et c’est après les remous que le gouvernement de Blaise Compaoré l’a ramenée à 7 000 francs CFA officiellement. Mais dans certaines zones, les délégués consulaires, qui sont les représentants des consuls, prennent souvent 10 à 15 000 francs CFA pour faire établir la carte consulaire à nos compatriotes qui sont loin des lieux d’enrôlement », a confié Moumouni Pograwa.
A entendre les responsables de « C’est le moment », le nombre de Burkinabè de la Côte d’Ivoire détenteurs de la carte consulaire en dit long sur l’affaire, car la communauté elle-même l’a rejetée depuis 5 ans. « Sinon comment comprendre que sur 4 millions de demandeurs burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, il n’y a que 980 000 personnes seulement qui détiennent la carte consulaire après 5 ans d’enrôlement ? », s’est interrogé le président du mouvement politique.
Quant au vice-président du mouvement, Ben Gaston Sawadogo, résident à New York, il a fait savoir que la carte consulaire n’est pas reconnue par les autorités américaines.
« C’est le moment », un mouvement de la majorité ?
- Présiduim
Vu les difficultés citées, « C’est le moment » n’arrive pas à comprendre la position de l’opposition. « Où étaient les avocats commis d’office depuis tout ce temps ? Vous ne pensez pas que les 7 000, 10 000 et 20 000 francs CFA pour obtenir une carte consulaire afin de voter est une forme de grande discrimination et d’empêchement à la grande majorité à participer aux votes ? Pourquoi ces messieurs parlant au nom de la diaspora sans connaître ses réalités ? », s’est interrogé Moumouni Pograwa.
A la question de savoir si le mouvement a un parti pris dans cette histoire de vote des Burkinabè de l’extérieur, le président Moumouni Pograwa a joué à la carte de la transparence. « Notre mouvement ne se veut ni de l’opposition ni de la majorité, mais est uniquement intéressé par les droits de la diaspora », a-t-il déclaré.
Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net
Source: LeFaso.net
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