Dans la tribune ci-après, notre lecteur Alfred Hien revient sur la tenue du procès du coup d’Etat manqué de septembre 2015. Pour lui, il faut autoriser la couverture intégrale des audiences. Pour la vérité des faits.
Depuis le 27 février 2018, a débuté le procès du putsch manqué de septembre 2015, dans la salle des banquets de Ouaga 2000, une salle qui est difficilement accessible pour le commun des Burkinabè. Le procès n’étant pas couvert en direct par les médias, la principale frange qui est tenue à l’écart du suivi des débats, c’est donc la majorité de la population burkinabè. Si on considère que la justice est rendue dans ce pays au nom du peuple burkinabè, pour le peuple burkinabè, cela devient tout à fait extraordinaire de tout mettre en œuvre pour tenir ce même peuple à l’écart des débats. Nous n’assistons malheureusement qu’à un ring entre avocats de la partie civile et ceux des accusés.
On se contente de nous sortir des analyses de deux ou trois minutes, parfois hors contexte, qui, pour nous dire que les procédures de forme ne sont pas respectées et que par conséquent, laisser violer la loi dans la forme, c’est permettre nécessairement de violer la loi dans le jugement de fond ; qui, pour crier au dilatoire, et exiger qu’on aille rapidement au fond de l’affaire, et que c’est ce que les populations attendent avant tout. Sans pouvoir justifier rationnellement, quelle serait la logique d’une partie à chercher à reporter le procès, sachant qu’étant déjà en prison, la principale issue c’est un procès transparent, équitable, impartial dans des délais raisonnables. …
Il faut malheureusement constater qu’au niveau de nos décideurs politiques et judicaires il y a une volonté manifeste de ne pas laisser chaque Burkinabè suivre « in situ » le procès pour se faire sa propre opinion. Chacun de nous pourrait en suivant à la radio, à la Télé, sur Internet, se faire tout seul sa propre idée de qui a fait quoi et qui aurait dit quoi, qui a enregistré quoi, quand et comment ? Que tu sois à Déou, Gaoua, à Koubri, à Abidjan, à Rome à Quebec et même à Kiribati en Océanie (le pays le plus éloigné au monde du Burkina Faso), … Nous voulons savoir, nous-mêmes directement, et juger du contenu des débats, sans qu’on tente de nous cacher des choses, pour encore quel agenda ?
Même le procès de Laurent Gbagbo à la CPI est diffusé en direct ! Alors c’est quoi le problème ici chez nous au Faso ??
Peut-être que d’aucuns pensent que le peuple n’est pas assez mûr pour discerner dans ce genre de débats, et qu’il vaut mieux qu’il se contente de petits morceaux de commentaires non authentiques, loin de nous situer sur la Vérité ? Cela n’est pas juste !
Comme le disait dernièrement Me Bénéwendé Sankara sur ce procès, « Aujourd’hui, il est ridicule de dire de ne pas couvrir un procès ..d’autant que l’Assemblée nationale a légiféré en corrigeant au niveau du code de procédure pénale, ce qui n’était pas autorisé au Burkina, à savoir la couverture médiatique », insiste-t-il.
Qui aujourd’hui ici au Burkina Faso ne voudrait pas que le Procès soit diffusé ? Qui au sein de la population ne voudrait pas savoir ce qui se dit dans cette fameuse salle des banquets de Ouaga 2000 ?
Beaucoup ne sont pas loin de croire qu’il y a une volonté manifeste de nous manipuler encore, ce serait gravissime. Il faut leur donner tort. Sortez-les de ce doute là ! Diffusez le procès pour l’amour de ce pays et pour la crédibilité du processus.
Nous ne voulons plus entendre les avocats nous donner des bouts de phrases, peu importe leurs camps. Nous voulons nous-mêmes entendre les débats avec nos propres oreilles, dans nos villes et dans nos campagnes.
Décideurs, vous nous devez la diffusion intégrale de ce procès. Otez tout doute dans les esprits, sur la volonté annoncée de faire émerger la VERITE, en autorisant les hommes de médias à travailler normalement dans cette affaire.
Merci et que Dieu Bénisse le Burkina Faso
HIEN Alfred
Informaticien à FADA N’Gourma
alfredprincehein@gmail.com
Source: LeFaso.net
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