Interpellé et placé en garde-à-vue par la gendarmerie le 14 juin 2018, suite à un poste publié sur sa page Facebook, l’activiste burkinabè Naïm Touré a été entendu, ce mardi 19 juin 2018, par le procureur du Faso, puis déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).

Il attend donc de comparaître devant le juge sur ce qui lui est reproché. En effet, Naïm Touré a réagi (voir au bas de l’article) à un écrit du journal d’État, Sidwaya, qui, dans sa rubrique « Kantigui » du mercredi 13 juin 2018, attirait l’attention des autorités sur le sort d’un soldat qui a failli laisser sa vie dans l’opération de neutralisation de la cellule terroriste à Rayongo, le 22 mai 2018.

Trois charges pèsent sur l’activiste : participation à une opération de démoralisation des forces de défense et de sécurité, proposition aux forces de défense et de sécurité de former un complot contre la sureté de l’Etat et incitation à troubles à l’ordre public.

Son avocat, Me Prosper Farama, y voit un recul de la liberté d’expression acquise au prix de vies humaines, une destruction de l’élan de solidarité et de l’union sacrée entre les Burkinabè et leurs vaillants combattants au front contre l’ennemi (terroristes) qui endeuille le Burkina. L’avocat estime qu’au vu des éléments, aucune infraction n’est constituée dans l’écrit de Naïm Touré et sa détention est arbitraire (rapporte la radio Liberté).


Depuis l’interpellation de l’activiste, suivie de sa garde-à-vue, plusieurs organisations de défense des droits humains ont aussitôt réagi en exigeant sa « relaxe pure et simple sans délai ». Celles-ci disent également tenir les autorités pour responsables de l’indifférence que les populations pourraient afficher vis-à-vis des forces de défense et de sécurité dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme. Naïm Touré a aussi reçu le soutien (à travers des déclarations publiques) de partis et de responsables politiques.

Il faut relever au passage que c’est la troisième fois que Naïm Touré est interpellé à cause de ses publications. En 2017, il a été attrait (avec un autre activiste du nom d’Ounteni Ouoba) par le conseiller du président de l’Assemblée nationale d’alors, Elisée Antoine ZongNaba, pour « diffamations et injures publiques ».

En décembre 2016, Naïm Touré a été interpellé pour avoir publié des informations jugées fausses, « de nature à jeter le discrédit sur la justice ». À l’époque, il avait déclaré que l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo, victime d’une blessure aux côtes après un télescopage avec un codétenu lors d’une partie de ballon militaire, avait été abandonné à son sort et encourait une mort imminente. L’activiste a finalement été relâché, après 24h de garde-à-vue.

Affaire à suivre donc !

OLO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net