A la barre, ce vendredi 20 juillet 2018, l’adjudant Michel Birba, comme d’autres accusés avant lui, a présenté ses condoléances aux familles des victimes du coup d’Etat de septembre 2015 et souhaité prompt rétablissement aux blessés. Il faisait partie de la garde rapprochée du président de la Transition, Michel Kafando.
Débuté dans l’après-midi du mercredi, l’interrogatoire de l’adjudant Michel Birba s’est poursuivi ce vendredi, sous une forte pluie, après la pause de 24 heures observée par le tribunal. Tout comme certains de ses prédécesseurs, il n’a pas reconnu les infractions retenues contre lui (complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires).
De la sécurité de Kafando à celle de Diendéré
Membre de la garde rapprochée de Michel Kafando, Michel Birba était le chef du recueil, l’homme chargé d’ouvrir la portière pour que l’ancien président descende de son véhicule. Le 16 septembre 2015, jour de l’arrestation des autorités de la Transition, l’adjudant se souvient avoir été mis en joue, désarmé par des éléments et enfermé dans la salle d’attente. Il n’en sortira qu’au bout d’une demi-heure pour se rendre, sans arme, à la résidence présidentielle où convergeaient plusieurs véhicules. « Il était de son devoir d’aller voir ce qui se passait », dira-t-il.
Arrivé, il trouve des hommes qui, sous l’ordre de l’adjudant-chef major Eloi Badiel (le nom le plus cité depuis le début des interrogatoires), se préparent à se rendre au domicile du général Gilbert Diendéré. Sur instruction de l’adjudant-chef Moussa Nébié dit « Rambo », Michel Birba embarque dans l’un des véhicules. « Si je n’avais pas embarqué, ce n’est pas sûr que j’allais être devant vous pour m’expliquer. Même si c’était vous (s’adressant au procureur militaire), vous n’auriez pas eu le choix. Je me suis retrouvé dos au mur. Je ne pouvais rien faire », a lâché, pour sa défense, celui qui deviendra par la suite membre de la sécurité rapprochée du général Diendéré.
Il aurait pu être une victime du putsch
« N’avez-vous pas eu d’occasions pour vous soustraire si vous n’étiez pas d’accord comme vous le dites ? », a demandé le procureur militaire. « J’ai essayé mais ça n’a pas marché », a insisté l’accusé sans donner de détails. Sceptique face à cette réponse, le procureur militaire, à titre d’illustration, dira qu’un militaire en mission d’escorte de Gilbert Diendéré au palais du Mogho Naaba avait pris la fuite en tenue civile, après avoir changé sa tenue militaire. Revenant au cas de l’adjudant Birba, le parquet observera qu’ « à défaut de rester passif, ce qui aurait pu faire de lui une victime entre guillemets de ce putsch, l’accusé aurait pu, en bon commando, tenter des initiatives visant à libérer l’autorité plutôt que d’apporter son concours aux putschistes ».
« La matière pénale s’accommode très peu de la globalité »
« Ces observations sont des opinions personnelles », est montée au créneau Me Zaliatou Aouba, le conseil de l’accusé. Selon elle, il est impératif que le parquet revienne dans le dossier en apportant des preuves sur la complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. A l’instruction du dossier, des accusés ont déclaré avoir vu l’adjudant Michel Birba avant et après le coup d’Etat, mais l’avocate est catégorique : « On ne peut venir fonder une intime conviction sur des déclarations faites par des accusés, déclarations que n’ont d’ailleurs pas reconnues ces accusés devant le tribunal ». Elle a par ailleurs dénoncé une « persécution » de la part du juge d’instruction à l’encontre de son client lors de l’interrogatoire au fond.
S’appuyant sur l’article 427 du Code de procédure pénal qui stipule que « Le juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement discutées devant lui », Me Aouba demandera au parquet d’apporter les preuves de la responsabilité de son client pour ce qui concerne également le meurtre et les coups et blessures volontaires. « La matière pénale s’accommode très peu de la globalité.
En quoi assurer la sécurité du général [Gilbert Diendéré] fait de lui un homme responsable des meurtres et coups et blessures volontaires ? Il ne faut pas que le parquet nous renvoie invariablement à l’article 67 du code pénal », a lancé Me Aouba, qui s’est inscrite en faux contre des déclarations d’avocats des parties civiles qui disent attendre l’étape des plaidoiries pour sortir les preuves.
L’audition terminée, ce fut au tour du caporal Pascal Moukoro, âgé de 28 ans, de passer à la barre.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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