Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti au pouvoir) est actuellement dans un processus de renouvellement de ses structures déconcentrées. Au Kadiogo, capitale, il y a de vives tensions du fait de l’arrivée annoncée de l’ancien maire de l’arrondissement N°4, Zacharia Sawadogo, et de l’ancien secrétaire permanent des engagements nationaux, Christophe Ilboudo.
Si la tension à Ouahigouya (région du nord, fief du défunt patron du parti, Dr Salifou Diallo) a finalement été trimballée à la place publique, avec en sus, des propos et comportements qui ne sont pas à l’honneur du parti, dans le Kadiogo (circonscription de la capitale, Ouagadougou), les signaux clignotent au rouge. Les bruits de bottes se font de plus en plus entendre. En effet, apprend-on, un passage en force de ces deux figures en cause serait en orchestration par certains caciques du parti.
Leurs dossiers seraient arrivés sur la table du comité de sélection, comme candidats pour diriger le parti dans la capitale. Ce qui suscite incompréhensions et tensions dans les rangs des militants, si l’on en croit à ce document confidentiel interne au parti.
Par une lettre adressée au président par intérim du parti, Simon Compaoré, plus d’une centaine de responsables de strutures du parti dans la province du Kadiogo soulèvent des « inquiétudes sur le processus de renouvellement des structures géographiques » dans la capitale.
« …Il nous est revenu que le camarade Tibo Tapsoba, secrétaire général sortant de la section provinciale du Kadiogo a été prié de retirer sa candidature sur la base de critères non établis dans les dispositions du parti. Pire, il se susurre que des candidatures dont celles de Zacharia Sawadogo et Christophe Ilboudo ont été proposées au poste de secrétaire général au mépris d’un certain nombre de considérations », relève-t-on dans la note. Pour étayer leur observation, les signataires révèlent : « …il est connu de tous que l’adhésion au MPP de Zacharia Sawadogo a été rejetée publiquement par la direction du MPP et par sa base à l’arrondissement 4… » et qu’il est « actuellement en liberté provisoire suite à ses antécédents sur la gestion du foncier » dans son arrondissement. En ce qui concerne Christophe Ilboudo, les signataires de la note d’avertissement affirment que « sa candidature aux primaires lors des élections municipales (de mai 2016, ndlr) a été rejetée par les militants à la base de l’arrondissement 12 de Ouagadougou au motif qu’il a soutenu jusqu’au bout, la modification de l’article 37 ».
Ces responsables signataires dudit document relèvent que ces deux personnes, Zacharia Sawadogo et Christophe Ilboudo, n’ont pas prouvé un niveau de militantisme pour prétendre occuper un quelconque poste de responsabilité dans les structures du MPP Kadiogo et que, par conséquent, leur admission constituerait une négation des directives du parti et une menace à sa cohésion.
« Camarade président par intérim, nous attirons votre attention que si ce projet se réalisait, il jetterait un discrédit sur tout le parti et saperait les inlassables efforts déployés par le président du Faso pour l’instauration d’une bonne gouvernance et cela avec le soutien des militants à la base. De plus, la perspective de la réélection du président du Faso en 2020 impose plutôt des mesures de consolidation des structures existantes et non un chamboulement tous azimuts des équipes du Kadiogo, sources de potentielles démobilisations », brandissent-ils plus loin.
Certains responsables du parti que nous avons contactés à ce sujet ne s’en cachent pas… « Les difficultés, c’est effectif, mais je pense qu’ils (responsables du parti, ndlr) vont pouvoir trouver une solution rapide à cette situation. On a déjà assez de problèmes comme ça », rétorque laconiquement un membre du bureau exécutif national, l’air agacé.
Un autre interlocuteur de la direction politique nationale du parti, proche du dossier, observe pour sa part que, même si Zacharia Sawadogo ne jouit pas d’une bonne presse et Christophe Ilboudo perçu comme homme de main de François Compaoré (petit frère de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré, ndlr), le secrétaire général sortant (Tibo Tapsoba, le neem Naaba, ndlr) est, lui aussi, « un parvenu » au poste de secrétaire général du parti dans le Kadiogo. Pour lui donc, le départ (la mise en place des premières structures) a été faussé, si fait que le parti traîne des insuffisances congénitales. « Mais, comme on doit avancer, il faut choisir le moindre mal. Les responsables du parti ont intérêt à comprendre qu’ils doivent abandonner les vieilles pratiques qu’ils avaient au CDP, ça ne marche plus, c’est terminer « , averti notre contact, qui laisse croire que les intentions veillent sur cette question.
Une rencontre serait prévue (ce week-end, vraisemblablement) entre le président par intérim du MPP, Simon Compaoré, et le 2ème secrétaire adjoint au secrétaire exécutif du parti, Bala Alassane Sakandé (président de l’Assemblée nationale) pour »suite à donner » à cette question cruciale.
En tous les cas, déjà défié dans la capitale par l’opposition politique qui contrôle les arrondissements 3, 5, 6, 7, 11 (aux mains de l’UPC) et les communes rurales de Komsilga (UPC) et de Pabré (CDP), le parti au pouvoir est suffisamment averti en cette veille de joutes électorales (présidentielle et législatives en 2020).
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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