L’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (ODJ) a présenté son rapport final sur les conditions de vie et aspirations des jeunes du Burkina Faso, ce lundi 23 avril 2018 à Ouagadougou. Environ 3000 ménages de toutes les régions ont fait l’objet de cette enquête sur une période de 3 ans. Le président de l’ODJ, Dr Gabin Korbéogo, a présidé cette séance.
« Techniquement, c’étaient 3000 ménages au départ mais avec les réaménagements, on s’est retrouvé avec 3078 ménages. En termes de couverture, on n’a pas pu recouvrir tous les ménages. C’est ce qui nous a ramené à 2978 ménages sur les 3000 de départ. Mais techniquement, cela ne pose aucun problème sur les indicateurs ». Ce sont en ces termes que le membre de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (ODJ), Modeste Millogo, a clarifié le nombre de ménages pris en compte par leur enquête.
Selon le président de l’ODJ, Dr Gabin Korbéogo, cette enquête a commencé un mois avant l’insurrection populaire d’octobre 2014. C’est plus tard en 2015 que l’équipe a repris le travail, avant de l’achever en 2017. Les 13 régions du Burkina ont été prises en compte par l’équipe de recherche. Dans ses explications, l’enquête vise deux objectifs à savoir :
Un ordre théorique, qui consiste à combler un vide dans le domaine des conditions de vie et aspirations des jeunes ;
Un ordre pratique, qui va servir d’outils d’aide à la décision, de plaidoirie, de mobilisation et de lutte pour la jeunesse burkinabè.
A en croire les responsables de cette structure, le coût global de l’enquête est d’environ 15 millions de francs CFA. « La contribution des membres de l’équipe de recherche, et plus particulièrement les partenaires BroderlijkDelen (BD) et la fondation Rosa-Luxemburg, a permis de réaliser cette enquête à un moindre coût », a témoigné Dr Gabin Korbéogo.
Logement et biens des ménages
Les responsables de l’ODJ ont indiqué que c’est une première enquête à prendre en compte les aspirations des jeunes.
En suivant la répartition de 52% de filles et 48% d’hommes pour une tranche de 15 à 40 ans, 110 entretiens individuels et semi-directifs ont été menés auprès des jeunes et personnes ressources pour alimenter l’analyse quantitative.
En matière de logement, l’étude montre que 75,25% des ménages enquêtés sont propriétaires de leur logement. Il ressort également que 48,15% de ménages urbains sont propriétaires contre 88,05% de ceux ruraux.
En ce qui concerne la fonction de l’âge du Chef de ménage (CM), ce sont 18,81% des ménages dont le CM est jeune sont en location contre seulement 4,99% parmi les ménages dont le CM a plus de 40 ans.
Quant aux biens, 60,36% de ménages urbains possèdent un téléviseur contre 14,08% de ceux ruraux qui en possèdent. Pour la cuisinière ou réchaud à gaz, les proportions sont de 49,47% en zone urbaine contre 5,27% en zone rurale.
D’après l’étude, pour les biens de transport, il est mis en relief que 77,48% de l’ensemble des ménages possèdent une bicyclette et 57,72% ont une motocyclette et seulement 2,83% possèdent une voiture ou un camion.
Pour les biens champêtres, le document de 85 pages ressort que les outils comme les houes, les râteaux et pelles, et les machettes sont à la disposition respectivement de 43,87%, de 31,31% et de 42,89% des ménages. S’agissant des biens fonciers, il est mis en évidence que plus de la moitié (56,27%) des ménages enquêtés exploitent au moins un bien foncier. Ce pourcentage évolue de 72,6% en zone rurale à 20,97% en zone urbaine.
Au plan national, l’enquête révèle que le revenu moyen par CM est de 794 925 francs CFA pour les hommes et de 2 442 864 francs CFA pour les femmes.
Conditions de vie des jeunes
- Le président de l’ODJ, Dr Gabin Korbiogo
« Au cours du dernier mois, 30% des jeunes ont affirmé avoir eu un problème de santé pour lequel 71% d’entre eux ont consulté un centre de santé. Plus de 80% de ces jeunes fréquentent une formation sanitaire publique et 8% fréquentent une formation sanitaire privée », a notifié Issouf Paré, membre de l’ODJ.
Abordant l’appréciation des services de soins et la prise en charge des dépenses de santé, il ressort que seule une infime partie (2%) se déclare très satisfaite de la disponibilité des services de santé.
L’étude relève que 50% des jeunes ont eu leur premier rapport sexuel entre 15 et 19 ans contre 41% entre 20 et 24 ans. Plus précisément, 72% des femmes ont eu leur premier rapport avant 20 ans contre 42% pour les hommes. Et parmi les enquêtés, il ressort que 6,4% des femmes ont déjà eu une grossesse non désirée et 5,2% des garçons ont déjà été auteurs d’une grossesse non désirée.
L’enquête a également pris en compte la vie politique. Suivant l’appartenance à un parti politique, 5,7% des enquêtés sont touchés. Cette proportion est plus élevée chez les hommes que chez les femmes (7,3% contre 2,2%), indique le rapport.
L’étude montre que la radio est le premier canal par lequel les jeunes s’informent. En ce qui concerne la répartition des jeunes suivant l’âge auquel ils ont accès à la radio, l’intervalle varie entre 20 et 29 ans.
La moitié des jeunes de 15 à 40 ans au Burkina Faso avaient, en 2014, atteint le niveau secondaire (soit 50,3%). « L’échec scolaire est la raison de l’absence dans le système éducatif pour 11% des jeunes de sexe masculin contre 8,6% pour le genre féminin. Enfin, l’absence de cantine et les cas de maladies sont également cités comme des facteurs explicatifs de la déperdition scolaire aussi bien pour le genre masculin que pour le genre féminin », souligne le rapport.
Pour les conditions de travail, les résultats de l’étude indiquent que plus d’un jeune sur deux (53%) en âge de travailler ont un emploi. On compte 8% des jeunes qui ont déclaré être inoccupés parmi lesquels 42% ont perdu leurs occupations et les autres sont à la recherche de leur premier emploi.
Quant au chômage, l’enquête montre que les femmes sont les plus touchées (16% contre 12% chez les hommes). « Les résultats nous renseignent également que les plus instruits connaissent plus le chômage que les moins instruits », a affirmé Issouf Paré.
En somme, les responsables de l’ODJ déplorent les conclusions de cette étude. « Au regard des résultats qu’on a présentés, les jeunes sont insérés dans le précariat en termes de travail, de condition de vie, de logement, de formation, etc. Le tableau qui a été dépeint à travers l’étude est un tableau noir. Donc vous voyez bien que les jeunes sont dans de conditions difficiles », a regretté Dr Gabin Korbéogo.
Selon le rapport, cette étude vise indubitablement à apporter un éclairage manifeste sur l’état des lieux des conditions de vie des jeunes afin de disposer d’un argumentaire solide pour conduire des actions d’interpellations des gouvernants, de revendications et d’entreprendre des actions appropriées en faveur de la jeunesse burkinabè.
Une synthèse de Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net
Source: LeFaso.net
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