De l’illusion au dépit ! Les veinards qui ont été tirés au sort pour bénéficier des logements sociaux et économiques à Bassinko sont désemparés. Depuis la remise des clés en 2014, certains n’ont toujours pas rejoint leurs « chez-soi » ; les autres, qui ont franchi le pas, vivent un calvaire depuis des années. Pas d’eau, ni d’électricité pour la plupart, encore moins de voies d’accès. Plutôt qu’une cité, certains locataires, réunis au sein d’une fédération, que nous avons rencontrés ce 26 juillet 2018, parlent de « village moderne ».
« Grande fut leur déception de constater que les promesses du gouvernement et de ses partenaires ne sont pas respectées », regrette le président de la Fédération des associations des cités de Bassinko (FAC/BA), Basile Yaméogo. Lasse d’attendre, la fédération a convié les journalistes à venir constater leur calvaire.
Les membres regrettent que les règles fondamentales en matière de promotion immobilière, édictées par la loi N°017-2006/AN portant code de l’urbanisme et de la construction au Burkina Faso, n’aient pas été respectées. Manque d’eau courante sur les sites des promoteurs immobiliers privés (APIB, CGE, Wend-Panga, CBH, PNBF, etc.), manque d’électricité, voiries inexistantes, manque de services sociaux de base. Une seule école primaire de six classes avec en moyenne 90 élèves par classe. En cette saison pluvieuse, les habitants de la cité sont pratiquement sur une île dont l’accessibilité relève d’un parcours de combattant.
Certains « promoteurs privés foulent aux pieds le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme, en exploitant à d’autres fins les espaces destinés à la construction d’infrastructures sociales telles que les écoles, les terrains de sport, les casernes de sapeurs-pompiers », ajoute Basile Yaméogo. Il explique que face à cette situation, des milliers de propriétaires ayant pourtant la clé de leur logement en main, se voient obligés, en plus des coupures dues aux prêts bancaires, de louer d’autres maisons en ville, dans l’attente d’une amélioration des conditions de vie dans la cité, avant d’aménager dans leur maison.
Fabrice Ouédraogo, membre de la Fédération des associations des cités de Bassinko (FAC/BA), note que de multiples rencontres ont eu lieu avec le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme dont il salue la disponibilité. Seulement, ces rencontres ont toujours été creuses. Par exemple sur la question de l’eau et de l’électricité, le ministre leur aurait fait savoir que l’Etat ne peut pas décaisser de l’argent pour que des sociétés, en retour, encaissent les bénéfices.
Pourtant, rappelle Basile Yaméogo, le 14 août 2015, au cours d’une rencontre entre les résidents et le secrétaire général du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme assisté des responsables de l’ONEA et de la SONABEL, des promesses de viabilisation avaient été faites : l’implantation de quatre bornes-fontaines, l’adduction d’eau potable pour les ménages et l’électrification de la cité en 2016.
Nous sommes le 26 juillet 2018, et de ces promesses, seulement deux bornes-fontaines ont été construites.
« Je réside dans la cité depuis octobre 2016. Nous n’avons pas d’eau. Nous avons été à l’ONEA en vain. Ils nous ont savoir qu’il n’y a pas de tuyaux qui passent dans notre six-mètres. D’office, on ne peut pas avoir de l’eau. Ils disent de patienter et d’attendre Ziga II en 2017. Ce que nous avons fait. On a poursuivi après. Quand on va en janvier, on dit que ça sera fait en mars, jusqu’au aujourd’hui, rien n’est fait », relate une habitante de la cité.
Plus de la moitié des 500 ménages qui ont déjà emménagé dans la cité n’ont pas d’eau, foi des membres de la fédération. À qui s’adresser alors ? « C’est l’Etat qui devrait assurer la viabilisation du site », estime Fabrice Ouédraogo, puisque, dit-il, les promoteurs privés soulignent qu’ils ont déjà rempli leur part de contrat consignée dans le cahier de charges.
Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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