Le 20 juin de chaque année, le monde commémore la Journée mondiale du réfugié. Au Burkina Faso, l’édition 2018 a porté sur le thème « Solidarité avec les réfugiés ». En lieu et place du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, c’est son directeur de cabinet, Oumarou Soro, qui a présidé la cérémonie dont le parrain était le représentant résident de la Banque mondiale, Cheick Kanté.

Plus de 24 000 réfugiés constitués en majorité de Maliens, du fait de la guerre de 2012, sont enregistrés au Burkina Faso, selon des chiffres communiqués ce mercredi 20 juin 2018par l’ambassadeur, directeur de cabinet du ministre en charge des Affaires étrangères. « Il était de notre devoir de les rassurer que le gouvernement burkinabè est prêt à les accompagner avec l’appui de ses partenaires financiers », a affirméOumarou Soro. C’est ce qui justifie le choix du thème « Solidarité avec les réfugiés » pour la commémoration de la Journée mondiale du réfugié, édition 2018. Cette journée offre également l’opportunité d’intensifier la sensibilisation de l’opinion publique à la situation particulière des populations contraintes de fuir leur pays pour chercher refuge dans un autre.


À en croire le représentant des réfugiés maliens, Muphtah Ag Mohamed, les difficultés sont énormes. L’une d’elles, c’est la rareté des ressources. Au vu de cela, les partenaires humanitaires ont catégorisé les réfugiés. « Certains sont assistés et d’autres non. Pourtant, il n’y a pas un seul réfugié qui est à l’abri du besoin », a-t-il indiqué.

S’inscrivant dans cette dynamique, le président de l’Association de réfugiés vivant au Burkina Faso (ARBF) a relevé que les réfugiés souffrent du chômage chronique en dépit de leurs métiers et compétences professionnelles, adossant cette situation à la stigmatisation et à la discrimination du réfugié en milieu social.

« En fait, la saturation du marché de l’emploi burkinabè et les solidarités sur des bases ethniques et régionales ne permettent pas à des personnes étrangères, et encore moins à des réfugiés, de trouver leur expression sociale », regrette Nicodème Niyonkure, en substance.


Pour ce dernier, l’intégration locale est impossible dans ces conditions. « Les réfugiés se retrouvent abandonnés à eux-mêmes dans ce univers hostile. Et le désespoir s’installe petit à petit pour laisser la place, un jour, à la mort ». Muphtah Ag Mohamed ne perd pas pour autant l’espoir. « Tant qu’il y a la vie, des hommes de bonne moralité, l’espoir demeure ».

Dans la foulée, il a abordé la question sécuritaire dans son pays natal, le Mali : « La situation est un peu volatile, elle change tous les jours de forme et même de nature, de telle sorte qu’on ne peut pas trouver de solution définitive … », dit-il. « On souffre de voir notre sous-région souffrir. Ce n’est pas seulement un problème malien. Même là où nous sommes, dans le sahel du Burkina Faso, tous les jours, il y a des problèmes », a-t-il fait remarquer.

Intégration des réfugiés maliens


« Grâce aux PTF, certains ont entrepris des initiatives, à travers l’artisanat. Ils essaient tant bien que mal de les insérer mais je vous avoue que ce n’est pas facile. Mais dans l’ensemble tout va bien », confie Oumarou Soro. « On ne peut pas déroger à cette règle. On a le devoir de protéger les réfugiés car le Burkina,comme beaucoup de pays africains, a ratifié des conventions et des accords », a-t-il répondu lorsqu’on lui a demandé pourquoi assurer la sécurité des réfugiés alors que le pays est le théâtre d’attaques terroristes.

Pour sa part, la représentante résident du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés a rappelé que la communauté internationale à elle seule ne peut pas prendre en charge les réfugiés.

Et comme le haut-commissaire Filippo Grandi, elle a affirmé qu’aider les réfugiés à reconstruire leur existence engage chacun d’entre nous et notre action conjuguée afin que ses derniers puissent réaliser ce que la plupart d’entre nous tiennent pour acquis, à savoir l’éducation, un endroit où vivre en sécurité, un emploi, l’appartenance à une communauté.


« N’importe qui de nous peut devenir un jour un réfugié », ajoute Ioli Kimyaci, qui célèbre pour la toute première fois cette journée dédiée aux réfugiés ici au Burkina Faso.

Au cours de la commémoration, le parrain, Cheick Kanté, a offert des prix d’une valeur de 50 000 F CFA à deux acteurs intervenant dans la maroquinerie et le maraîchage.

En rappel, plus de 68 millions de personnes sont aujourd’hui arrachées de leurs foyers partout dans le monde. Neuf sur dix d’entre elles se trouvent dans leur propre pays ou dans des pays voisins.

Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net